un bon pas naturel

Marianne,

- si la qualité du pas peut aussi être évaluée du point de vu de sa sonorité, le tempo des fers sur le bitume par exemple?
- si le fait d'étendre son membre antérieur tès loin devant lui et de poser le pied à plat est une qualité (/ou pas), et cela est il naturel?

1- Oui bien sûr, la qualité du pas a une "musique" spécifique. Selon les cas, raccourci, juste ou allongé, la musique évolue mais elle doit rester symétrique, régulière. Toute asymétrie fait entendre des "posers" plus rapprochés inégaux symptomatiques de troubles.
2- Si la construction de l'épaule est bonne (voir autre post, "le rachis"?) le geste des antérieurs part de haut (épaule), le garrot monte (légère tension du dessus), le genou ne fléchit pas et le pied se pose à plat (en réalité sur les talons).
Nous sommes-là en présence du pas allongé rarement exécuté. Il nécessite un cheval (parfaitement) construit, un sujet énergique et une bonne main (impulsive). j'ai connu une excellente poulinière PS donnant ce geste de rêve (extase !).
Gardez cette bonne vision en mémoire, c'est rare mais c'est juste et obligatoire à la définition du "cheval-athlète".
D'une façon générale mais pas absolue, on peut dire qu'un bon pas laisse présager un bon trot et peut être un bon galop.
Peut être le galop car souvent, un pas naturellement allongé donne un galop du même style. Or, il devient désagréable pour ces chevaux-là, chez qui on entretient l'allongement, de raccourcir .... le galop, (caprice d'homme).
Je crois qu'il faut entretenir le galop allongé (dans des proportions souvent ignorées par le cavalier de sport) afin que cet athlète (qui a des exigence propres), ne soit pas perturbé : destruction par inhibition dans cette allure. Ne pas confondre galop "allongé" et "cavalier embarqué". Le galop maximum est agréable aux chevaux et utile à leur santé surtout chez les jeunes.
Cordialement.

merci pour cet éclairage, je garde donc ce beau et bon cheval dans un coin de ma mémoire pour la qualité de son pas.

Je vais continuer à abuser de vos connaissances - vous allez finir par penser que je vous harcele avec toutes mes questions -... Que penser d'un cheval qui, toujours au pas, marche avec ses antérieurs comme s'il suivait une ligne imaginaire (un peu comme la démarche des mannequins sur les podiums, pour être plus imagée)? J'ai tendance à penser que ce n'est pas une qualité, mais quelle est son origine, et quelles conséquences cela peut il avoir?
En vous remerciant une fois de plus...

Ce cheval en question, "marche sur un fil" : les pieds l'un devant l'autre. Il s'agit d'un défaut de locomotion.
Je me souviens d'un champion européen de dressage qui avait ce défaut : les juges l'ont bien noté, suffisamment pour être champion (??) Au passage, les néophytes voyaient un "danseur" .......; et les juges ?
En principe, ce genre de trouble est musculaire. Nous savons que les muscles travaillent par jeux antagonistes : c'est l'allongement du muscle passif qui permet l'entière contraction du muscle actif. Dans le sens longitudinal, cela donne une restriction d'amplitude, que seul un œil averti détecte. Mais, dans le sens transversal, tout le monde voit le cheval marcher sur un fil, comme les renards dans la neige.
Souvent les muscles en cause sont les pectoraux (actifs) (pectoral descendant et transverse) et l'infra épineux (passif).
Cela demande des soins précoces et reste cependant difficile à soigner. Les soins sont à base de manipulations pour rendre aux muscles leur allongement puis, le faire savoir au cerveau. Les compensations s'installent vite et durablement car le disque dur du cerveau enregistre parfaitement cela. Les pectoraux sont alors dures et ne s'allongent pas assez pour permettre une locomotion normale.

Petit supplément.
"Si le trouble est d'origine structurelle : construction articulaire, c'est irrémédiable. pour le savoir, il suffit de lever un antérieur et, dans la position fléchie, constater que la fourchette vienne naturellement (sans aucune contention) sous le coude dans l'axe longitudinal (aplomb parfait)."

Ceci avec toutes les réserves que l'on doit émettre en dehors d'examen clinique in situ.

Message édité par: BLB, à: 2008/11/27 22:40

Message édité par: BLB, à: 2008/11/28 09:23

Il est dommage que je n'ai plus ce cheval sous les yeux depuis quelques années pour aller regarder tout ça de plus pret... Mais d'après mes souvenirs et ce que vous m'exposez, j'aurai plutot tendance à penser que chez lui l'origine est structurelle. Je ne pourrai jamais vérifier, j'attend le prochain...

J'ai encore quelques questionnements de ce type en tête mais je suis de plus en plus génée de dévier le sujet de certains messages pour satisfaire ma curiosité. J'aime cette facon claire et précise avec laquelle vous répondez à mes questions. Vous tenez certainenement vos connaissances de longues heures à observer les chevaux, de rencontres avec des "hommes de chevaux" et peut être aussi de lectures diverses et variées; auriez vous des titres à me conseiller qui pourraient répondre à certaines de mes interrogations?

Message édité par: assert, à: 2008/11/28 12:08

C'est l'heure des confidences...
J'ai plus de trois fois vingt ans.
Enfant, je passais toutes mes vacances scolaires, pendant des années, dans les haras de PS entre les poulinages, la monte, les sevrages, l'élevage des yearlings et aussi le centre d'entrainement de Chantilly.
Mon grand-père, que j'adorais, faisait le rebouteux et m'avait initié à l'anatomie et aux soins, ajoutez à cela le désir de savoir-plus et vous n'en savez toujours pas assez...
C'est pourquoi j'aime votre curiosité.

Les livres sont rares et mal faits. Ceux que l'on trouve s'adressent aux "scientifiques" mais pas aux éleveurs ni aux cavaliers. C'est bien dommage pour les chevaux.
Nous vivons dans un monde où la connaissance est privée, propriété de chacun, c'est une attitude revancharde et révolutionnaire. Si vous n'avez pas la bonne estampille sur le front, le lobiiste vous reprochera de parler sans autorisation. Depuis l'émergence des ostéopathes de tout poil, la littérature sur ces sujets est plus abondante.
Dernière confidence, le meilleur de tous les livres est le cheval lui-même.
Pour votre culture équine, faites un stage chez un vétérinaire équin ou dans un centre de soins pour chevaux blessés.
Cordialement.

Cependant, qq titres :

Pierre Evrard:
Introduction à l'ostéopathie cranio-sacrale
Introduction à l'ostéopathie structurelle
Jean-Marie Denoix
Kinésitherapie du cheval

(Il manque un traité d'ostéopathie fluidique pour les cavaliers.) C'est du ressenti. voir un stage avec Jean-Michel Boudard, pas mal.

et peut-être votre livre, Bruno, "cheval, la quête du crack" qui m'a beaucoup appris...

je ne poste quasi jamais mais je vous lis ... et je vais le plus rapidement possible acheter le livre de Bruno.... car sont envie de partage donne envie d'en savoir plus ....

Juste un message pour vous encourager à continuer à expliquer

Merci
Daniel

Post edited by: rdv, at: 2008/11/28 16:35

Je suis très touché, merci.

cordialement.

Vous avez donc eu la chance de grandir dans le sérail, car le désir d'en savoir plus est nécessaire pour progresser mais n'est pas suffisant. Il faut monter, observer beaucoup de chevaux et avoir des interlocuteurs de qualités.

Je n'ai aucune attache familliale dans ce milieu.Et, si trouver les chevaux n'est pas bien difficile, trouver l'interlocuteur éclairé n'est pas chose aisée. Il faut déjà arriver à distinguer l'"homme de cheval" de l'imposteur. Une fois votre "homme de cheval" trouvé - et ils ne courent pas les rues... pour ma part je pense n'en avoir rencontré que 2 - il faut encore qu'il veuille partager un peu de son savoir.
S'il veut bien partager sa connaissance, je trouve une difficulté supplémentaire aux "hommes de chevaux". Pour ceux que j'ai rencontré ce sont plutôt des taiseux, qui à force d'être dans une communication non verbale avec les équidés finissent par entretenir le même genre de rapport avec leurs semblables. Ils deviennent économes en mots au fur et à mesure que leur savoir grandi. C'est une analyse toute personnelle...

Je vais m'interesser de plus pret aux livres que vous me conseillez (et au votre), j'avais déjà songé au stage chez un vétérinaire équin.

Je comprend très bien que le cheval est le meilleur des livres, encore faut-il savoir le lire...

Pour aller plus loin dans le sens de Tans:" vous encourager à continuer à expliquer", accepteriez vous que je crée un sujet permettant d'exposer des questions diverses et variées ( pas de thématique précise), évitant ainsi de faire dévier des sujets et auquel vous pourriez répondre (ainsi que d'autres intervenant du forum)?

Message édité par: assert, à: 2008/11/28 21:22

Pour aller plus loin dans le sens de Tans:" vous encourager à continuer à expliquer", accepteriez vous que je crée un sujet permettant d'exposer des questions diverses et variées ( pas de thématique précise), évitant ainsi de faire dévier des sujets et auquel vous pourriez répondre (ainsi que d'autres intervenant du forum)?

Volontiers, mais je n'ai pas réponses à tout ... et mon point de vue n'est pas obligatoirement la vérité.
Il faut monter beaucoup, oui, mais surtout je crois il faut monter dans plusieurs disciplines (les trois longueurs) en milieu professionnel. L'enjeu est différent.
Oui, je suis né dans le sérail, j'y ai rencontré des gens étonnants mais, qui se fermaient lorsque les questions leur paraissaient déplacées. Ils sont généralement heureux de communiquer leurs expériences avec les curieux du cheval. Les chevaux en général, ont besoin du contact avec les hommes cultivés (d'eux). J'accumule des informations sur trois générations et, parmi mes cinq enfants : personne pour le flambeau. Cela "matérialise" à la solitude .....
Cordialement