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lu sur équipassion: l'impulsion "organique"

52 réponses [Dernière contribution]
Bruno dLB.
Déconnecté
Inscrit: 24/11/2007

Bonjour à tous,

Je profite du calme régnant sur le site pour continuer......

L'apprentissage de l'impulsion peut commencer au box à condition que celui-ci soit correctement aménagé.
Pour des raisons non avouables, les boxes modernes disposent la mangeoire et l'abreuvoir de part et d'autre de la porte. Dans cette configuration, le cheval attendra sa ration à la porte et vous écrasera les pieds ou sortira de son box sans autre pré-avis et même s'il rejoint sa mangeoire, il "économisera l'effet stimuli".
Et alors, peut lui chaut la formation réticulée !
Quel gâchis !
Si la mangeoire est située au fond du box, vous avez tous les moyens de l'apprentissage du stimuli.

Il serait utile, aussi de remettre en question le "Dada-à-maman", mais certains sujets sont douloureux.
Cordialement, bruno

Message édité par: BLB, à: 2009/01/02 14:27

 

france
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Inscrit: 06/03/2007

Bonjour, Bruno

Vos échanges avec Maryan vont nous obliger à fouiller le web ou les bouquins...formation réticulée, qu'est-ce encore ? (sourire)

Pouvez-vous préciser votre exemple sur les mangeoires...et même ce que vous entendez par "dada à maman" et son effet pervers ?

Très bonne année à vous et à tous les intervenants

PODER Catherine
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006

Si Maryan peut nous accorder un peu de son temps, nous allons pouvoir avoir accés à la connaissance de la biologie des comportements de nos chevaux, science qui vient éclairer les principes d'éducation des chevaux indiqués par les maîtres classiques!

Nous allons demander à notre webmaster de déplacer ce sujet dans le forum "propos de chevaux", en souhaitant longue vie à ce thème.
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Message édité par: PODER, à: 2009/01/02 16:05

PODER Catherine
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006

Je continue sur cette notion d'impulsion à partir de nôtes (en attendant les articles eux mêmes).
Il s'agit d'extraits des travaux de Jean Claude Barrey, que je cite de mémoire.
Donc merci à Maryan de rectifier ou compléter ce que j'aurai pu mal interpréter.

En termes équestres, l’impulsion est le désir d’avancer, qualité morale du cheval mentalement disponible, à l’écoute de son cavalier, un cheval qui a « envie » de faire avec un humain.

En communiquant avec lui, ce que nous voulons déclencher chez le cheval, ce n’est donc pas un mouvement en tant que tel, mais l’envie de faire ce mouvement.
Le mouvement lui même, le cheval sait le faire tout seul, grâce à ses programmes moteurs, sous l’action d’une excitation appropriée.( l’impulsion « est l’ activation de la zone du cerveau nommée « formation réticulée » qui met le cheval dans un état d’excitabilité général, suffisant pour déclencher le mouvement ».)
C’est justement cette excitation naturelle que nous devons remplacer par des sollicitations artificielles lorsque nous voulons obtenir un mouvement à un moment ou le cheval n’en éprouve pas l’envie naturelle.

Pour comprendre, il faut revenir aux fonctions innées du comportement du cheval :
Ces fonctions sont hiérarchisées (apparaissent dans un ordre qui correspond aux impératifs vitaux) et finalisées (orientées vers un but) : elles sont au nombre de quatre
- fonction de sauvegarde
- fonction de relations
- fonction de subsistance
- fonction de récupération
Il y a des périodes ou aucune de ces fonctions vitales n’est sollicitée par l’organisme ou par l’environnement. Le cheval se trouve alors dans un système ou la tension est la plus faible possible, il est en champ détendu.
C’est une fonction particulière ou les activités qui s’y déroulent peuvent être celles des 4 fonctions vitales mais sans tension, à vide (elles ne sont pas d’une utilité immédiate pour la survie)
Le cheval ne peut apprendre, coopérer ou adhérer qu’en champ détendu.
Cette activité qui n’a pas de signification fonctionnelle peut s’apparenter à un jeu.

Le travail que nous demandons au cheval ne peut se faire qu’en champ détendu si nous souhaitons respecter la nature de notre cheval : dans la recherche d’une réponse à nos demandes(stimuli), le cheval va explorer chacun des 4 niveaux de fonctions en recherchant par ordre d’énergie croissante dans ses mécanismes un comportement qui va lui permettre d’abaisser les tensions au maximum : c’est « l’appétence pour l’état cohérent de moindre tension » dont il faut lui laisser disposer.

Si le cheval sort du champ détendu, à cause d’une demande qu’il ne comprend pas ou d’un stimuli inadapté, il se met à travailler « sérieusement, pour son propre compte », pour régler ses problèmes de survie et ne s’occupe plus des désirs du cavalier : nous disons alors qu’il est en défense, rétif . Par exemple, avec un cavalier manquant de tact pour l’aiguiller vers la solution, le cheval peut monter en tension jusqu’à l’étage « sauvegarde » et essayer un cabrer au lieu d’un arrêt.
Bien entendu, cravacher ou éperonner sur cette "défense" ruinera toute "communication inter- espèce"...

Le tact du cavalier doit amener le cheval a éprouver l’envie du mouvement , dans la fonction de champ détendu.
Il faut donc essayer d’amener le cheval à la bonne solution par des stimuli incitatifs plutôt que coercitifs qui permettent au cheval de rester au niveau du champ détendu, le seul ou le dressage se passe bien et ou les fonctions d’apprentissage peuvent se mettre efficacement en œuvre.

Et voilà comment la biologie des comportements confirme la maxime du général l’Hotte :
Le « Calme » (champ détendu) précède bien le « En avant » (impulsion)…
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Message édité par: PODER, à: 2009/01/02 16:45

PODER Catherine
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Inscrit: 17/03/2006

J'ai "trouvé" Maryan sur le net en 2004, grâce à son compte-rendu d'une conférence de JC Barrey,avant de la lire avec plaisir sur le forum de nos amis d'"équitationpassion"

Je prends l'initiative, Maryan, de donner le lien vers ce compte-rendu.
Encore merci!

http://www.ethologie.info/revue/spip.php?article6

.

Bruno dLB.
Déconnecté
Inscrit: 24/11/2007

france écrit:

Bonjour, Bruno

Vos échanges avec Maryan vont nous obliger à fouiller le web ou les bouquins...formation réticulée, qu'est-ce encore ? (sourire)

Pouvez-vous préciser votre exemple sur les mangeoires...et même ce que vous entendez par "dada à maman" et son effet pervers ?

Bonsoir France,
Je découvre beaucoup à la lecture de Maryan et JC Barrey. Je ne suis pas un expert mais je fais des relations entre le "laboratoire" de JC Barrey et mon vécu équestre : beaucoup de choses s'illuminent comme à chaque fois qu'un propos est vrai.
"La formation réticulée" trouvera sa justification dans les pages du Web mieux que je ne pourrais le faire.

Avoir une mangeoire au fond du box permet une double communication.
Homme —> cheval et Cheval —> homme : apprendre à fournir un stimuli et le doser. Que ce soit pour la nourriture ou pour travail, l'homme demande au cheval de se présenter et attendre au fond du box. je n'ai jamais vu un PS sortir du box, "endormi" et tiré tête basse, par son jockey.
Savoir placer sa voix comme le claquement de la chambrière, selon Barrey, "simule le coup de dents d'un cheval hiérarchiquement supérieur". Ainsi le cheval apprend le respect de l'homme et se soumet à lui comme à un congénère supérieur.
Le "dada-à-maman" : toute relation douce, amicale, anthropomorphique rompant les sources de stimulis. Il n'y a de silence qu'entre deux bruits. (Champ détendu, cf. Barrey)
Je ne connais pas plus "civilisé" qu'un cheval de courses et inversement pour un cheval de dressage. Mais là, interviennent aussi les conséquences de l'inhibition (autre problème).
Cheval/homme, deux sphères juxtaposées mais différentes qui doivent s'harmoniser. La formation réticulée a deux extrémités : l'hyper-excitation et le coma.
Cordialement

Message édité par: BLB, à: 2009/01/02 19:36

 

Maryan
Déconnecté
Inscrit: 12/02/2007

Merci Catherine pour cet accueil chaleureux.
Je vois que tu connais tes classiques d’éthologie équine.
Cependant, je tiens à préciser que je suis totalement autodidacte dans le domaine éthologique, passionnée depuis longtemps par la communication inter-espèces. Mes connaissances restent très rudimentaires, acquises empiriquement au gré de ma curiosité et de mes rencontres, humaines ou équines !

En ce qui concerne l’impulsion dès l’entrée dans le box que vous évoquez, Bruno, elle est le reflet de l’éducation donnée. Chez nous, les abreuvoirs et les mangeoires encadrent pratiquement toutes les entrées de box, mais la personne qui a en charge les chevaux de l’écurie met tout de suite l’éducation adéquate en place lors de la distribution de nourriture, les entrées, sorties et autres repaillages ; moi-même je veille à ce que tous les chevaux que je manipule ou approche soit attentif à ma présence. Bref, il s’agit bien d’un apprentissage et la simple proximité humaine devient alors le premier stimuli qui active la formation réticulée (vigilance).

JC Barrey explique aussi à propos du claquement de la chambrière qu’il est inutile s’il n’atteint pas son but, sous peine de passer pour un dominant maladroit et pas si imposant que ça !!!
J’ai des réserves à ce sujet car j’ai souvent vu un dominant faire déplacer un dominé en menaçant d’une morsure sans l’infliger alors qu'il avait largement el temps de le faire. La menace fait partie des éléments de communication du cheval. Il faut juste savoir quand la menace suffit et à quel moment passer à la sanction.

Le stimuli initié par l’humain doit refléter toute notre capacité stratégique et surtout, surtout notre intention envers le cheval si nous voulons développer une relation respectueuse et saine.

J’aimerai également aborder la notion de récompense, Bruno, car quelques unes de vos remarques me laisse penser que nous avez un regard un peu sévère sur les poches pleine de sucre ! Me trompais-je ?

La relation douce, amicale est pourtant très importante mais elle ne doit pas déboucher sur le laxisme. Aimer son cheval, le respecter, c’est d’abord savoir qui est cet animal, ce qui est important pour lui et ne pas l’humaniser. Les chevaux entre eux échangent des contacts tactiles très amicaux, parfaitement contrôlés, par le jeu de leurs lèvres et même de leurs dents, par leurs souffles, en posant leurs têtes avec douceur contre l’autre… Sans même évoquer les séances de grattages réciproque. Tous ces gestes d’une délicatesse et d’une maîtrise étonnante nourrissent et renforcent les liens sociaux, affirment l’attachement, la confiance et ne remettent jamais en cause le tissu hiérarchique.

L’humain possède une communication oralisée très développée mais également très mélodique. Les chevaux, comme beaucoup d’autres animaux domestiques et/ou au contact intensif de l’humain, apprennent à détecter dans cette mélodie nos intentions. La parole est donc importante, elle permet d’envoyer un stimuli net sous forme d’ordre, mais peut aussi être utilisée comme renforcement à l’apprentissage, ou renforcement incitatif.

Comme pour tout, il faut savoir doser, être juste et faire preuve d’à-propos.
La caresse n’interdit pas la réprimande.

La récompense qu’il serait plus pertinent de nommer friandise s’inscrit totalement dans ce type de communication.
Cette friandise doit se débarrasser de toute signification humaine pour trouver son juste emploi. En effet, dans notre «éthogramme humain », il s’agit d’une monnaie. Sa valeur est systématiquement en rapport avec la valeur de ce qu’elle est sensée honorer. Ceci contre cela. Un croissant pour 0,70 centimes d’euro ! Une image pour une bonne note ! Des cadeaux pour les enfants sages…
Probablement logique sachant que pour nous la nourriture, ancestralement, vient couronner l’effort. L’effort d’une chasse bien menée lorsque nous courrions derrière les mammouths (!), l’effort d’une journée de travail aujourd’hui.
Mais pour le cheval cela n’a aucun sens. Sa nourriture c’est 60 % de l’occupation de son temps, c’est son travail quotidien et au long cours. ça ne mobilise pas sa vigilance, sa performance. Les cueilleurs-chasseurs que nous sommes travaillons dur pour manger quelques courts instants 3 fois par jour (et pas partout dans le monde hélas), les animaux chasseurs se reposent longtemps et cherchent longtemps leur proie, pour quelques secondes d’efforts intensifs et un repas par jour voire pour plusieurs jours.
Pendant ce temps le cheval mange, mange, mange et se repose (moins de 20 % de son temps) pour parfois produire un effort intensif pour préserver sa vie. C'est l'antithèse.

Notre intervention dans son organisation comportementale l’empêche, entre autres, de poursuivre sa prise alimentaire quasi constante et de satisfaire ce besoin essentiel. Si le cheval est détenu dans des conditions lui permettant de s’alimenter constamment (box paillé, foin régulier ou à volonté, accès à un paddock, à un pré) tout va bien ou presque. Mais lorsque nous le montons nous lui interdisons toute prise alimentaire pendant 1 heure, 2 heures et plus...?
Que représente donc pour lui cette petite prise alimentaire très ponctuelle que nous nommons récompense ?
Et bien c’est simplement la satisfaction d’un besoin et certainement pas un extra.
Ici encore notre capacité à élaborer des stratégies doit nous aider à évaluer l’instant judicieux. Car en le privant d’alimentation pendant un moment relativement long, nous le mettons en situation de frustration. L’octroi de petit morceau d’aliment ne fait que lui procurer une satisfaction, un « sentiment » de cohérence par la mobilisation de ses mâchoires dans un mouvement de mastication en en supplément un goût inhabituel et agréable.

Je m’interroge d’ailleurs à ce sujet sur la recherche de la session de mâchoire en équitation et la relation qu’il pourrait y avoir avec la satisfaction de ce besoin alimentaire.

Le sujet déborde largement celui de l’impulsion organique ! Désolé.

france
Déconnecté
Inscrit: 06/03/2007

Le sujet est très intéressant et complexe.

Suivant votre suggestion, Bruno, j'ai cherché sur la formation réticulée. Parmi des tonnes d'informations, il y a ceci qui pourrait éclaircir le cheval blasé aux jambes :

"la réticulée constitue une sorte de filtre ou si l'on préfère un système de régulation et d'aiguillage de toutes les informations provenant de toutes les parties du corps. C'est ainsi que la réticulée amortit les signes répétitifs et ne laisse parvenir à la conscience que les influx utiles importants ou intenses entre autres."

Le texte de Maryan m'était inaccessible (pb de logiciel), je vais le lire de ce pas. De toute façon, quoi que j'y trouve, il ne me viendra pas à l'idée de mettre en question ce que dit JC Barrey

Vous dites

Le "dada-à-maman" : toute relation douce, amicale, anthropomorphique rompant les sources de stimulis.

Tout à fait d'accord sur la caractère nuisible de l'anthropomorphisme
En revanche, vous m'étonnez quand vous mettez en cause une relation "douce et amicale" ; en quoi peut-elle être dommageable ?

Bonsoir, Maryan

Je viens de lire votre dernier message, vous avez un peu la même réaction au sujet de la douceur.
Avec le recul, je me dis que Bruno a peut-être édulcoré sa pensée, et voulait parler de trop de douceur, jusqu'à arriver à bêtifier. A lui de nous le dire

Message édité par: france, à: 2009/01/03 00:25

Maryan
Déconnecté
Inscrit: 12/02/2007

Bonsoir France,

Le problème des jambes que vous évoquez est indépendant de l’activation de la formation réticulée.
Pour vous en convaincre, je suis sûre que les chevaux blasés aux jambes que vous avez pu rencontrés, étaient tout à fait réactifs et entreprenants dans d’autres activités, d’autres situation, à d’autres sollicitations.

Le problème du cheval blasé aux jambes est un problème d’habituation. L’habituation est un apprentissage qui vise à « désensibiliser » l’animal à un stimuli. C’est ce que l’on recherche par exemple avec l’acceptation de la selle. Ce processus impacte physiquement l’animal. La répétition du stimuli visant la disparition de la réponse. Neurologiquement cela correspond à la disparition/dimunition des liaisons synaptiques qui transmettent le stimuli au cerveau afin que la réponse disparaisse.
Si l’effet recherché est valable pour que la selle reste sur le dos du cheval, cela est le reflet d’une bien mauvaise équitation en ce qui concerne l’usage des jambes du cavalier.

A l’inverse de l’habituation, c’est la sensibilisation qui doit intervenir dans la réponse aux jambes = augmentation des liaisons synaptiques = abaissement du seuil de déclenchement = un léger stimuli pour une grande réponse.

En espérant avoir répondu à vos interrogations

france
Déconnecté
Inscrit: 06/03/2007

Merci, Maryan, de répondre si vite

Votre explication est tout à fait claire. Le fait est que le cheval blasé peut se révéler fort vif avec d'autres...honteux, désespérant à constater !

J'ai imprimé votre texte, lu une première fois..le débourrage de l'amibe est superbe d'humour ! JC Barrey doit être un formidable pédagogue

A très bientôt, après relecture attentive