Relation cheval / cavalier
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Bonjour,
Merci à tous ceux qui veulent bien m'éclairer.
Vu la qualité de vos réponses, je souhaiterai insister et aller un peu plus loin.
Depuis longtemps, je lis et relis vos propos sur ce forum avec intérêt. Je cherche à comprendre, moi aussi, ce qu'il faut mettre en oeuvre pour obtenir la légèreté tant convoitée depuis des générations.
Définition : Cheval en équilibre, relaxé, souple, actif, cadencé et auto-impulsé. Les études techniques sur le sujet ne semblent pas répondre parfaitement aux attentes. Des cavaliers talentueux montrent ce qu'ils font et éprouvent des difficultés à l'expliquer. Ils connaissent le but plus que les raisons.
Il semble que les freins à la légèreté soient, succinctement, de deux grandes origines extrinsèques à la technique équestre.
1 — La méconnaissance de l'anatomie et la physiologie (système musculaire et squelettique)
L'étude approfondie des squelettes (disponibles à Chantilly et à Saumur) prouvent bien que tous les chevaux ne se ressemblent pas à cause de leur morphologie et aussi leurs amplitudes articulaires. Ils ne peuvent que répondre comme des robots à une technique universelle et trop présente, imposante.
Contraindre un cheval à produire un geste pour lequel il n'a pas assez d'aptitudes fait intervenir une part de coercition et de compensations nuisibles au but. Le mouvement proprioceptif dégénérera vite en stimulus nociceptif dégradant et douloureux.
Un cavalier devrait d'abord intégrer les postures favorables aux mouvements et prendre conscience des postures lésionnelles, puis appliquer une méthode sophrologique.
2 — Les facteurs psychologiques.
Parmi les ouvrages du grand chirurgien et philosophe Henri Laborit : "L’Éloge de la fuite" (1976) et "L’Inhibition de l’action" (1979), apporte ses lumières aux conditions nécessaires à l'auto-impulsion. Son oeuvre nous conduit dans l'univers des interdépendances, de la dynamique des systèmes. Elle a aussi une contribution non négligeable à l'éclosion de l'éthologie équine. Un véritable outil pour former un homme de cheval !
Le cavalier est un générateur d'informations exogènes au cheval, donc étrangères et inquiétantes. Avec tact ou diplomatie équestre (?), ne faudrait-il pas faire en sorte que les informations soient intégrées par le cheval et deviennent siennes, déclenchant la volonté d'agir. (Placer et laisser faire.)
Pardonnez-moi la longueur du texte (pas facile à exposer) et merci par avance de vos observations.
J'aurais tant voulu que l'on m'expliqua ces choses, à vingt ans : puissent-elles servir à d'autres !
Message édité par: BLB, à: 2007/12/05 16:30
Bonjour,
Très intéressante question. Je suis cavalière, pas "femme de cheval" car je ne suis ninée dans l'univers des chevaux, et je n'y vis pas non plus, l'équitation est pourtant ma passion. Je suis issue du milieu club, mais pas de son côté compétition. Je l'ai laissé de côté pour préférer le côté des chevaux.
C'est ce qui m'a amené, lorsque j'en ai eu la possibilité et les moyens, à avoir mon propre cheval. Parce que je me sentais frustrée de ne pas pouvoir passer plus de temps avec les chevaux, que le moment du pensage, du cours et du retour au boxe ne me suffisait plus. Parce que je m'attachais aux chevaux que je montais régulièrement mais je n'avais que cette matinée hebdomadaire. Je voulais autre chose, longer, travailler à pieds, en savoir plus sur les soins...
Après beaucoup de tergiversations et de doutes, vue mon manque d'expérience, j'ai décidé de sauter le pas. J'ai cherché et trouvé "ma perle", et comme je n'étais pas apte pour tout ce qui concerne la nourriture, les soins, j'ai choisi de mettre mon cheval chez quelqu'un en qui j'avais toute confiance, qui sait depuis répondre à mes questions, m'apprendre ce que je ne sais pas et qui me conseille sur ce que je ne connaît pas.
Sans compter évidemment, tout le travail avec le cheval. J'ai appris à longer, à travailler à pieds, je continue à progresser à cheval en recherchant toujours la compréhension la plus grande possible entre mon cheval et moi.
Ca n'est pas toujours facile, il y a des jours avec et des jours sans, mais je ne regrette absolument rien, j'ai appris et j'apprends toujours énormément, et je pense que mon cheval n'est pas mécontent de son environnement et du chemin qu'on fait ensemble, je suis en tout cas assez idéaliste pour l'espérer...
Voià, désolée pour la longueur du texte, c'était juste le témoignage d'une cavalière lambda.
pour revenir à la question de départ
les jeunes et moins jeunes ont la facheuse tendance actuellement à perdre énormément de temps à s'occuper de leur cheval plutôt que de le monter
c'est un "doudou" ou un "toutou" qu'il cherche et ils appliquent ce principe sur le cheval.
on voit donc par extension la "façon éthologique" de voir les choses
"tu es mon ami je ne te domines pas et nous allons vivre ensemble en "symbiose" comme les indiens..."
je n'ai rien contre les indiens mais les moeurs les coutumes indiennes ne sont pas d'un raffinement extrême je vois pas pourquoi il en serait autrement avec le cheval
(vous savez pourquoi il y a toujours des chiens dans les camps indiens, posez vous la question)
partant de ce principe on ne travaille pas un cheval on le manipule mais on ne modifie pas son équilibre pour chercher à garder la légèreté perdue que le cavalier impose par son poids.
ce n'est pas ce que les jeunes cherchent, ils passent énormément de temps dans les clubs au contact des chevaux, mais leur présence est le meilleur moyen de dénaturer les chevaux, on ne veut pas que le cheval se transforme en petit chien hors c'est ce qui se passe
je pense que c'est paradoxal mais pour que la jeunesse devienne une génération de cavalier il faut:
qu'ils montent pour progresser sans relache
qu'ils ne perdent plus leur temps à pied et autour des chevaux (à discuter...)
qu'ils considèrent le cheval comme un animal "sauvage" et potentiellement dangereux avec qui il faut agir avec discernement, et rigueur
que le cheval peu devenir un compagnon que sous la condition indispensable qu'un chef soit nommé et que ce soit le cavalier
et il y aurait encore d'autres choses mais, la société n'est pas dans ce courant elle pense bien faire (effectivement ce serait génial que mon cheval me suive partout comme un petit chien qu'il soit un doudou mais non, dès qu'il peut il redevient un animal imprévisible, mais lui permettre, c'est le plus beau cadeau que je peux lui faire )
vive la légèreté, vive le travail à cheval, à bas les "doudou"
dolmata écrit:
qu'ils ne perdent plus leur temps à pied et autour des chevaux (à discuter...)
En effet, à discuter! Pour moi, tout commence par là... Ce ne sont pas que des moyens de transport et d'évasion et des supports sportifs.
Mais d'accord avec vous lorsque vous dites qu'il faut monter beaucoup mais en plus. Et oui, c'est prenant l'équitation...
Au boulot jeunesse!!!
Oui, sur la dérive de l'anthropomorphisme ou de la "peluchisation" des chevaux je suis assez d'accord aussi.
Dans les clubs, on a rarment l'occasion aussi de voir les chevaux dans leur "vraie" attitude, ce n'est pas tout à fait le terme exact, mais
bon...
Je n'ai jamais fait partie des ados quand j'étais plus jeune, ni des gens en général qui ont ce travers, n'empêche que, quand j'ai eu mon cheval et qu'il s'est "révélé", j'ai tout de même eu quelques révélations moi aussi!
Mon cheval n'ayant au départ, aucun respect en main, étant hongre mais ayant une tendance certaine à faire le beau devant les juments et à intimider les autres hongres, y compris en main... J'ai pris des leçons accélérées sur la hiérarchie, et surtout comment la mettre en place quand elle n'est pas là! Ce sont des comportements somme toute normaux, mais auquel je n'avais jamais été confrontée dans les clubs précédents où j'avais monté!
Maintenant, les mise en place de hiérarchie au pré, le respect du cavalier, comment ça se manifeste, c'est nettement plus clair!
Et je pense d'ailleurs aussi que la façon qu'on les gens de prendre leur cheval ou poney pour une peluche amène souvent des situations dangereuses au bout du compte!
Bonjour,
Au risque de déclencher les foudres, je tente une formule :
Il ne faudrait pas apprendre l'équitation mais le cheval. Puis, découvrir l'équitation qui devrait être une conséquence de ce qu'est le cheval.
Malheureusement, les formations et les structures ne le permettent pas.
La raison économique n'est pas toujours compatible avec la raison physiologique.
Cordialement à tous
Bonjour,
"qu'ils ne perdent plus leur temps à discuter autour des chevaux."
Que d'aveux !
Il y a effectivement carence entre ceux qui font trop et ceux qui ne font pas assez. L'éthologie ne commence pas par traîner des heures avec un cheval à lui faire des "papouilles". Il est exacte que parfois le cheval devient vite le "toutou" traité sans mesure de sécurité. On m'a répondu que mettre les "clients" en garde les ferait fuir . . .
Mais, le cheval à la maison, oblige à assumer les soins au quotidien, (en hiver), le travail monté et les fumiers, alors s'instaurent, "de facto" de vraies relations entre l'homme (la femme) qui assume le travail, les soins et le cheval.
Dans l'univers des courses, où les soigneurs aiment passionnément les chevaux (pour eux-mêmes) les relations sont saines. On aime le cheval pour ce qu'il est alors qu'on n'en est pas propriétaire.
Le cheval, ce seigneur !
Tout cela revient à dire que l'homme de cheval ne se forme que rarement dans le contexte du club. Cet établissement à pour mission de mettre les jeunes à cheval, le reste est d'un autre ressort
Cordialement
Bruno
Message édité par: BLB, à: 2007/12/16 09:34
Et pourtant, la majorité des gens qui viennent à l'équitation y viennent pour le cheval.
Et si les responsables de structures équestres, les enseignants acceptaient d'intégrer ce fait dans leur approche de leurs membres et élèves, il est CERTAIN (chose vécue!)que beaucoup plus de gens pratiqueraient de manière beaucoup plus assidue et attentive et que le taux d'abandon, particulièrement élevé dans les sports équestres les premières années diminuerait de façon notable.
Amicalement, yves KATZ
Bonjour Yves
Merci de votre réponse qui est encourageante.
J'ai souvent l'impression que le cheval est extrinsèque aux jeunes cavaliers et cavalières. Venir à l'équitation par le contact du cheval est normal. Ce qui devrait effectivement encourager les responsables de club à approfondir cette connaissance.
Cela, car je pense très fort que l'appréhension de la légèreté équestre, le tact, prend sa source dans cette relation. Qui ne sait pas passer sous un cheval (choisi pour cela) ou le conduire en licol ne devrait jamais tenir une paire de rênes.
cordialement
Bruno
Bonjour à tous
Non « tout n’a pas changé à ce point » ! je suis d’accord avec Yves sur ce point : il suffit pour s’en convaincre de traîner dans les centres équestres ! Combien y voit on de jeunes qui, années après années, passent leurs temps de vacances, leurs mercredis, et s’ils ont la chance de ne pas habiter loin, leurs fins d’après midi au club à aider, panser et sortir et faire brouter en main et dorloter, et rendre service aux propriétaires… exactement comme j’ai pu le faire dans les années 60 / 70 (quelle aubaine pour nous les grèves de 68 !). Si ce n’est pas construire une relation homme / cheval ! Tous ces jeunes qui sont réellement des piliers de club, passionnés, que l’on voit grandir au club, qui sont prêts à tout pour soutirer à leurs parents quelques heures de plus passées au club, qui sont prêts à toutes les tâches pour avoir la possibilité de monter une heure gratuite sont bien des graines d’hommes de cheval qu’il suffirait de faire germer !
En effet, je fréquente beaucoup de clubs ainsi à monter des chevaux en ½ pension, et si je suis quelque fois effarée par les méthodes des moniteurs, je le suis d’autant plus qu’il y a vraiment un terreau effectivement fabuleux à exploiter…et qui ne l’est souvent pas ou si mal !
Et on en revient donc au problème de la formation, des enseignants et du coup des jeunes.
De la part d’une vieille, qui n’est pas enseignante (mais qui en a eu très envie en son temps) mais toujours passionnée