Cheminement vers la Légèreté
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« En équitation comme dans tous les arts, les goûts se forment » nous dit Olivier.
Oui!
Et nous fabriquons notre savoir par nos expériences, nos sensations, nos rencontres, animés par une curiosité qui nous fait chercher encore et toujours.
C' est un des rares intérêts de ces forums: trouver plus vite et profiter d' expériences.
Si j'ai l'air d'avoir un ton péremptoire dans mes propos, ni voyez que l'enthousiasme d' une passion!..
Alors voilà le cheminement vers "ce que je crois".
Mes premières années d' équitation ont été consacrées au CSO: 15 ans de concours pour comprendre et gérer les notions d' équilibre et d' impulsion à 400m/mn.
Avec des chevaux- athlètes (classés en épreuves nationales avec mon professeur, méthode d'Ogeix) et prés du sang.
Et puis mon mari éleveur d' anglos de sport « saupoudrés » de trakehner et la naissance de Jazz, « grand,beau, gentil et intelligent °)», que j'ai débourré et débuté sur les barres.
Cheval vite repéré par les pros du coin et confié, vu son potentiel, à l'un d' eux.
Cheval abimé en 6 semaines de « noseband » serré et de travail en rênes allemandes et « pessoa ».
Abimé physiquement: atlas/axis fragilisés à vie.
Abimé moralement: écarts monté (lui qui n'avait peur de rien) encensement au pré pendant 2 ans et début de coliques à la vue du van manoeuvrant dans la cour... Le coté « anglo » diront certains...
C' était en 2003: l'année de création d'AI dont les discussions sur le forum, les dossiers, les interventions des fondateurs m' ont permis de « nourrir ma colère » et de comprendre que l'équitation était en pleine évolution, au détriment des chevaux.
Depuis, je vais voir sur le terrain:
-les stages de « bas et rond » avec Georg Fink.
-L' enseignement de la légèreté avec Hélène Ariannof
-Les clinics de Michel Ladouceur, champion d' équitation western.
-les stages de Marina Vandenbergh, d'un élève de Philippe Karl
-Le travail de la position avec Isa Danne et Daniel Jugnet
-Notre président, à Saumur, redonnant son « fonctionnement » à un cheval « embouti » par le Rollkur, en une seule séance.
-2 heures de films ou Nuno Oliveira monte successivement Euclides, Soante et Bunker.
-Pablo Hermoso de Mendoza cavalier de corrida portugaise, issu du CSO (la plus belle expression de la légèreté que j'ai vu)
Et Dany Lahaye, en février dernier, montant Duche au petit matin, complicité fusionnelle dans l' exécution du répertoire du Grand Prix, dans une Cammargue rose comme ses flamands.
Et le grand honneur de monter un de ses chevaux cet été: j' ai pu enfin mettre une sensation sur la notion de « cheval disponible » chère à Christian Carde. Et ce rassembler à pas comptés, les rênes « au poids du cuir ».
Mon analyse? Que le cavalier ait des chaps à franges, une queue de pie ou un chapeau pointu; qu 'on soit au Danemark, à Versailles, en Ibérie ou chez les stroumpfs, je me pose une seule question, quand je vois travailler un cavalier:
« Qu' en pense le cheval? » C'est à dire: « est-il décontracté? »
Car un cheval décontracté mentalement sera calme et aura « envie » de travailler: c'est l'impulsion.
Et un cheval physiquement décontracté sera en équilibre et pourra en jouer à la demande.
« Calme, en avant, droit et léger»
Ainsi la « bonne équitation » est celle qui respecte le cheval et sait le mettre en valeur, la mauvaise est celle qui le met en défense et l'use prématurément.
Le cheval décontracté?
Un cheval qui vient vous accueillir à la porte du box.
Un cheval qui ne craint pas qu'on le selle et le bride.
Uu front dont la peau entre l' oeil et la salière ne plisse pas.
des oreilles actives.
une bouche mobile.
une queue calme.
Au bout de ces sept années, je ne puis que constater que le fil de légèreté qui nous relie à notre patrimoine équestre s'est usé en France mais perdure dans la mouvance portugaise.
Et notre association fait partie des rares témoins de cette « équitation classique de tradition française » et qui ose ( pas assez à mon goût!) faire entendre sa voix dans le milieu perverti de la compétition.
.
Et vous, quelle est votre approche de la légèreté en équitation?
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Olivier :
En équitation comme dans tous les arts, les goûts se forment. Vous tous qui savez, ou qui pensez en savoir assez pour émettre des opinions tranchées, ne nous oubliez pas, nous les novices, expliquez sans cesse, illustrez vos propos, proposez des clefs, faites-nous part des lieux d'apprentissage que vous estimez fréquentables. Nous ne vous en serons que plus reconnaissants et l'équitation ne peut qu'y gagner.
Certes, Olivier, celui qui sait ou pense savoir, a le devoir de faire partager ce que d'autres lui ont appris et qu'il a augmenté de son expérience.
Savoir pour soi n'a pas de sens, le savoir est toujours pour l'autre, pour la transmission.
Jeune, j'ai aussi été confronté aux difficultés d'accès à la connaissance. Les "maîtres" n'étaient pas "bavards" et l'élève devait beaucoup travailler et approcher le maître en lui expliquant ses difficultés. Les portes du savoir étaient fermées, il fallait d'abord les ouvrir. Les livres étaient peu nombreux, mais il fallait tous les connaître.
Ce petit préambule pour vous dire que ce n'est pas avec des exemples concrets, des livres, des images, des vidéos et je ne sais quoi encore que vous accéderez à la connaissance. Les bons exemples ne doivent pas toucher vos yeux, mais votre esprit.
"Ouvrir les portes", c'est d'abord, comme vous le faites, vous mettre à l'écoute. Le meilleur des livres ou des maîtres vous dira ce qu'il convient de faire dans une circonstance donnée, mais ne pourra jamais aborder le contexte qui vous est indispensable.
Observez, questionnez à juste propos (plus la question est pertinente, plus la réponse est riche), comparez les chevaux, les hommes. Soyez prudent à ne pas trop butiner les informations, car les réponses alors sont souvent contradictoires.
Si, en équitation, "le cheval fait le cavalier" ; la valeur de l'élève fait la qualité du maître.
Ne vous laissez pas séduire : le travail est le coût du résultat.
Catherine, Bruno, merci d'avoir relevé ma proposition.
Afin qu'il n'y ait pas de malentendu, je tiens à préciser mon propos.
Je suis un vieux "jeune cavalier" qui a commencé l'équitation sur le tard comme un loisir et qui s'est très vite trouvé beaucoup plus passionné qu'il ne s'y attendait. Je pratique en club et dans un premier temps, comme c'est probablement le cas pour la majorité des cavaliers, le dressage ne m'a pas paru particulièrement attrayant. Les premiers pas en dressage sont beaucoup moins amusants que les premiers sauts d'obstacles et ce que je voyais des épreuves officielles à la télévision ne me faisait pas vraiment rêver, bien au contraire. Et puis il y a eu la découverte de Nuño Oliveira à travers le documentaire d'Equidia.
À partir de là, j'ai commencé à lire tout ce que je trouvais (à commencer par les œuvres complètes d'Oliveira), à chercher, à me renseigner et je suis tombé sur ce site. Aujourd'hui, je continue de lire (et relire) et j'essaye d'avancer dans les trois disciplines, chacune d'elle m'offrant des plaisirs et des sensations différents.
Bien entendu, je n'attends pas de vérité absolue de tous ce que je peux lire ici ou dans les livres mais plutôt des pistes de réflexion. Et puisque des questions intéressantes sur l'équitation de légèreté, ce qu'elle pourrait être, quelles voies sont susceptibles d'y mener, etc. sont au cœur de ce forum, autant utiliser tous les moyens que la technique met aujourd'hui à notre disposition pour étayer les propos qui sont tenus.
Si, petit à petit, grâce à mes lectures, à ce forum et aussi à la bienveillante patience d'un cavalier avec qui je corresponds, je découvre certaines subtilités de l'équitation que je m'efforce d'intégrer autant que j'en suis capable dans ma pratique, beaucoup de choses me passent encore largement au dessus de la tête. Et lorsque je lis une opinion tranchée sur l'exécution d'une figure, le placer d'un cheval ou son modèle par exemple, j'aimerais, et je ne suis probablement pas le seul, que son auteur prenne le temps d'étayer son propos, et même, pourquoi pas, de proposer un contre exemple, afin de pouvoir confronter les points de vue pour me faire (ou pas) ma propre opinion. Mais si, à un exemple donné, on ne répond que d'une boutade ou par un simple jugement de valeur, je reste sur ma faim.
olivier :
Si, petit à petit, grâce à mes lectures, à ce forum et aussi à la bienveillante patience d'un cavalier avec qui je corresponds, je découvre certaines subtilités de l'équitation que je m'efforce d'intégrer autant que j'en suis capable dans ma pratique, beaucoup de choses me passent encore largement au dessus de la tête. Et lorsque je lis une opinion tranchée sur l'exécution d'une figure, le placer d'un cheval ou son modèle par exemple, j'aimerais, et je ne suis probablement pas le seul, que son auteur prenne le temps d'étayer son propos, et même, pourquoi pas, de proposer un contre exemple, afin de pouvoir confronter les points de vue pour me faire (ou pas) ma propre opinion. Mais si, à un exemple donné, on ne répond que d'une boutade ou par un simple jugement de valeur, je reste sur ma faim.
C'est toute la difficulté à communiquer sur un forum. Le correspondant est anonyme, en l'absence de regard, d'âge, de niveau, de culture équestre, de culture équine, ou de nom parfois, tout dire est alors difficile.
Mais je pense que c'est aussi l'instant d'une question pertinente supplémentaire qui devrait vous renseigner sur le niveau de votre interlocuteur ou vous faire inonder de renseignements plus riches les uns que les autres qui qui vous permettent de faire la synthèse.
Car souvent, la réponse avait déjà été traitée dans les semaines passées. Quoi de plus triste d'avoir le sentiment de se répéter ?
Cordialement
Car souvent, la réponse avait déjà été traitée dans les semaines passées. Quoi de plus triste d'avoir le sentiment de se répéter ?dixit Bruno..
Je ne partage pas totalement ce sentiment.
La répétition est quelque chose de primordial en équitation; c'est en répétant les choses au cheval, en le "remettant 100 fois sur l'ouvrage", que l'on arrive à lui faire comprendre ce que l'on attend de lui, que l'on lui fait comprendre l'attitude et l'équilibre que l'on attend de lui, au travers d'exercices gymnastiques maintes fois répétés.
Et il en est de même face à l'élève cavalier; on lui répète les choses, parfois en utilisant des termes différents d'une fois sur l'autre,pour que la compréhension soit correcte et le sentiment de la sensation juste.
par contre ce qui est triste, c'est que celui qui pose la question ne donne pas toujours l'impression d'avoir fait l'effort de faire une recherche pour voir si son problème n' pas déjà été abordé.
Or l'effort personnel, la recherche individuelle sont des conditions sine qua non pour que l'apprenti cavalier puisse progresser et faire progresser son cheval.
Rigueur, modestie, remise en question permanente, respect de l'autre...sont des qualités qui, il fut un temps, cherchaient à être développées au travers de l'acte équestre: l'équitation, une école de vie, bien oubliée par les "enseignats" d'aujourd'hui....
Bonjour,
J'ai vaguement le sentiment d'avoir loupé un wagon, pardon donc si ma réponse est hors sujet.
A vous lire ce qui me vient en tête c'est la rencontre avec une dame que je considérais et qui aujourd'hui n'est plus. Elle su avec justesse transmettre la philosophie d'un autre grand (son beau père), philosophie et pratique faite d'une grande érudition et d'un tact infini, qui permettait quelque soit le cheval d'obtenir un travail juste et dans la décontraction. Quel bonheur que de descendre de cheval totalement relaxé et de constater la même chose de sa monture.
Cet enseignement je le retrouve effectivement auprés de quelques écuyers portugais et cavaliers français, je regrette de ne pas le retrouver dans le discours fédéral...(je parle ici de ce que l'on appelle l'équitation de tradition classique).
Quoiqu'il en soit lorsque l'on a entrouvert cette porte là, il est difficile d'adhérer à certaines autres méthodes.
Pardon pour la longueur
Béatrice
Bonsoir toutes et tous
Catherine vous avez raison dans votre description; les chevaux relaxés, gais et aux yeux doux, rien de mieux!
En revanche je tique un peu quand on évoque «la mouvance portugaise»! L'équitation d'Oliveira était certes latine, avec de très solides bases françaises. Mais ce qu'il devait à ses origines n'est pas l'essentiel face à ce qu'il devait à son propre génie et à son propre travail. De même cette équitation, même s'il l'a exercée majoritairement sur les chevaux de son pays, n'était pas du tout limitée à eux.
Vous ne faites certainement pas la confusion, Catherine. Malheureusement beaucoup la font, témoin le coup de colère récent de Grégoire qui amalgame les défauts supposés de l'équitation de légèreté et ceux tout aussi présumés (et aussi gratuitement) de l'équitation de légèreté.
La légèreté n'a pas de frontières! Elle aura peut-être du mal à se répandre partout, mais c'est sa vocation.
(Béatrice, qui évoque une grande dame anglo-belge et quelque peu lusitanienne ne me contredira peut-être pas...)
Amitiés,
Jean M
Cher Oliver S,
Voici mon sentiment:
Lorsque le rassembler n'est plus qu'un ralentissement des allures d'un ibérique déjà conformé pour ralentir (cheval conçu pour trier les bêtes: arrêts, demi-tours, accélérations soudaines faites de propulsions postérieurs souvent groupés...), c'est l'ennui total.
Lorsque une reprise de dressage n'est plus qu'un réglage de la régularité native des allures d'un modèle nordique conçu pour être stable et puissant dans un équilibre intermédiaire, si le rassembler ne vient pas égayer tout ça au bout, c'est l'ennui total.
Lorsque le "dresseur" est un dépressif qui ne cherche pas à se surpasser et à, dans la mesure de ses possibilités bien sûr, demander au cheval "tout le brillant que comporte son ensemble", c'est l'ennui total.
Ce qui nous porte en avant dans la vie, ce sont les chevaux un peu fous (les bons le sont tous un peu, esprit sportif, guerrier) associés à des cavaliers respectueux, certes, mais géniaux et téméraires, pas timorés ou coincés par des aprioris. Le cheval perd son identité à vouloir en faire une bébête placide, et si c'était vrai, alors la plupart des "amoureux" des chevaux s'en détacheraient. En dressage, le cheval est beau lorsqu'il boue d'énergie, pas lorsqu'il exécute placide, absent. Et un cheval ne boue pas d'énergie avec un cavalier dépressif sur son dos. Un cheval brille avec un cavalier exigeant, tonique et souple, c'est tout.
A force de vous lire, j'ai l'impression d'être tombé dans un club de rabat-joies. Ne pas "user" le cheval? Mais oui, bien sûr, mais il y a une mesure à tout, même en passant sa vie au pré il s'usera, les ans passant, il vieillira, aura de l'arthrose, vraisemblablement vestige d'un coup de sabot, il aura un cancer, et puis il mourra, pas plus tard qu'un cheval ayant eu une carrière sportive. Même en restant au lit on vieillit, alors levez-vous!!!
Concernant "ma pratique équestre", sachez qu'elle ne découle pas d'un attachement à un gourou, a une personnalité ou à un article de la FEI. Ce serait bien trop superficiel.
Vous parlez de Sue Oliveira. Autant la nommer, ce n'est pas grossier non?
Message édité par: Grégoire, à: 2009/09/21 20:54
Bonjour à tous et à toutes,
La grossièreté ne fait pas partie de mes propos, le respect oui.
Je crois à la circulation de la parole et j'espère en la diffusion de la légéreté concernant la pratique de l'équitation (notamment en dressage).
Par contre je desteste l'agressivité.
En votre respect,
Béatrice
Bonjour Catherine,
C'est la rencontre "en soi" entre le cavalier et l'homme (la femme) de cheval.
Reste à définir "le cavalier" et "l'homme de cheval" !
Et, avant encore comment accéder à cette "sur-nature".