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Le poinçonneur des Lilas, ou la main fixe..

95 réponses [Dernière contribution]
Christopher Cunningham
Déconnecté
Inscrit: 24/06/2007

Bonsoir à tous,

Pourquoi ne pas revenir sur cette notion si délicate de main fixe?

Pour démarrer ce sujet qui n'est pas nouveau, je voudrais évoquer le souvenir de ces pauvres erres en uniformes, en apparence si insignifiants dans leur fonction (c'est vieux,) dont le rôle consistait à poinçonner les tickets de métro.

Fermons les yeux...

La main de l'agent vient à la rencontre de la main de l'usager qui tend le ticket. La main vers la main...La main de l'homme vers la main du cheval (sa bouche).

Les gestes du poinçonneur sont précis et limités à l'indispensable.

Ayant le ticket en main, il le présente entre les mâchoires de la poinçonneuse et là, une fraction de seconde, l'autre se fixe et presse juste ce qu'il faut pour faire le petit trou. La main s'est fixée juste l'instant nécessaire, pour reprendre aussitôt la gestuelle d'accompagnement (de communication), rendre le ticket et saisir le suivant, etc...

Et si de petits trous en petits trous on arrivait à quelques choses?

Je serais heureux si quelqu'un partageait sa compréhension de la main fixe.

Amitiés.

Message édité par: pianissimo, à: 2009/10/27 18:00

Bruno dLB.
Déconnecté
Inscrit: 24/11/2007

Bonsoir Christopher,
Image pour image, qui imaginerait de mettre à son chien un nœud coulant en guise de collier ?

Le nœud coulant ne pourra que serrer et étouffer; le collier permettra une communication à partir de la quelle le chien lui-même dosera l'intensité du contact de la main de son maître pour ne pas étouffer. L'obéissante du chien ne sera pas proportionnelle au serrage du collier a contrario, un collier ample facilitera la communication.

A ce titre, la main fixe sur des rênes bien ajustées, invite le cheval à négocier son confort :
détente des rênes, pour cela : engagement des hanches, allègement des épaules et chanfrein ramené.
La résultante c'est d'abord l'impulsion, puis l'équilibre et enfin la légèreté.

Que cherche-t-on ?

 

GOURDON Benoit
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006

petits propos sans prétentions:
la main ne peut etre fixe que par rapport à la bouche du cheval, qui elle meme n'est liée qu'à la fixité de l'avant main (tête encolure) tout en sachant que la fixité n'est pas l'immobilité mais " l'absence de mouvements inutiles ou involontaires" et " l'absence d'agitation".

il en découle qu'après education, la confiance et le respect mutuel main-bouche est telle que le cheval se meut au gré des indications avec la plus grande souplesse et impulsion sans ne jamais franchir le "mur" que la main impose tacitement.

Oliveira "fixait le dos" de ces chevaux vers une bouche galante, animée par une main "fixée" proche du corps comme la bonne qui tricotte avec attention (D'Orgeix).

Beudant ne jurait a priori que par cette notion de main fixe (et cela des les premières leçons), et en faisait l'usage mirobolant que chacun sait, au détriment de toutes les gymnastiques admises comme indispensables à l'art equestre.

 

Jean M. B.
Déconnecté
Inscrit: 19/08/2008

Bonsoir toutes et tous,

Bravo à Christopher pour son lyrisme RATPesque!
L'ennui avec le poinçonneur, qu'on soupçonne d'être droitier, c'est qu'il n'utilise pas la main de bride...

Benoît, j'ai du mal avec votre affirmation «la main ne peut être fixe que par rapport à la bouche du cheval»! J'ai toujours appris qu'il y a deux points de vue opposés: main fixe par rapport à la bouche, main fixe par rapport au dos du cheval. Bien sûr je sais que d'Orgeix était pour la première vue; Oliveira était pour la seconde.

Je n'ai aucune intention de les départager, ils cherchaient des choses différentes (des formes de légèreté différentes).

Le but d'une main fixe peut être envisagé avant d'entrer dans cet épineux débat:
- ne pas embêter son cheval ?
- la sécurité du cavalier ?
- obtenir le bon contact ?
- fixer l'encolure jusqu'à la nuque ?
- fixer la tête ?
- poinçonner pépère jusqu'à la retraite ?

etc...

Personnellement c'est fixité par rapport au dos (mieux: par rapport au garrot), pour fixer l'encolure.

Amicalement,
Jean M

GOURDON Benoit
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006

je pensais la bouche liée au dos et inversement...je méconnaissais cette dichotomie de légèreté.mea culpa!

 

Christopher Cunningham
Déconnecté
Inscrit: 24/06/2007

Hé bien!

Aprés avoir initier ce sujet, je suis allé monter un pur-sang bien catéchisé mais auquel on n'a vraisemblablement jamais appris à aimer le trot.

Je suis arrivé non sans peine à lui faire monter le garrot à cette allure (enfin il devenait plaisant) en fixant les avant bras à mes flancs sur des rênes un peu fluides, et sur la base d'une grande activité, en poinçonnant mes tickets.

Bref, et en vous remerciant pour vos premiers développements, Il me semble que "main fixe"donne un excellent exemple de la difficulté de traduire par des mots une notion subtile que seule l'expérience permet d'appréhender.

L'idée, nous en sommes tous d'accord, va bien au-delà de la très élémentaire notion de fixité de la main que nous rappelle utilement Benoît.

Sur la base d'un accompagnement de la bouche de qualité, il me semble que la main fixe est celle qui sait, à propos et pour un bref instant, interrompre l'accompagnement pour se fixer par rapport à autre chose. Cet autre chose, je le sens sans savoir le définir. Fixe par rapport au dos me laisse sur ma faim.

Je vais recourir encore à l'image:

Considérons un papa qui tient son enfant par la main. Rapport souple de main à main (entre main et bouche pour l'équitation). Fixité élémentaire et passive. Combien de fois, au cours de cette promenade, le père va-t-il presser la main de l'enfant et cesser un bref instant d'accompagner le doux balancier? La main paternelle se fixe, mais par rapport à quoi?

Peut-être cette piste:

"Entrer dans le cheval est le départ indispensable, "faire entrer le cheval en soi" le début de l'aboutissement..

En tous cas, "Fixe par rapport au garrot" (Jean) me parle bien, si on considère le garrot comme noeud de vibration de la "corde cheval".

Merci de faire partager votre expérience.

Bonne soirée à tous.

Message édité par: pianissimo, à: 2009/10/27 23:24

Message édité par: pianissimo, à: 2009/10/27 23:31

Jean M. B.
Déconnecté
Inscrit: 19/08/2008

Bonjour toutes et tous,

Ne demandons pas tout à la fixité!

Pour moi la main doit être fixe... sauf quand elle a besoin de se déplacer; bien sûr le cavalier ne doit pas avoir des «poignets égarés» comme l'écrivait Sobène Olstef, il doit contrôler sa main, mais elle ne peut (doit) être fixe qu'en dehors des moments où elle a besoin de bouger, ce qui laisse quand même, heureusement, beaucoup de moments de fixité.

Quand elle est fixe, elle n'a pas encore toutes les qualités qu'on lui veut; encore faut-il qu'elle soit douce, fine, savante, trois qualités qu'il ne faut pas non plus amalgamer (et j'en oublie certainement)!

Ainsi le père qui tient son enfant ne met pas tout dans la fixité de son contact, c'est sûr! Le cavalier-bon père de famille (plus parlant probablement que le cavalier-poinçonneur) saura trouver un bon équilibre entre fermeté et accompagnement.

Et puis n'oublions pas qu'à l'intérieur de la main fixe, nous voulons aussi des doigts mobiles.

Amitiés,
Jean M

Webmaster
Déconnecté
Inscrit: 16/05/2011

Dans l'image du poinçonneur, le ticket ne devrait-il pas rester dans la main du client pour que l'image soit plus juste ?
Et dans ce cas la main du poinçonneur doit manipuler la poinçonneuse et suivre les mouvements de la main du client.

Nicole LAHM - Webmaster

xavier
Déconnecté
Inscrit: 21/09/2006

bonjour,

En passant par chez vous, et en saluant tout le monde, une petite tentative pour alimenter la discussion :

La main fixe ne saurait être (uniquement) cette main débarrassée des mouvements parasites, qualité dont il convient de donner la paternité à l'assiette (la main commençant au dos); pas d'assiette, pas de main, me semble-t-il, voilà un préalable essentiel. Si le poinçonneur titube......

Mais la main n'est pas qu'un enrênement fixe, et c'est heureux. L'enrênement fixe n'a pas la qualité du liant, encore moins la faculté incitative (Beudant) ; la main fixe n'est pas mécaniquement immobile. Le client vient au poinçonneur....

Je m'en remets à la main fixe comme étant celle qui suit le cheval (ou bien le devance parfois pour l'inciter) mais voilà une main qui n'est jamais en retard sur l'horaire ; pour plagier l'Autre, la main qui cède lorsque le cheval cède.

La main fixe est donc la main liante ; le contraire de la main liante est la main dure.

Fixe, donc liante, par rapport à quoi ?

Je pense que la main devrait toujours être fixe, (c'est à dire "liante" !) par rapport à la bouche du cheval, cette bouche venant, au fur et à mesure du dressage, se fixer par rapport au dos du cheval.

Dans les éducatifs d'un jeune cheval, au galop par exemple, la bouche du cheval ne doit pas rencontrer la main du cavalier au poser de l'antérieur de référence, sous peine d'avoir pour la vie un cheval qui dit "oui" du chanfrein (un "oui" qui a valeur de "non") parce que la main s'est liée au dos, et non pas à la bouche lorsque les oscillations de l'encolure étaient encore très importantes au jeune cheval.

Au trot, allure symétrique, je suis bien d'accord qu'il n'en va pas de même, la main pouvant se lier très précocement au dos.

C'est au pas que la main liée au dos du jeune cheval fait le plus de ravage.

Puis, à mesure que le cheval progresse et "fixe" la bouche à son dos, la main fait de même, donnant alors l'illusion de l'immobilité.

La bouche du jeune cheval étant mobile, la main doit l'être tout autant.

bye

xavier Kenaz

Jean M. B.
Déconnecté
Inscrit: 19/08/2008

Bonjour toutes et tous,

Voilà bien, Xavier, la preuve que nous ne sommes pas d'accord sur tout!

Ce que vous décrivez concernant la galop ne correspond pas à mon expérience (bien imparfaite au demeurant). Cela ne correspond pas non plus à mon idée du galop, que vous présentez avec des oscillations de l'encolure importantes chez le jeune cheval.

Ce qui est fondamental au galop, et surtout, je crois, chez les jeunes chevaux, c'est de conserver le balancier intact, balancier qui comporte une oscillation de toute la colonne vertébrale, de la queue à la nuque. Je crois que c'est quand le cavalier empêche ce mouvement que les oscillations de l'encolure deviennent importantes. Si le cheval a droit à son mouvement naturel avec balancier, l'amplitude des oscillations de l'encolure relativement au dos est limitée, et la main fixe (et liante, mais je ne dirai pas que c'est la même chose) par rapport au garrot n'a pas le genre d'effet que vous déplorez.

Alors bien sûr on peut dire que peu de cavaliers sur un jeune cheval sont capables de lui laisser son balancier! Mais d'un autre côté, peu de cavaliers (hélas) peuvent aussi fixer leur main par rapport à la bouche ou au garrot.

Amitiés,
Jean M

ps qui c'est l'Autre?

xavier
Déconnecté
Inscrit: 21/09/2006

Re,

Peut-être des mots différents pour des sensations identiques.

Car,

"Ce qui est fondamental au galop, et surtout, je crois, chez les jeunes chevaux, c'est de conserver le balancier intact"...est exactement ce que je voulais signifier.

L'Autre, c'est F Baucher, mais lorsqu'on cite ce maître, les propos s'égarent souvent et la sérénité se perd, et avec elle le sujet intial, alors, j'évite. C'est assez bête, c'est prudemment bête.

J'aime bien dire que la main fixe est liante, ou bien elle recule inexorablement ; une divergence s'annonce, toutefois : :-)

Le jeune cheval avance bien "sa bouche" à la 4ème battue du galop, et il n'est pas souhaitable que la bouche rencontre la main à ce moment-là, selon moi, sous peine, je reprends votre propos, de nuire au balancier.

Je me sauve, et ne pourrai poursuivre avant un moment ; portez-vous bien.

xavier Kenaz