problème de respect à pied
- Vous devez vous connecter pour poster des commentaires
Bonjour,
Depuis octobre dernier, je m´occupe d´un cheval Selle Français qui n´a pas été monté depuis des années. Je le rééduque au respect en main, car il sait qu´il peut impressionner par sa carrure et par sa force. J´ai toujours obtenu le respect à pied, que ce soit dans le pré ou sur l´aire de pansage.
Mais aux deux dernières séances, je trouve qu´il a commencé à se "dévergonder" au pré, une fois que je lui ai enlevé son licol et que je lui ai donné quelques carottes. D´habitude il restait au pas, ne cherchait pas à jouer, et je pouvais partir du pré sans avoir à me retourner.
L´avant dernière fois, alors que j´étais sortie du pré, il a commencé à jouer en secouant l´encolure et en me suivant depuis le pré, et j´avais trouvé ça remarquable car il ne l´avait jamais fait, car il était plutôt amorphe. La dernière fois, dimanche, après lui avoir donné quelques carottes, et l´avoir repoussé dès qu´il quémandait, je suis partie en direction de la sortie du pré, et là il a voulu jouer (comme mon poney le faisait aussi). Comme il est assez impressionnant par sa taille, je n´étais pas très tranquille donc je l´ai repoussé fermement pour qu´il respecte une bonne distance. Mais à chaque fois que je me retournais vers la sortie, il devenait plus agressif, j´ai donc été obligée de faire comme si je n´avais pas peur et je l´ai repoussé comme je pouvais (le faire reculer de force en le pinçant au niveau du nez et en touchant le poitrail), j´avais une demi-chambrière en cas de besoin. Comme j´ai gardé mon sang froid j´ai réussi à sortir sans danger en lui faisant garder une distance minimum.
J´ai peur qu´il se montre de plus en plus agressif les fois suivantes, qu´est ce que je peux faire de plus pour donner des limites ? Est-ce que prendre une chambrière avec moi suffirait à le repousser s´il avait l´idée de me charger dans le pré ?
Caroline
(par Caroline Robin)
Bonjour,
Je pense que Véronique a raison, cette action montre qu´il y a un problème dans le respect à régler ailleurs par le travail des distances etc.
D´ailleurs, j´arreterais immédiatement par précaution de lui donner des carottes, ou autre choses au pré. Il faut d´abord travailler le respect dans des conditions plus contrôlées.
Andy
(par Andy Weal)
Bonjour,
un certain Andy Booth avait dit "en liberté, il ne reste que la vérité!".
Je partage donc l´avis de Véronique à savoir que vous pensez qu´il vous respecte à pied mais qu´en réalité cela ne doit pas être tout à fait le cas sinon il ne se permettrait pas un tel comportement au pré.
Je pense également qu´il y aurait des exercices à faire pour améliorer son comportement, pour cela parlez-nous un peu plus de lui!
Le pré est à mon sens un endroit "dangereux" (entre guillemets!), dans le sens où les acquis en main peuvent facilement se dégrader et être remis en question par le cheval, et ceci car le cavalier ne dispose pas des mêmes champs d´actions pour réagir en cas de tentative du cheval (le cheval n´a pas par exemple de licol) et le cavalier adopte souvent un langage corporel qui le trahit (recul notamment).
Je crois dans un premier temps que vous devriez éviter de telles situations en lui donnant par exemple les carottes de derrière la clôture, en prenant éventuellement une chambrière (au cas ou)pour lui rendre visite pour ainsi ne pas donner lui l´opportunité de recommencer.
Cordialement
(par Camille)
Avant que je m´occupe de lui, son propriétaire m´avait prévenu qu´il était très imprévisible, assez dangereux, et qu´il fallait être sûr de soi et de ses gestes pour se faire respecter.
A chaque fois qu´il commençait à bouger des postérieurs dans ma direction sans mon autorisation, je n´ai jamais reculé, mais je le renvoie de l´autre côté, soit d´un petit geste de la main, soit plus s´il n´obtempère pas. Je m´inspire de la méthode Parelli (force 1,2,3,4). Maintenant j´ai obtenu qu´il ne bouge plus au pansage. C´est rare qu´il recommence à me tester. Quand c´est le cas, je recommence la même méthode sans m´énerver.
Pour le respect en longe d´attache, il ne doit pas me dépasser et ne doit pas tendre la longe. Quand il s´approche trop de moi, soit je le fais reculer en le pinçant de plus en plus fort sur l´arrête du nez, soit je l´envoie sur un cercle autour de moi. Le plus gros problème qu´il me pose, c´est de me suivre pour rentrer au pré, car il voudrait brouter l´herbe avant de retourner dans le pré. Comme je le lui interdis, il s´oppose à mon action en tirant sur la longe. Comme il est beaucoup plus fort que moi, je commence par rendre un peu de longe pour le laisser désobéir sans violence et je le reprends après. Pour qu´il me suive, j´attends qu´il soit décidé à le faire de lui-même. Dans tous les cas, il finit toujours par céder au bout d´un moment. Mais je pense qu´il a besoin qu´on lui dise "non" tout de suite, puisqu´il ne me respecte pas au pré au retour (à l´aller, il n´y a aucun problème il est docile pour aller jusqu´à l´aire de pansage).
(par Caroline Robin)
J´ai oublié d´ajouter certains détails :
En main, il est toujours à un mètre minimum de moi. Quand je vais le chercher au pré, j´attends qu´il vienne à moi, au pas, tête basse. Je lui présente son licol, il le met tout seul, par contre il donne un coup de tête au moment où je le boucle, puis il redevient tranquille. Après il me suit à un mètre de distance, même pour ouvrir et refermer la barrière. Ensuite il profite d´un moment d´inattention pour essayer d´arracher un peu d´herbe, mais je le reprends avant qu´il ne l´atteigne. Du coup, il est récalcitrant pour se laisser mener, donc je dois le mettre en cercle pour le faire bouger ou j´attends qu´il veuille me suivre sans tendre la longe. Il finit toujours par me suivre, mais c´est vrai qu´on perd du temps.
(par Caroline Robin)
Manifestement, vous êtes déjà avertie des bases du travail en main, et tant mieux, car le "client" a l´air du genre à vous tester et à tenter sa chance.
J´ai lu attentivement vos explications, pour chercher les points que vous pourriez optimiser. J´en trouve 3 :
- difficulté à le redémarrer quand il s´arrête (vous devez l´attendre, ou le mettre en cercle, ce qui revient à le laisser dépasser). Que diriez-vous de recourir à la technique de stimulation continue, en le tapotant sans interruption avec un stick jusqu´à ce qu´il esquisse un pas en avant? S´il recule, vous accompagnez tranquillement, en vous assurant qu´il ne se détourne pas, et en continuant à tapoter jusqu´à avoir obtenu ce fameux pas. Bientôt, il suffira de lever le stick pour redémarrer.
- manque d´efficacité du renvoi à distance : le faire dépasser (envoi sur le cercle) c´est le confirmer dans son manque de respect. Lui pincer le nez est un code tactile, et non gestuel, lent à mettre en oeuvre, qui oblige à travailler de trop près, et qui ne construit guère le respect hiérarchique. Il vous faut trouver un code gestuel, par exemple stick agité devant le nez, puis tapé par terre, puis au poitrail ou en dessous des genoux si rien n´y fait. Pour que ce code soit bien compris, commencez par vous en servir pour obtenir le reculer. Il est probable que votre grand contestataire ne va pas du tout aimer l´idée, il faudra se contenter longtemps d´un demi-pas, et répéter très souvent. Il me paraît souhaitable également de lui enseigner à écarter de vous ses épaules sur indication gestuelle, car je le soupçonne de les rabattre vers vous à la moindre occasion (peut-être pourrez-vous me le confirmer?). Ces deux exercices sont fondamentaux. Si vous souhaitez plus de détails pratiques, il faudra vous reporter à la 4ème édition de mon livre "Communiquer avec son cheval", où je les ai longuement détaillés (chap.2) ou aux exercices gestuels du PNH.
- dernier point, il cherche à brouter. Toujours avec le stick, c´est le moment de lui chasser les hanches, à moins que vous n´optiez pour un licol plus fin, qui le découragera facilement de tirer...
Bon courage, et n´hésitez pas à me raconter les éventuelles difficultés que vous rencontrerez.
(par V. de Saint Vaulry)
Bonjour,
après Véronique je n´ai pas grand chose à ajouter!
Le fait qu´il soit récalcitrant à vous suivre et à redémarrer dénote un refus de se porter en avant ( vous ne le montez pas, mais probablement se comporterait il de même monté) et effectivement munissez-vous d´un stick à utiliser en "tapotement" en cas de blocage; cette méthode par ailleurs vous permettra probablement d´obtenir de lui qu´il "redémarre" plus rapidement que lorsque vous le mettiez sur un cercle ou attendiez qu´il reparte de lui-même.
Pour le faire sortir de votre espace, le stick qui tape par terre devant ses pieds marche généralement très bien.
Pour lui apprendre à donner la tête et à chasser les épaules, je voulais rajouter que ces exercices sont également décrit dans les ouvrages d´Elizabeth de Corbigny (en plus de ceux cités par Véronique).
Bon courage
(par Camille)
Si j´ai omis de citer les ouvrages d´Elisabeth (qui sont tout à fait pédagogiques et intéressants), c´est parce qu´elle réserve plutôt le contrôle par gestes aux exercices en liberté, et décrit davantage le travail en main sous l´angle du contrôle tactile.
If I omitted to quote the books written by Elisabeth (which are completely teaching and interesting), this is because she rather describes gesture control in freedom exercises, insisting more on tactile control in hand.
(par V. de Saint Vaulry)
Moi je fais ca avec mon poulain pour éviter qu´il fasse une défense quand il se bloque:
Quand il s´arrête et qu´il ne veut plus avancer, je ne tire pas devant mais je vais sur le côté. Ca le désiquilibre et il est obligé de faire un pas et je zigzague comme ca jusqu´à ce qu´il me suive et que je peux me remettre devant lui et ne plus avoir besoin de le "tracter"!
Je sais pas si pas être utile pour vous!
Amicalement
Caroline
(par caro)
Merci pour tous vos conseils !
Si je tapote le cheval pour qu´il fasse un pas, cela va l´énerver et il va réagir violemment en m´arrachant la longe. Je crois que je vais devoir me résoudre à adopter la méthode Parelli qu´adopte une amie qui possède des chevaux tout près du mien. Je vais devoir acheter un licol beaucoup plus fin et un mousqueton plus gros, ainsi qu´une corde en cordage de bateau, pour espérer avoir une prise sur lui.
C´est vrai que je n´étais pas très emballée par cette méthode, car j´étais plutôt contre le renforcement négatif (sensations de plus en plus désagréables jusqu´à ce que le cheval obéisse). J´ai éduqué mon ancien poney uniquement par le renforcement positif et grâce à cela il avait un bon esprit d´initiative au travail et me surprenait par sa créativité, mais c´est vrai que physiquement, je pouvais le dominer en cas de rare problème. Alors qu´avec ce cheval, je ne suis qu´un fétu de paille même à pied. Je vais donc prendre des cours avant qu´il y ait un accident car avec ce cheval, s´il sait qu´il a le dernier mot, c´est trop dangereux. Tant pis si le cheval sera plus "conditionné", moins "artiste", sans initiative, mais peut-être est-ce un mal nécessaire pour privilégier la sécurité !
(par Caroline Robin)
Pour assurer votre sécurité dans un premier temps, vous pouvez installer un sac en plastique au bout de votre demi-chambrière (plus maniable qu´une chambrière), mais je vous conseillerai aussi, dans la mesure du possible, de vous faire accompagner. Vous aurez alors un langage gestuel plus assuré, ce qui est essentiel, car vos mouvements de recul et d´auto-protection envoient à votre "envahisseur" des messages dangereux. s´il s´approche assez pour être à portée malgré vos gestes d´avertissement, agitez vivement votre outil sous son nez, et n´hésitez pas à le toucher (attention au possible retour de postérieurs).
Mais ce genre de "combat" au pré est un pis-aller. Cet épisode grave doit surtout vous mettre en alerte, et vous faire envisager un changement d´état d´esprit du travail en main. Vous dites qu´il vous respecte. Mon expérience m´incite à penser qu´il doit y avoir des détails importants qui clochent, et sur lesquels vous allez pouvoir travailler pour changer les choses. Mais afin de vous conseiller avec précision, j´ai besoin que vous me décriviez en détails sa façon de se comporter en main. Sa position et sa distance par rapport à vous, la longueur de longe que vous lui accordez, la façon dont vous l´écartez ou le freinez quand c´est nécessaire...
(par V. de Saint Vaulry)