Légèreté toutes disciplines
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Avec Jean d\'orgeix nous avons noté avec plaisir, dans une interview de Ludger Beerbaum, numéro 1 mondial du saut d\'obstacles, parue dans la revue "L\'Eperon" du mois en cours, la phrase suivante: "..voir John Whitaker monter avec autant de légèreté, de fluidité, fut comme une révélation. On a besoin de contrôle, de beaucoup de contrôle, mais en laissant de la liberté aux chevaux."
(par Christian Carde)
Votre texte apparaît comme complémentaire de celui de Régis Ghodbane écrit le même jour.Et, dans l\'ensemble, tout cavalier sérieux ne peut qu\'être d\'accord avec vos positions.
Il semble cependant utile de préciser quelques termes, prisonniers que nous sommes de la terminologie qui ne rend pas toujours les nuances que nous voudrions.
Vous souhaitez un cheval qui serait notre égal dans l\'acte équestre et, pour ce qui est de la soumission, vous parlez de coopération entre le cavalier et sa monture.Vous évoquez également la légèreté qui ne s\'obtiendrait que si le cheval est parfaitement libre.
En cela vous prêtez au cheval des sentiments semblables aux nôtres, ce qui n\'est pas le cas.
Concernant notre relation au cheval je pense plus juste de parler d\'un partenariat dans la confiance, les notions de soumission et d\'impulsion se fondant dans une notion mère de "disponibilité".Mais celle-ci ne sera obtenue de façon satisfaisante que si nous connaissons parfaitement notre cheval, son caractère, ses possibilités et ses limites, qu\'elles soient mentales ou physiques.Dès que nous sortons de celles-ci, point de légèreté possible.
(par Christian Carde)
Vous avez mis le doigt exactement là où il fallait : l\'anthropomorphisme ! Je vous rejoins complètement sur le fait que le cheval ne peut avoir les mêmes sentiments que nous. La nature de nos relations avec nos montures, de par nos natures dissemblables ("proie" et "prédateur"), ne pourra jamais se mettre au niveau de l\'égalité, c\'est un fait.
Vous parlez de diponibilité, de coopération et de partenariat, ces trois mots me semblent tout à fait justes. La liberté que j\'entends laisser à mon cheval devrait être qualifiée de liberté "surveillée". Le cavalier donne le cadre, les limites dans lesquelles le cheval doit rester. Ces limites sont effectivement complètement inscrites dans les dans les dispositions mentales et physiques dans lesquelles se trouve le cheval au moment où nous avons une relation avec lui.
(par Philippe van Hauwaert)
L’homme et le cheval sont différents, certes.
Dans les rapports entre 2 individus d’intelligence différente, désirant établir un partenariat, le plus évolué des deux doit se mettre à la porté de l’autre pour être compris et que l’association fonctionne.
Ce n’est pas le cas en équitation, où, tout est écrit par l’homme pour l’homme, et ainsi, tout apprentissage, dressage, ordre, demande, ne s’adresse qu’à la mémoire du cheval, et ce du début à la fin. De ce fait, la réussite dans la pratique choisie est toute à fait aléatoire et incertaine.
Les seules vraies réussites de nos jours, systématiques, dans les rapports homme—cheval, ne sont réalisées que par les “Nouveaux Maîtres” (pas si nouveaux que ça, lire Rarey 1850) car ses hommes parlent cheval à un cheval et sont systématiquement compris.
Je ne veux pas faire l’apologie de ces différentes méthodes, mais ce qui est intéressant est la manière et les résultats : un vrai rapport apprécié comme tel par le cheval, car compris par lui.
Le cheval est un être merveilleux qui ne mérite pas le système dont l’homme se sert pour l’éduquer.
Nos Grands Maîtres, les anciens, étaient sur la bonne voie, mais le fil rouge a été coupé, mais ceci est une autre histoire.
Jacques
(par Jacques)
Voilà bien la difficulté: mettre en synergie deux intelligences de nature différente !
Vous dites que les "nouveaux maîtres" sont seuls sur la bonne voie.Je suis comme vous très intéressé par leur pratique et vous m\'accorderez, peut-être, d\'avoir été l\'un des premiers à souligner leurs mérites (encyclopédie Evialis du cheval-Aniwwa S.A 2° trim. 2001- page 373 )
Mais toute équitation ne s\'envisage, ne s\'étudie, ne se pratique qu\'en fonction des objectifs auxquels elle prétend. L\'emploi du cheval par les nouveaux maîtres est simple, utilitaire. Autre chose est de prétendre à la haute école, à l\'art équestre. je ne dis pas que les "nouveaux maîtres" ne feraient pas avancer les choses dans ce domaine. Et sachez que je ne suis pas opposé à toute expérience dans ce domaine.
Mais lorsque vous affirmez que " nos grands maîtres étaient sur la bonne voie et que le fil rouge a été coupé", je ne demande qu\'à vous croire. Mais à quels grands maîtres faites vous allusion, Monsieur de la Broue, La Guérinière, L\'hotte...et quel fil a été coupé? Le but de notre association est bien de faire renouer notre époque avec un riche passé culturel équestre afin d\'accompagner au mieux le développement de l\'équitation actuelle, particulièrement du Dressage.Tous les points de vue en la matière seront les bienvenus.
(par Christian Carde)
Bonjour Jacques,
Permettez moi de nuancer un peu vos propos. J\'ai moi aussi un peu lorgné du côté des "nouveaux maîtres" et j\'y ai trouvé pas mal de choses intéressantes. Vous dites que leurs réussites sont systématiques, permettez moi d\'en douter quelque peu. En effet, il n\'est pas rare que les "nouveaux maîtres" refusent de s\'occuper de certains chevaux par crainte d\'un échec, non pas que leurs méthodes soient mauvaises, mais elles ne sont tout simplement pas adaptées à tous les cas. Peut on alors parler de résultats systématiques ?
D\'autres part, si on pousse l\'analyse jusqu\'au bout, je crois qu\'on peut prétendre que les "nouveaux maîtres" s\'adressent avant tout à la mémoire du cheval et non pas à leur intelligence. Ils ont (re)découvert une forme de langage différente de celle que nous avons l\'habitude de pratiquer mais ils agissent avant tout par répétition de stimuli devant donner la réponse appropriée. En ce sens, je ne vois pas qu\'ils diffèrent énormément des "classiques".
Voilà pour les "nouveaux maîtres" qui, je le répète, apportent souvent un éclairage différent sur le dressage et çà c\'est déjà une immense contribution.
Vous dites ensuite que le noeud du fil rouge a été coupé. Quid des Oliveira, Henriquet, Ecole de Vienne, Ecole de Jérez et j\'en passe. Il me semble que tous ces cavaliers perpétuent un certain classicisme, non ? Aujourd\'hui, bon nombre de cavaliers ont perdu la mémoire de ces anciens (pardon à M. Henriquet) et il faut une sacrée dose de moral pour trouver dans les clubs un enseignant qui ouvre les yeux de ses élèves sur l\'héritage. Personnellement, je ne crois pas que le fila soit cassé. Il est très nettement distendu et le contact a été perdu. Nous nous retrouvons dans la situation du cavalier qui n\'a pas su ou pu entretenir l\'impulsion de son cheval et qui a perdu le contact avec la bouche. Mais gardons confiance, il reste des Maîtres qui sauront patiemment nous redonner le goût de l\'étude.
Cordialement,
PVH
(par Philippe van Hauwaert)
Mon Colonel,
Bien entendu, ce que les “Nouveaux Maîtres” obtienent ne peut rien apporter à la Haute École, puisqu’aucune recherche de rassembler n’y est faite, par contre la conséquence de la démarche est intéressante.
Avant de parler de ce fil rouge, ce qui risque de déclencher moult polémiques et noierait mon sujet, je préfère vous proposer, ainsi qu’à tous cavaliers intéressé, une expérience que j’ai réalisé plusieurs fois avec succès, afin tester le mental du cheval dans son dressage :
— Un jeune cheval, tout juste sorti du débourrage ou sans trop de connaissances.
— Lui apprendre le reculer, selon Kerbrech, par la main seule.
— Lui apprendre les rotations EN PLACE, autour des épaules, autour des hanches, à une main et à l’autre.
— Une fois ces mouvements, simples, bien compris et exécuté par votre élève, demander un reculer, et pendant ce reculer, lui demandé une rotation ou autour des hanches ou autour des épaules, et vous aurez la surprise de voir ce jeune cheval réaliser suivant votre demande, un cercle ou un huit de chiffre, figure parfaitement inconnu de lui avant cet essai.
La morale de cet essai : vous lui apprenez le B, vous lui apprenez le A, et le cheval vous dit BA.
Le cheval est parfaitement capable de se servir de sa mémoire pour transposer ses acquis, ce qui est une preuve d’intelligence, et une intelligence mise au service de l’Équitation.
(par jacques)
Bonjour Phylippe,
Je ne tiens pas à ce que mes propos soient nuancés, malgré que dans toute généralité il y est des exceptions. Le cheval qui a à faire à un chuchoteur, apprécie les gestes de cet homme et le juge comme son dominant, et où il y a appréciation et jugement, il y a intelligence. Je maintiens mon propos. Je vous conseille de parcourir le site : http://ethocheval.cjb.net , et plus spécialement la rubrique “ARTICLE” où vous trouverez l’article : L\'intelligence du cheval, par Dennis POTTENGER.
Par contre, je suis d’accords avec vous, l’Équitation, y compris de Haute École, n’est basé que sur des stimulis : obéissance = confort et réconpenses, désobéissance = inconfort et punitions, le tout faisant appel à la mémoire, là est le nœud du problème, et non pas sur le fil rouge qui lui est coupé justement à cause de ce problème.
Cordialement
Jacques
(par Jacques)
Bonjour Jacques,
Où ai-je nié toute intelligence au cheval ? Nulle part il me semble. Je suis 100% d\'accord avec vous quand vous dites "le cheval qui a à faire [là je coupe] apprécie les gestes de cet homme et le juge comme son dominant, et où il y a appréciation et jugement, il y a intelligence". Je remplacerais tout simplement le mot "chuchoteur" par celui d\'Homme de Cheval. Il n\'est nul besoin d\'être chuchoteur pour se faire apprécier de son cheval. Ceci dit, c\'est vrai que leur façon d\'être et d\'agir était tombée dans l\'oubli et que leur plus grand mérite est de nous l\'avoir fait redécouvrir.
D\'autre part, j\'ai déjà lu l\'article de D. Pottenger, excellent et permettant à tous les anthropomorphistes qui someillent en nous de rester bien profondément endormis ;-)
Pour le reste, je ne vous comprends ni ne vous suis pas très bien quand vous parlez de noeud du problème (la mémoire ?) et de fil rouge (l\'enseignement des Grands Anciens ?).
Cordialement,
Philippe vH
(par Philippe van Hauwaert)
Nous sommes donc d’accord sur ce point, le résultat de la pratique et du succès des “Nouveaux Maîtres” (ou chuchoteurs) résulte du mécanisme psychique du cheval faisant appel à son intelligence.
Pour le reste, et pour que mon propos soit suffisamment explicite, je dois préparer et développer mon sujet, donc à bientôt.
Jacques
(par Jacques)
Bonjour,
Cette remarque me fait penser à ce que mon tout premier enseignant m\'a dit : "Vous ne pourrez vous dire cavalier que le jour où vous aurez admis que le cheval doit être votre égal dans l\'activité équestre. Tant que vous ne lui accorderez pas la même liberté qu\'à vous dans l\'acte équestre, vous ne serez qu\'un tyran."
Cela peut paraître abrupt de premier abord, mais je crois que la décontraction, préalable indispensable à toute légereté, ne peut s\'obtenir que si le cheval se sent parfaitement libre.
Autre remarque, on parle souvent de soumission du cheval, je préfère parler de coopération.
(par Philippe van Hauwaert)