Divers
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Merci Dominique pour toutes vos précisions fort intéressantes. On m´avait fortement déconseillé la lecture de Steinbrecht, mais je m´apercois en vous lisant qu´il est bien plus proche de Baucher que ce que je croyais. Il reste quand même suffisamment de différences pour les distinguer, mais il m´apparaît possible de s´inspirer des deux maîtres à la fois.
Maintenant, je sais grâce à vous qu´il n´y a que peu d´entraîneurs fidèles à Steinbrecht en Allemagne : La quasi-totalité d´entre-eux demande aux élèves d´imposer le placer au cheval, alors pour ca ils tirent jusqu`à ce que la tête soit en place (de préférence dès l´arrêt), puis ils mobilisent l´arrière-main pour tendre le cheval sur la main (là c´est Steinbrecht, n´est-ce pas?). Et combien de fois on les entend dire : "empacte-le! plus! plus!". Ca donne des chevaux et des cavaliers cripés. En fait, ils interprètent Steinbrecht à leur manière. Alors vous avez bien fait de rappeler que Steinbrecht met justement en garde contre cet abus contraire à la légèreté qu´il recherche, notamment l´appui lourd du cheval sur la main pour ne citer que lui.
Concernant l´impulsion, je pense que Steinbrecht et Baucher poursuivent le même objectif, à savoir obtenir la légèreté dans l´équilibre en conservant l´impulsion. Dans la pratique, on voit la difficulté de l´exercice avec les chevaux lourds à la main, ou ceux qui sont presque stoppés lors des rééquilibrages. Ces deux défauts montrent une mauvaise application des conseils des deux maîtres.
A propos des cavaliers d´obstacle que vous évoquez, je crois me souvenir qu´ils m´avaient moins plu que Ludger Beerbaum à Donaueschingen. Mais c´est un avis personnel.
Cordialement,
Laurent
(par Laurent)
Bonjour Hervé,
Je partage entièrement votre avis. Concernant le tact de Baucher, je suis également d´accord avec vous, même si je mettrais un bémol : on ne voit plus personne capable de faire du galop sur 3 jambes en marche arrière. Bon, c´est vrai que c´est un exercice extrême et peut-être barbare, mais il démontre quand même un tact tout particulier puisque l´exercice était réalisé dans la légèreté. Mais après tout, le tact, ca se travaille. Les chevaux sont d´excellents professeurs pour ca. Il n´y a donc pas de raison de se priver de bons procédés si on est capable de discerner les risques et comprendre les mécanismes en jeu pour éviter les abus.
Pour revenir à l´effet d´ensemble, je ne l´ai jamais essayé non plus pour les même raisons que vous. Mais après tout, notre peur de rendre le cheval froid à la jambe dénote un certain manque de tact de notre part, non? C´est là que l´élève voit qu´il a encore du chemin à faire pour rattraper le maître. Tant mieux, après tout. J´ajouterais pour finir que je n´ai pas encore connu le besoin de soumettre un cheval et je n´aimerais pas rencontrer cette situation.
Je suis content que la question sur l´effet d´ensemble a été posée. Elle a permis de faire le point sur des questions souvent méconnues mais pourtant importantes pour la légèreté ou notre culture équestre.
Amicalement,
Laurent
(par Laurent)
Merci à tous pour la richesse de cette dicussion. Elle démontre une fois de plus l´intérêt de ce forum.
Elle démontre également deux écueuils majeurs :
1/ Même le discours des grands Maîtres est parfois criticable. L´idolatrie de tel ou tel dont nous avons probablement tous fait preuve à un moment ou un autre par excès d´enthousiasme, n´est jamais souhaitable. Une attitude d´écoute respectueuse me semble devoir toujours s´accommoder d´un esprit critique vigilant et constructif.
2/ Les notions de légèreté et de respect du cheval sont éminemment subjectives. Je suis intimement convaincue que tous les membres d´AI ont une sincère volonté d´agir au mieux...tout comme la plupart des cavaliers lambda que nous jugeons agressifs pour leurs chevaux !
La difficulté de se remettre en cause est universelle. La légèreté n´a pas le même sens pour chacun d´entre nous. Chacun voit plus ou moins ce qu´il a envie de voir dans l´attitude du cheval.
Pour certains le risque d´agression engendré par l´effet d´ensemble est trop important, alors que je pourrais citer des cavaliers prétendument légers "casser" sévèrement les résistances de leur cheval sous les vivas et les louanges.
Pour certains, la simple utilisation d´une muserolle est parfaitement aberrante alors que d´autres la jugent résolument utile et tolérable si elle est convenablement ajustée. Elle est sensée servir à empêcher le cheval d´ouvrir la bouche. Mais cherche-t´on seulement à comprendre quelle gêne ou douleur a provoqué cette ouverture ?
Je pourrais, tout comme beaucoup d´entre nous, citer un nombre infini d´exemples de ce genre.
Dans un autre ordre d´idées, il m´est désagréable d´entendre les critiques parfois émises à l´encontre de soi-disant extrémistes, qu´ils soient "chuchoteurs", comportementalistes ou simples cavaliers. On critique en bloc en groupe d´individus au prétexte que leurs prétendues découvertes auraient été révélées il y a des lustres. L´important ne me semble pas être de savoir qui a inventé quoi, mais, d´avoir la volonté d´apprendre avec humilité, de découvrir de nouvelles perspectives, de progresser dans sa pratique et si possible dans son art.
Primus non nocere - d´abord ne pas nuire - apprent-on aux médecins. Je crois que que devrait être la première préoccupation de tout cavalier.
Bien cordialement
(par Hélène)
Bonjour à tous
StephE
Je vous invite à relire la 1re réponce à Emilie.
"
L´effet d´ensemble est de la plus grande utilité quand on à l´intention de pousser le dressage très loin, on peut même dire qu´il est indispensable.
Mais, c´est un couteau à deux tranchants qui peut avoir comme inconvénient de rendre le cheval froid aux jambes, et même rétif, s´il est mal enseigné. Il faut donc, pour quelqu´un d´inexpérimenté, aller doucement et s´assurer que l´impulsion n´en souffre pas.
Comme son nom l´indique, il doit avoir des répercutions sur tout le cheval et le mettre à l´entière disposition du cavalier. Il a donc pour résultat de dominer le cheval et de le calmer. Notamment il permettra de dominer la peur du cheval effrayé par un objet quelconque.
"
(Colonel JOUSSEAUME DRESSAGE page 91) Ensuite on explique le comment.
On nous parle des risques sans accès de langage et on nous dit les quels "froid aux jambes, rétif".
On nous donne le moyen de contrôle "s´assurer que l´impulsion n´en souffre pas".
On nous dit à quoi il sert "met le cheval à l´entière disposition du cavalier, le calme, domine ses peurs".
On parle également d´enseigner ce qui signifie que l´on applique pas d´emblée ce procédé au cheval mais qu´on le lui apprend.
J´ai cité le colonel JOUSSEAUME car il exprime bien l´idée que je me fait de l´effet d´ensemble.
Cordialement
Billy
(par Billy)
Attention d´Hélène:
Vous êtes tout à fait dans l´esprit de notre association. Je vous en félicite et vous en remercie. Merci aussi, ainsi qu´aux autres intervenants, pour l´intérêt et la richesse des échanges sur notre forum.
(par Christian Carde)
Cher Monsieur,
Vous n´avez surtout pas à vous excuser car votre intervention est parfaitement digne d´intérêt. A la page 91, Steinbrecht évoque éffectivement le cas de chevaux forts en ganache et les difficultés qui peuvent en résulter. Cette hypothèse ne manque pas d´intérêt dansla mesure où nombre de selle Français produits en Normandie possèdent encore maintenant, malheureusement, ces caractéristiques. D´autre part toute l´analyse faite par Monsieur Steinbrecht au cours de ce chapitre (que je connais à peu près par coeur) me parait pertinente et absolument pas antinomique avec l´éducation d´un cheval de sang tout au moins concernant la discipline de l´obstacle. Je me garderai bien de me prononcer concernant la discipline sportive du dressage que je ne connais pas suffisamment. Dans la mesure où l´équitation de Gustav Steinbrecht est correctement interprétée et appliquée avec suffisamment de tact en fonction du type de cheval concerné, elle me parait pouvoir correspondre parfaitement, par expérience personnelle, à des chevaux de sang. Possédant des chevaux d´obstacle participant à des épreuves de haut niveau, il se trouve que je suis passionné par les chevaux très près du sang, comme vous devez les apprécier vous même. J´ai notamment récupéré un AQPS pratiquement pur sang (98,7% PS)réformé des courses qui était décharné et totalement ouvert. Ses premiers sauts se sont révélés catastrophiques puisqu´il renversait les obstacles de 80 cms et ne pouvait se déplacer que sur des foulées amples. Le cheval de 7 ans enchaine maintenant avec aisance et décontraction des obstacles d´1M40 et se déplace en souplesse et légèreté avec des allures suffisamment rassemblées. De plus, il a retrouvé une gaité et une joie de vivre qu´il n´avait plus quand je l´ai acheté (il était devenu rétif et sortait ses cavaliers des pistes d´entrainement ). Je n´ai aucun mérite à avoir obtenu ce résultat comme n´importe qui aurait pu l´obtenir et n´en tire aucune gloire, dans la mesure où je n´ai fait qu´appliquer les principes enseignés par Jean d´Orgeix que j´admire profondément, tout en m´inspirant de l´équitation préconisée par Gustav Steinbrecht dans son oeuvre. Comme vous le savez probablement, Monsieur Jean d´Orgeix est un fervent admirateur de François Baucher et pourtant ces deux sources d´inspiration me sont d´une aide précieuse dans le cadre de l´éducation d´un cheval très près du sang destiné à l´obstacle. Je pense que les principes de monte de ces deux grands Maîtres sont parfaitement compatibles,voire même complémentaires, à condition toutefois de s´éfforcer de les appliquer avec sentiment, discernement et humilité.
Cordiales salutations,
Dominique
(par Dominique DURAND)