Décontraction de la bouche
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Bonjour,
Je viens de lire l'excellent livre de Philippe Karl, Dérives du dressage moderne (que je recommande vivement à ceux qui ne l'auraient pas encore lu).
Il y a certains points qui ne me paraissent pas logiques, mais c'est surement du au fait que je suis "débutante" dans le bauchérisme...
Si les "confirmés" de ce forum pouvaient éclairer ma lanterne, j'en serais ravie.
Premier point :
On obtient la cession de mâchoire par une action sur la commissure les lèvres que Philippe Karl qualifie de "gênante, mais pas douloureuse".
La cession de mâchoire est la décontraction des muscles de celles-ci pour permettre sa mobilisation (mâchouillement, ou "le cheval goûte son mors" pour reprendre les termes de l'ouvrage).
Je ne comprends pas comment une gène peut aboutir à une telle décontraction. Personnellement, quand quelque chose me gène dans la bouche, ça m'agace plus que ça ne me détend ; en revanche, effectivement je gigote la langue voire la mâchoire inférieure, mais en espérant me débarrasser de ce qui m'embête.
Le second point concerne le fait lui-même du "goûter son mors", avec mobilisation de la langue et production de salive, assimilé au comportement de déglutition.
Je trouve antagoniste un exercice physique (trotter, galoper, piaffer, etc...) et un comportement quasi permanent de déglutition. Quand je cours, je ne mange pas, je ne joue même pas avec ma salive, sinon je suis gênée pour respirer.
Il est vrai que les chevaux ne respirent pas par la bouche. Mais dans la nature, on ne les voit pas non plus finir leur bouchée d'herbe pendant qu'ils sont occupés à se chasser ou à jouer. Manger et bouger activement sont 2 comportements radicalement différents.
Voilà, les quelques points qui me chiffonnent car contraires à ma logique personnelle.
Je ne demande qu'à être convaincue du contraire (j'espère juste que je ne serai pas trop dure à convaincre).
Sur le sujet, les adhérents peuvent lire l'article "Etude sur la bouche non contractée" dans les Dossiers AI.
Bonjour toutes et tous,
Je ne répondrai pas à la place de Philippe Karl...
Mais si on peut dire (peut-être) que la décontraction de mâchoire commence par un peu de gêne, il faut ajouter:
1/ que l'appui sur les barres est beaucoup plus gênant, et
2/ qu'une fois que le cheval connaît la décontraction, il est très intéressé de converser avec son cavalier à travers les rênes et la main qu'il a acceptées et qui ne le torturent pas trop (si possible pas du tout).
Le principe de la décontraction de mâchoire c'est le remplacement de la force par la conversation (galante autant que possible).
Votre deuxième point Muriel, m'amène à rappeler que le déplacement du cheval avec cavalier et selle sur le dos, bout de fer dans bouche, etc., n'est pas exactement naturel. Alors oui, là encore, comparons si nous voulons avec l'état naturel du cheval, mais surtout n'oublions pas de comparer cette manière avec celle qui consiste pour le cheval à se propulser avec un poids sur le dos qui serait attaché à sa bouche (de manière souvent violente) et donc instable, et agrémenté d'un mécanisme interdisant de l'ouvrir!
Et si Piotr nous mettait quelque part ce petit bout de film de NO sur Maestoso Stornella, où la décontraction de mâchoire est si bien visible?
Amitiés,
Jean M
Bonjour, si je peux me permettre, en dehors du dialogue entre Jean M B et Piotr, ici est évoqué le cheval Maestoso Stornella. Le côte humain, je veux dire aussi homme de cheval, de Nuno Oliveira ressort avec force du texte.
http://www.wagneur.ch/0-z07.htm
Amicalement. Ph.
Hélas Philippe, je n'arrive pas à aller sur votre lien.
Je ne sais si cela provient de mon ordinateur (très capricieux ces temps ci) ou si c'est le lien lui-même qui ne fonctionne pas...
En tout cas, merci à tous pour vos réponses. Elles ne m'ont pas encore totalement convaincue (je suis souvent difficile à convaincre, j'avais prévenu à la fin de mon premier message), mais elles donnent des pistes de réflexions intéressantes.
J'ai d'ailleurs relu la partie du livre qui m'avait inspirée la question sur le comportement de déglutition. Et j'y ai trouvé également des éléments de réponses à mes propres questions...comme quoi les réponses sont souvent sous notre nez. Philippe Karl y rappelle le comportement de "mâchouillement" observé par les "chuchoteurs" lorsqu'un cheval veut signaler son envie d'apaisement.
Rapprochement intéressant, non ?
Piotr écrit:
Muriel, vos questions sont pertinentes et pleine de bon sens, auxquelles je suis incapable de vous répondre. Peut-être les autres forumeurs.
P.<br><br>Message édité par: Cate, à: 2009/12/17 13:07
Pour ma première intervention sur ce forum appréciable par son sérieux (on voit tellement de tout sur les forums de chevaux), j'ai au moins réussi à ne pas me faire remarquer en posant des "questions bêtes"...lol
*fière de lui avoir posé une colle*
Sur la pointe des pieds:
D'accord avec Piotr.
D'autre part, un écuyer a dit:" Il est plus difficile de conserver que d'obtenir".
S'il suffisait d'obtenir "à la demande" le geste de déglutition pour rattraper un état qui se dégrade, cela se saurait depuis longtemps.
Mais il suffit souvent de la demander juste avant le sentiment d'une possible dégradation pour éviter celle-ci.
Je crois que la nuance est là.
Autrement dit, le délicat équilibre entre confiance et vérification.
Amitiés.
En continuant, pour Muriel,
N'importe qui, avec n'importe quel cheval, peut provoquer le geste de déglutition, à pied, en manoeuvrant directement l'extrémité des branches du filet; il suffit de faire en sorte que la brisure appuie sur la langue. Pour échapper à la gène, le cheval rétracte sa langue. S'en suit une réaction neuro-musculaire en chaîne qui provoque la mobilité de la mâchoire.
Par associations successives, on parvient à la même chose en tenant les rênes de plus en plus loin du filet, bien que, dans ce cas, on ne soit plus sur une pression de la brisure sur la langue mais sur une traction des commissures.
Il n'est pas interdit de croire que ce sourire artificiel, unilatéral au début, ait, par corrélation, un effet décontractant sur les articulations temporo-mandibulaires, lesquelles se situent assez proches des oreilles.
Si ce boulot provoque le rapprochement de la bouche vers le poitrail, zéro pointé. Si l'on arrive à le conclure par une descente d'encolure, on a une chance d'être dans le vrai.
Mais... Attention terrain très glissant!..
Cependant, il faut tout explorer, et retenir ce qui vous semble juste.
*****
Mais, d'autre part!
En établissant gentiment une gamme d'amplitude à l'intérieur du pas (du pas allongé au pas compté). En obtenant un surcroit d'engagement du postérieur interne sur la volte (sentiment d'incurvation), en forçant (toujours gentiment) un passage de coin, en dérobant quelque pas d'épaule en dedans (même le nez en l'air), on obtient, sans la demander, cette mobilité langue / mâchoire.
L'obtenir au pas, sans l'avoir demander directement, vous donne bien des chances de l'obtenir au trot puis au galop.
Et quelque chose qu'on vous donne sans l'avoir demandée, c'est plutôt sympa, non?
Toute la cuisine, me semble-t-il, consiste à conjuguer, selon les chevaux, ces deux axes.
Vos réflexions dans votre premier message sont assurément très pertinentes.
Vous avez raison de secouer les cocotiers!
Cordialement,
CC
Muriel :
Philippe Karl y rappelle le comportement de "mâchouillement" observé par les "chuchoteurs" lorsqu'un cheval veut signaler son envie d'apaisement.
Rapprochement intéressant, non ?
Ce comportement s'observe chez les poulains en présence d'un adulte inconnu pour lui déclarer son statut de "petit", on le retrouve chez certains 3 ans psychiquement en retard.
Autre information:
Toutes tensions chez les chevaux s'accompagnent de mâchoires fermées et de vite buccal (entre la langue et le palais).
On observe que l'introduction d'air (en poussant la langue du doigt) provoque une déglutition et une décontraction.
Rapprochement intéressant, non ?
Autre rapprochement :
Un cheval souffrant du dos a l'ATM aussi douloureux !
C'est une déduction observée.
Intéressant ?
Il s'agit d'observations mais pas d'explications.
Cordialement
Bonjour,
Bruno, pendant que vous êtes là, auriez vous une notion de la respiration du cheval à l'allure du trot?
Vous ou quelqu'un d'autre.
Je sais bien que le galop vous est plus familier.
(Muriel nous a parlé de la respiration).
Merci, et avec mon amitié.
Christopher
Bonjour Muriel, je ne suis pas spécialiste mais voilà mon avis sur la cession de mâchoire.
Il me semble que cession et décontraction sont deux choses différentes mais en quelques sorte liées.
La cession de mâchoire empêche le cheval de durcir sa bouche et de rester sourd au indication de main et l'empêche de s'appuyer ou résister sur le mors.
Ce faisant elle l'"oblige" à prendre en charge son équilibre, ne pouvant user de la main comme béquille. Plus d'équilibre = plus de décontraction.