travail en licol et importance de la concentration
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Bonjour à tous !
Toute fraîche membre d’AI (mais habituée depuis quelques temps à venir glaner des informations sur ce forum très, très intéressant et très civilisé), je me permets de vous soumettre un cas qui me laisse en ce moment quelque peu perplexe. J’espère qu’il saura vous intéresser.
Après quelques mois difficiles passés à raviver la flamme d’un cheval endormi par une propriétaire incapable de faire face aux difficultés de son cheval très intelligent - mais très paresseux, je suis très heureuse du bout de chemin parcouru : il est au travail, concentré et semble heureux. Il travaille bien, calme et droit aux trois allures, transitions, épaule en dedans, cession à la jambe, tout début de rassemblé… Les gens me disent qu’il a enfin l’air heureux et qu’il devient de plus en plus beau…
Cependant, pour ce qui est de « en avant », cela est fluctuant et il ne l’est vraiment que lorsque je le travaille en licol. Il ne me semble pas que ce soit mes mains qui le gênent avec le filet car je les garde le plus fixes possibles et flottantes, sauf action requise, mais dans ce cas là j’agis par pianotement très doux… Il n’a pas de problème de dent, il vient de voir le dentiste.
Est-ce donc vraiment mes mains ? Même rênes complètement longues, il est plus éteint…Il garde les oreilles dressées, très concentré : mais moins motivé, et s’oppose même parfois à mes actions…Alors que dès que je suis en licol : il a tout son brillant…Du feu entre les pattes et très réactif au moindre geste.
Mon hypothèse serait que c’est ma concentration qui varie du licol au filet !
En licol, je suis entièrement attentive et concentrée, il n’y a pas une part de moi qui soit ailleurs : c’est un peu pour sauver ma peau ! car ce cheval a pu s’avérer dangereux par le passé et c’est pourquoi je suis vraiment, totalement sur mes gardes et dans ce que je fais.
En filet, je suis concentré, mais c’est différent par rapport à être entièrement dans la bulle créée par mon cheval et moi-même ; bulle que je n’arrive à obtenir qu’en licol…quand il y a un réel risque si jamais nous n’étions pas sur la même longueur d’onde…
A part me mettre à la corrida, je ne sais pas comment faire pour être « hyper-concentré » ! seule clé selon moi pour accéder à la magie mystérieuse du brillant.
Auriez-vous d’autres hypothèse dans ce changement d’attitude de mon cheval entre le travail en licol et le travail en filet ?
Dois-je continuer en licol (mais ce n’est pas toujours précis !) jusqu’à être sûre de son allant et de sa rectitude aux trois allures et aux exercices simples de deux pistes ?
Auriez-vous des petits trucs pour accéder à l’hyper-concentration ?
D’ailleurs… Est-ce que cela vous parle quand je j’utilise ce terme ? Pensez vous que cela soit essentiel pour une équitation supérieure ? Que cela soit la porte vers le brillant ?
Merci de m’avoir lu ! Je suis impatiente d’avoir des avis…
Salutations de Californie,
Madeleine.
Bonjour,
Il me semble que le problème vient de son rapport au mors, plus que d'un problème de concentration.
Avez-vous essayé les flexions de mâchoire et d'encolure ?
Cordialement,
Hervé
Bonjour,
Il me semble que le problème vient de son rapport au mors, plus que d'un problème de concentration.
Avez-vous essayé les flexions de mâchoire et d'encolure ?
Cordialement,
Hervé
Chère Madeleine,
En vous lisant, deux éléments m'ont fait réagir :
En premier les relations avec la bouche que vous évoquez - rênes flottantes et actions par doux pianotement-à mon sens c'est le type de relation qui tue le plus la communication, rien de plus ennuyeux et de plus lassant : c'est comme si le disque était rayé et redisait toujours la même chose. Les rênes flottantes, cela revient à toujours perdre du temps à retablir le fil de la conversation, puisqu'il faut retablir le contact avant de s'exprimer. Le fait qu'il soit plus réactif et brillant en licol ? peut-être tout simplement parce qu'on ne l'embête plus dans sa bouche. Par contre, pour moi, les flexions de mâchoires, si elles ne sont pas extrèmement ponctuelles et adéquates, relèvent aussi des " embêtements " infligés à la bouche.
En second plan, je ne pense pas que l'effet bulle soit le bon effet pour affiner le sentiment :en effet, cela évoque s'extraire du monde environnant, alors que le but ( toujours à mon sens bien sûr), est plutôt de s'y intégrer : j'irais plutôt voir derrière ce que disait JDO : "le cheval doit devenir mon prolongement".
Tout cela n'est bien sûr que matière à reflexion.
bien cordialement
Merci beaucoup de vos réponses, toutes très pertinentes.
Catherine, j'aimerais effectivement beaucoup travailler en musique! mais ce n'est pas possible pour l'instant...Il me semble qu'en travail de dressage il est important d'être dans cette bulle, oui, et ce que vous dites me rassure...
Mais j'irai voir ce que dis JDO,je ne suis pas familière.
Pour le rapport au mors, peut-être, oui... Avant que je le mette au travail, il était monté en mors très très dur et je sais qu'elle n'était pas très douce avec... Cela expliquerait-il quelque chose, Hervé?
Malheureusement, je n'ose pas faire des flexions d'encolure sans personne pour me guider, j'ai peur de faire une erreur.
Enfin, Sylvie...J'aime beaucoup votre idée sur le rêne flottante=à chaque fois que vous demandez une action, vous devez rétablir le fil de la conversation...Je vais y réfléchir demain en le montant...
Pourtant, pour garder l'image, il me semble plutôt que je décroche le combiné et que j'attends la communication. Qui vient! J'attends qu'il vienne se poser sur son mors, et c'est le cas : au pas, les rênes sont flottantes (j'exagère peut-être en disant flottantes : elles sont tendues par intermitence, avec le rythme du pas), au trot, elles sont demies-tendues et au galop, c'est avec le rythme également...je suis comme ça pour le laisser descendre son encolure, ce qu'il fait très vite en début de séance.
Si je demande une épaule en dedans par exemple, je ne suis pas sûre d'avoir à remonter sur mes rênes et à reprendre le fil, mais peut-être et dans ce cas là, votre remarque est pertinente.
Pour le licol, je me disais que non seulement j'étais plus concentrée, mais le cheval aussi puisqu'il se retrouve avec plus d'autonomie (ou au moins, un sentiment d'autonomie plus fort).
Pensez-vous alors que je doive insister sur le mors plutôt que de confirmer les bases de notre travail en licol, ce qui a l'air de plus lui convenir? pour ensuite d'ici quelques temps, revenir au mors, bien sûr...
Très bonne fin de journée à vous,
Madeleine.
Bonjour à tous
" Pour le rapport au mors, peut-être, oui... Avant que je le mette au travail, il était monté en mors très très dur et je sais qu'elle n'était pas très douce avec... Cela expliquerait-il quelque chose, Hervé? "
Les choses sont claires. Vous avez là votre réponse.
Le cheval sent parfaitement la main même sur des rênes longues et détendues.
Le travail des flexions à pied permet d'enseigner au cheval la façon dont il doit répondre aux indication du mors, des rênes. Travail à mon sens indispensable qui permet d'enseigner beaucoup et sans lute. Cheval décontracté dans sa mâchoire sa nuque et donc tout le long de sa ligne dorsale même nuque ouverte, rênes fluides, ...
Le problème c'est le mors alors mettre le problème de côté ne le résout pas. Le cheval doit apprendre à faire confiance à votre main alors ne le trahissez jamais, surtout pas d'à coup, des actions progressives et brèves.
Un avis parmi d'autres.
Pierrex
Merci Pierrex !
Ce que vous dites me semble coller au problème que je rencontre et puisque cela fait deux avis pour, je vais essayer de faire quelques flexions à pied. Mais doucement car je ne suis pas experte…
Je ne veux pas contourner le problème en restant en licol, mais cela me semble une piste pour redonner le goût du travail à ce cheval éteint pendant 5 ans de travail quelque peu abrutissant.
D’abord lui faire comprendre le plaisir d’un travail intéressant pour ensuite, une fois qu’il en est bien convaincu, lui présenter de nouveau le mors…et poursuivre… Je voulais faire étape par étape…
Mais peut-être est-ce inutile et qu’il faut lui faire comprendre dès le début qu’on peut travailler avec plaisir, relaxé sur son mors… ? C’est ce que vous semblez me dire… Je vais voir…
En tout cas, même si c’est un des problèmes de l’équation, je regrette un petit peu que cette discussion se fixe sur le problème du mors …Effectivement, on pourrait en parler pendant des heures, et je sais ne pas être sans reproche à cet égard. Mais cette discussion ne resterait-elle pas trop centrée sur le travail d'un cheval particulier et d'une cavalière donnée ?
Il me semblait que la concentration était un problème de portée plus générale et vos différents rapports à cet état de travail m'intéressaient...
Je trouve l’aspect de la concentration du cavalier essentiel et je le sais aussi pertinent dans mon cas… Au delà d'être parfaitement concentrée, il est aussi vrai qu’en licol je me sens beaucoup plus fière et grisée et que bien sûr ces émotions se transmettent à mon cheval… Je sens que je pourrais lui demander le piaffer à la fin de la semaine...J’exagère : c’est pour illustrer mon propos ! Il a "le pas d'un félin" (pour reprendre un terme bien connu), un très bon trot que je puis rassembler facilement et un galop souple (au galop cependant, il n'y a pas de différence avec le filet).
En filet, il travaille correctement, mais n’est pas aussi fringuant… Il n'y a pas le brillant!
Ce sont ces détails-là, celui de la concentration supérieure (de la bulle cheval-cavalier) et celui de la petite flamme qui l'accompagne qui me tarabusquent le plus en ce moment.
Détails assez insaisissables - ce pourquoi je pense qu’ils appartiennent à l’équitation supérieure.
Mais peut-être que je m’égare… Je travaille seule depuis trop longtemps, il me ferait grand bien d’aller puiser quelques enseignements directement à la source!
Merci en tout cas, toutes ces réponses ne tombent pas dans l'oreille d'une sourde...
A bientôt,
Madeleine.
Je filme assez régulièrement des cavaliers et je peux les observer ensuite image par image ou au ralenti.
J'ai remarqué que quand le cavalier se concentre, il améliore (en général) son attitude : dos soutenu, tête haute, jambes descendues etc, ce qui a pour effet de donner plus de brillant au cheval.
Quand vous êtes en licol, vous vous servez peut être plus de votre corps pour compenser l'absence des rênes.
Une autre observation que je peux faire quand je regarde mes films (et j'ai lu la même dans le livre de Jean d'Orgeix sur les mains), c'est que, quand les rênes sont détendues, leur poids agit quand même sur le mors. Et le mouvement du cheval, par les oscillations qu'il provoque sur les rênes, induit des petits à coup sur la bouche du cheval. Sur les films, avec certains chevaux, je vois bien que ça provoque une petite grimace rapide. Ces chevaux préfèrent une tension constante des rênes plutôt qu'une tension variable, même si elle reste légère.
Message édité par: masterai, à: 2007/05/29 09:47
Je filme assez régulièrement des cavaliers et je peux les observer ensuite image par image ou au ralenti.
J'ai remarqué que quand le cavalier se concentre, il améliore (en général) son attitude : dos soutenu, tête haute, jambes descendues etc.
Quand vous êtes en licol, vous vous servez peut être plus de votre corps pour compenser l'absence des rênes.
Une autre observation que je peux faire quand je regarde mes films (et j'ai lu la même dans le livre de Jean d'Orgeix sur les mains), c'est que, quand les rênes sont détendues, leur poids agit quand même sur le mors. Et le mouvement du cheval, par les oscillations qu'il provoque sur les rênes, induit des petits à coup sur la bouche du cheval. Sur les films, avec certains chevaux, je vois bien que ça provoque une petite grimace rapide. Ces chevaux préfèrent une tension constante des rênes plutôt qu'une tension variable, même si elle reste légère.
Bonjour,
je trouve un peu surréaliste l'idée que des rênes flottantes puissent gêner le cheval.
D'abord, c'est le seul moyen d'avoir un cheval calme en extérieur.
Ensuite, il suffit de voir des chevaux d'équitation western au travail, pour constater qu'ils ne sont en rien gênés par l'absence de contact.
Cordialement,
Hervé
Bonjour Madeleine et bienvenue!
Quelques pistes un peu rapidement: Nuno Oliveira montait avec de la musique d'opéra dans ce but (fascinant à regarder: il a l'air d'être dans une bulle, inaccessible...) et de plus en plus de cavaliers se tournent vers la sophrologie pour mieux gérer leur mental à cheval.
A bientôt.