Réponse à Mme Sylvie Anduze-Acher
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Chère Madame,
Tout d’abord, je suis sincèrement navré si certains de mes propos ont pu vous choquer concernant la position du cavalier d’obstacle. Je faisais référence à la cassette vidéo « l’exemple des grand cavaliers » réalisée par Mr Jean d’Orgeix dans un contexte un petit peu particulier. Un fascicule officiel venait de paraître recommandant la position du « piéton » dans le cadre de l’éducation sur le plat du cheval d’obstacle et au cours de l’abord d’un obstacle. A partir de son expérience exceptionnelle de cavalier de haut niveau (médaillé Olympique et gagnant 30% des épreuves auxquelles il a participé !!!) et d’entraineur (Médaillé d’or aux jeux Olympique), Jean d’Orgeix s’insurgeait contre ces conseils qu’il jugeait consternants et préjudiciables pour l’avenir du saut d’obstacle Français de haut niveau, émanant de personnes n’ayant aucune carte de visite dans ce domaine et donc absolument pas qualifiés pour donner de tels conseils. Pour cette raison, Jean d’Orgeix avait réalisée cette cassette, certes polémique, mais conçue avec beaucoup d’humour et qui démontre tout le bien fondé des principes d’équitation qu’il défend et qui, preuves à l’appui, sont appliqués à la fois par les cavaliers d’obstacle de haut niveau actuels, mais également, ce qui est plus surprenant, par les Grands Maîtres de l’équitation académique du passé. Je me permets de vous recommander vivement de vous procurer cette cassette (par exemple disponible sur le site jumping-video) car elle est pleine d’enseignements pour le cavalier d’obstacle, comme pour celui pratiquant le dressage académique. Vous constaterez que les Maîtres figurants sur les photos et croquis montrés sont bien dans la position préconisée par Monsieur Jean d’Orgeix, avec l’assiette reculée, permettant de conserver impulsivement les chevaux devant eux.
Non seulement je me permettrais pas la moindre critique à l’égard des Maîtres de l’équitation académique, mais je dois vous confier que certains d’entre eux m’apparaissent comme des monuments incontestables de l’équitation universelle, toutes disciplines confondues. Mes Maîtres sont Monsieur Nuno Oliveira, Monsieur Gustav Steinbrecht et Monsieur Jean d’Orgeix pour le domaine spécifique du saut d’obstacle. Ce dernier étant à mon humble avis de la dimension des deux premiers cités (l’avenir en témoignera), tant son analyse est pertinente et sa culture équestre inégalée dans le domaine du saut d’obstacle, mais également de l’éducation sur le plat du cheval d’obstacle destiné à faire de la haute compétition.
Il est intéressant de noter que Mr Nuno Oliveira dans un de ses ouvrages constate navré que seuls les cavaliers d’obstacle de haut niveau de l’époque comme Mr Nelson Pessoa (ayant entre parenthèses adopté la position conseillée par Jean d’Orgeix), pratiquent une équitation de légèreté, abordant les gros obstacle avec des chevaux ayant abaissé les hanches, condition nécessaire pour franchir de telles difficultés, alors que les cavaliers de dressage de l’époque sont littéralement tractés par leurs chevaux.
Je considère personnellement que l’Ouvrage de Monsieur Gustav Steinbrecht « Le Gymnase du cheval », qui reprend les principes de Monsieur de La Guérinière, constitue une véritable bible équestre incontournable qui doit être connue de tous les pratiquants, quelque soit la discipline et en particulier des cavaliers de dressage. Ignorer un tel ouvrage m’apparaît comme une véritable infirmité.
Une des qualités essentielle résultant de la position préconisée par Mr Jean d’Orgeix est de pouvoir disposer d’une capacité de résistance, sans tirer et avec une main fixe, quand un cheval a quelque velléité d’insoumission en voulant « sortir du cadre » et pour donner à tous moments au cavalier la possibilité de contrôler la masse sans tirer en vue d’accéder à l’équitation de légèreté. Cette capacité de résistance, comme l’explique Monsieur d’Orgeix, est obtenue grâce à l’appui sur les étriers. Or la position consistant à avancer le bassin, à chausser très long et à reculer le bas de jambe, adoptée par nombre de cavaliers de dressage actuels, prive totalement le cavalier de cette capacité de résistance.
Il est de nouveau très intéressant de remarquer que le Maître Steinbrecht, disciple de Monsieur de La Guérinière, avait déjà remarqué au 19ème siècle l’intérêt d’un appui sur les étriers dans certaines circonstances. Extrait du Gymnase du Cheval :
« L’étrier sert de point d’appui solide pour le corps tout entier si le cavalier est contraint de développer toutes la force de ses bras, de même que si l’on veut tirer à soi au lever un gros poids, il faut commencer par assurer à ses deux pieds un ferme appui et, par suite, au corps tout entier la capacité de résistance nécessaire. Les jambes sont alors fortement allongées de sorte que l’articulation du pied est complètement repliée et le talon dirigé vers le sol. ………Le peser de l’étrier avec talon baissé sert fréquemment à ramener le cheval d’un appui trop ferme à un appui plus léger, donc lorsqu’il s’agit de relever l’avant main ou de charger et de fléchir les postérieurs »
C’est exactement le principe développé par Monsieur Jean d’Orgeix un siècle plus tard et qui est applicable grâce à la position qu’il recommande.
Le Grand Maître Gustav Steinbrecht nous dit aussi dans le Gymnase du cheval :
« Sur son cheval qui s’en va à grands pas, l’Anglais, avec ses étriers courts et son rein voussé, n’a rien du beau cavalier, mais c’est une silhouette naturelle et, par conséquent, non ridicule, tandis que le malheureux cavalier du dimanche, avec ses jambes allongées, son dos complètement arrondi et ses bras raidis, sur son carcan ecoeuré, dégoûté de la vie, ne peut qu’apparaître suprêmement ridicule aux yeux de le foule, dont il est d’ailleurs la risée ».
Ces propos, toujours écrits au 19ème siècle par cet immense Maître de l’équitation de dressage académique, pourraient paraître à certains étrangement d’actualité en observant certains cavaliers de dressage actuels.
De même à propos du type de selle à utiliser, le Maître Steinbrecht nous dit :
« La position raide provient du temps où la selle, avec son siège rembourré, le haut dossier de son troussequin et ses épais bourrelets antérieurs, facilitait à ce point la position redressée du corps que celle-ci, sur les chevaux bien mis de l’époque, pouvait apparaître naturelle et gracieuse…………Pour toute action sur le cheval, la selle hongroise est extrêmement désavantageuse, parce qu’elle ne permet que la position sur l’enfourchure, excluant par conséquent plus ou moins les fines aides de l’équilibre et de la répartition du poids et, d’autre part, écartant par trop le cavalier du dos du cheval, sur lequel elle repose en voûte……..La selle anglaise procure ces avantages aussi bien à la chasse et en steeple qu’en équitation de service et d’école ; dans cette dernière, toutefois, son utilité s’augmente encore de ce fait qu’elle facilite la position d’équilibre »
Ces propos apparaissent encore étrangement d’actualité dans la mesure où, comme le remarquait pertinemment Yves Delord (lui aussi particulièrement admiratif de l’œuvre de Gustav Steinbrecht), les selles de dressage actuelles ont fortement tendance à bloquer totalement le cavalier lui donnant une position raide, au total détriment de l’équilibre et de l’aisance chère à Gustav Steinbrecht et Jean d’Orgeix. Serait ce un retour à la préhistoire équestre ?
Je pense que la position que vous évoquiez dite en « balancier global » peut être adopté par un cavalier de très haut niveau montant un cheval très bien dressé n’offrant plus aucune résistance et pour les besoins d’une prestation de haute école. Même si ce génie qu’était le Maître Oliveira se retrouvait couramment dans cette situation d’équilibre idéal qui autorisait cette position, la plupart des cavaliers de dressage ou de concours hippique sont malheureusement soumis à des résistances multiples de la part de leurs chevaux qui nécessitent une capacité de résistance et donc un point d’appui pour ne pas tirer, en particulier lors de l’éducation des chevaux de sang.
Pour répondre à votre question sur le concept du cheval « devant ». Un deuxième avantage de la position préconisée par Mr Jean d’Orgeix, en plus de disposer d’une capacité de résistance sur une main fixe, est de disposer pleinement de la sacro-sainte aide impulsive que constitue l’assiette par voussement du rein. Or c’est précisément le fait de reculer son assiette qui va permettre de disposer pleinement de cette capacité impulsive par le biais de l’assiette. Si vous avancez le bassin dans la selle pour être assis sur l’enfourchure et reculez les jambes, l’action du rein devient pratiquement insignifiant. Faites en l’expérience . Les actions impulsives sont alors limitées au bas de jambe, pratiquement inefficace derrière la sangle, et donc le plus souvent nécessitent l’usage de l’éperon. Mais rappelons nous que l’éperon a une action de contraction du muscle abdominal, utile pour favoriser l’engagement seulement quand il est utilisé par un bon cavalier.
Le fait de reculer son assiette permet d’avoir son cheval devant soi, c´est-à-dire de disposer, en utilisant le voussement du rein, d’une aide à la fois très fine, le cheval répondant à la moindre sollicitation, et particulièrement efficace afin d’obtenir une impulsion ponctuelle maximale, par exemple pour le franchissement d’un gros oxer se présentant sur une battue longue. Que le cavalier de dressage de haut niveau utilise l’éperon pour disposer d’un instrument de précision pour exécuter des airs de haute école, c’est bien évident. Mais Monsieur d’Orgeix m’a personnellement convaincu que, l’assiette reste l’aide impulsive de base si, bien entendu, la position du cavalier à cheval l’autorise, c´est-à-dire avec une assiette suffisamment reculée. L’action de l’assiette, prolongée par l’action des mollets à rebrousse poil, va ainsi provoquer un engagement du cheval contrôlé à volonté par la barrière de la main du cavalier en fonction du but à obtenir (rassemblé ou mouvement en avant le cheval s’ouvrant par détente des postérieurs). Le cavalier a alors l’impression de disposer et d’être assis sur le moteur du cheval, les postérieurs venant sous l’assiette par flexion de hanche avec une motricité ressentie. L’engagement a pour conséquence une élévation de la base d’encolure du cheval devant le cavalier, ce qui contribue à donner cette impression de cheval « devant soi », un peu comme quand ont est assis à l’arrière d’un bateau hors bord dont l’avant se lève quand on met les gaz.
Enfin concernant l’équilibre, Monsieur d’Orgeix préfère parler d’équilibrage du cheval dans une situation dynamique et non pas statique. Le but du cavalier est de mettre le cheval dans un équilibrage tel qu’il puisse disposer, grâce à une flexion suffisante des hanches, du contrôle de la masse et ainsi pouvoir reporter selon les besoins, du poids sur l’avant main, ou au contraire encore davantage du poids sur les hanches. Concernant le cavalier, le cavalier en suspension ne restera en équilibre et donc maître de son mouvement que si son centre de gravité reste à la verticalité des étrivières. Quand à l’alignement vertical des centres de gravité du cavalier et du cheval, il reste illusoire dans la mesure où, pour un cheval en mouvement l’inclinaison de cette ligne varie constamment du fait de la force d’inertie.
Bien amicalement,
Dominique
(par Dominique DURAND)
Bonjour,
Je rebondi à ce sujet sur les chevaux de sang. J´ai un ami qui fait du complet avec des pur-sang réformés des courses et qui dit toujours qu´il ne demande ou n´exige jamais d´eux, il les "invite poliment à collaborer". Dans le même esprit, je pense que votre ami qui fait de l´endurance, il dit qu´on ne peut tirer le meilleurs d´eux qu´en procédant ainsi et qu´il a plus d´une fois été "sauvé" par son cheval, qu´il a souvent été amené au bout d´un parcours par son cheval, qu´il a plus souvent été "regonflé" par son cheval que l´inverse.
StephE
(par StephE)
Bonjour à toutes et tous.
Clôture, box, Ferrure, tonte, pansage, vétérinaire, selle, cavalier, bride, licol, longe, travail, camion, concours, ... le cheval serait-il volontaire pour tout cela + tout le reste ?
Le cheval ne préférerait-il pas brouter dans une pâture bien grasse plutôt que, le dimanche ou les autres jours, faire des exercice insensé pour lui ?
Le cheval est soumis à la loi de l´homme. S´il fait bien il est généreusement récompensé s´il fait mal est punit avec justesse et mesure. Et nous même ne somme nous pas soumis à la loi, si nous travaillons bien nous sommes récompensé (enfin pas toujours) si nous travaillons mal nous sommes sanctionné sans ménagement. N´est pas la peur des tribunaux qui souvent nous empêche de commettre des actes délictueux ?
Etre partenaire c´est décidé ensemble selon des règles communément établies.
Tout cela n´est pas très à la mode mais n´est-pas la réalité ?
amicalement
pierre.
(par pierre)
Forcer ou convaincre, telle est la question! Il se trouve que le cheval se révèle infiniment plus facile à convaincre qu´à forcer, et c´est pourquoi la légèreté mérite d´être recherchée, même avec un poulain, même avec un cheval de trait.
to force or to convince, this is the question. In fact the horse appears really easier to convince than to force, and that´s the reason why lightness deserves to be seeked, even with a young horse or a draft horse.
(par vsv)
Bonjour,
Je pense que dire que l´homme ne commets pas de méfaits par peur des tribunaux est extrêmement réducteur. C´est le réduire à peu de chose, en lui faisant oublier la "morale".
Je suis certainement trops sentimentale et je fais avec certitude de l´anthropomorphisme, mais je me refuse à croire, que toutes les merveilles que l´on peut faire avec un cheval, le sont parce que le cheval a peur d´une punition. Si tel était le cas, nous n´auriont que des chevaux qui réalisent des gestes mécaniques dans la contraction et la précipitation et Lucien Gruss n´aurait jamais réussi à faire danser ses chevaux.
StephE
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Hello, I think that to say that the man do not make misdeeds by fear of the courts is extremely reducing. It is to reduce it to little thing, while making him forget "morals". I am certainly trops sentimental and I make with certainty of the anthropomorphism, but I refuse to believe, that all the wonders which one can make with a horse, are it because the horse is afraid of a punishment. If such were the case, us auriont only of the horses which carry out mechanical epic in the contraction and precipitation and Lucien Gruss would ever have succeeded in making dance its horses. StephE
(par StephE)
Bonjour Pierre,
Le cheval me semble plutôt soumis au caprice de l´homme qu´à sa loi.
Je ne comprends pas qui récompense généreusement ou punit avec justesse et mesure : vous parlez de vous ou vous parlez de l´homme, parce que dans ce dernier cas c´est tout simplement faux.
Celui qui s´abstient de mal agir par peur des tribunaux comme vous dites est un scélérat. D´ailleurs je me demande bien qui peut avoir peur des tribunaux.
Enfin je ne vois pas comment le cheval peut décider de règles.
cordialement,
Hervé
(par Hervé)
Chère Catherine,
Tout d’abord permettez moi de vous féliciter vivement pour vos récentes interventions concernant le respect nécessaire du cheval de sport et je vous remercie infiniment d’avoir courageusement dénoncé certaines pratiques malheureusement utilisées par certaines personnes peu scrupuleuses. Je pense personnellement que l’éthique doit toujours l’emporter sur l’aspect technique afin que le bien-être du cheval soit à tout moment préservé. Le fait que des personnes comme vous s’investissent pour le respect du cheval de sport me remonte le moral.
Concernant les termes que vous me reprochez d’avoir utilisés et je comprends parfaitement le sens de vos propos qui relève d’un sentiment parfaitement louable, je vais tenter de me justifier.
J’ai récemment acquis pour un prix très modeste un AQPS (98% pur sang) réformé des courses de steeple car considéré comme rétif et dangereux, s’arrêtant devant les obstacles et ramenant systématiquement les jockeys et apprentis aux écuries. Après quelques mois d’éducation essentiellement sur le plat, le cheval peut maintenant enchaîner des obstacles de CSO sans la moindre mise en résistance lors des rééquilibrages, dans une totale décontraction autorisant le contrôle de la masse du cheval sur un contact léger et l’ajustement de l’équilibrage en fonction de la place de battue par rapport à l’obstacle. Les sauts sont basculés et les rênes reste en permanence fluides. Le cheval est éduqué en filet simple, en l’absence de tout enrênement et je n’utilise pas d’éperon. Le cheval prenant 7 ans en 2005, je saute rarement et veille à ne pas monter les barres (jamais plus d’1m30), afin de préserver son intégrité physique. Extrêmement discipliné au travail, ce cheval doté d’une énorme personnalité reste particulièrement gai et frondeur en dehors. Il est bien dans sa peau et fait l’unanimité à l’écurie pour sa gentillesse et son sens de l’humour. Lors de l’éducation je lui ai parlé beaucoup afin de lui faire comprendre ce que j’attendais de lui et il n’a jamais reçu le moindre coup de cravache. Ce cheval considéré comme dangereux et irrécupérable dans le monde des courses est devenu en quelques mois un compagnon de plaisir intense et qui peut-être participera à des épreuves de CSO de haut niveau dans quelques années.
Ai je soumis ce cheval ou bien ai-je communié avec lui ? Peu importe. Tout est question de terminologie et au delà des mots, seul le résultat est important. Il effectue le travail que je lui propose, qui n’est pas simple, et manifeste une coopération généreuse me permettant de véritablement déguster les sauts qu’il réalise, tout en restant un bout en train dans sa vie communautaire. Il me rend heureux et lui-même exprime en permanence la joie de vivre et pour moi c’est l’essentiel. Au delà des discours, aussi lyriques puissent ils être, il est essentiel non seulement d’avoir des sentiments affectifs pour son cheval, mais mettre à sa disposition la compétence technique nécessaire afin d’éviter de l’outrager en permanence involontairement . Pour ma part, je dois tout à Monsieur Jean d’Orgeix qui m’a permis, par ses conseils avertis, d’accéder au bonheur dans le cadre de la préparation du cheval de CSO.
En fait, dans le cadre d’une explication assez technique, au-delà de toute considération philosophique, j’ai simplement réutilisé les termes couramment utilisés par Jean d’Orgeix. Les épreuves de CSO de haut niveau étant particulièrement techniques (ligne de gros obstacles à fausse foulée par exemple), Jean d’Orgeix considère que le cheval doit être en totale soumission, obéissant immédiatement et généreusement aux ordres de son cavalier. Le cheval doit être le prolongement du cavalier. Jean d’Orgeix nous enseigne que toute initiative du cheval est à proscrire lors de tels parcours. J’adhère personnellement pleinement au discours de Jean d’Orgeix qui par ailleurs reste sans égal sur le plan de la psychologie du cheval. La précision mathématique exigée lors de parcours de Grand Prix exige bien une soumission ou si vous préférez une coopération pleine et entière du cheval.
Quand aux résistances susceptibles d’être manifestées lors de l’éducation d’un cheval ou lors d’un parcours de CSO Grand Prix, j’ai également repris les termes employés par Monsieur d’Orgeix et qui me paraissent totalement pertinents. Il est parfaitement normal, comme le fait un enfant, qu’un cheval, par simple incompréhension ou par mauvaise humeur tente de transgresser la règle qu’essaye de lui inculquer son éducateur. Il essaye alors de sortir du cadre de travail mis en place par son éducateur. Celui-ci doit simplement lui demander poliment en résistant de rester dans le cadre de travail proposé. Et non pas comme la plupart du temps en tirant, action qui offense la bouche du malheureux cheval et se poursuit quand le cheval cède à la demande. D’où l’avantage énorme de la position préconisée par Monsieur Jean d’Orgeix.
J’ai personnellement des chevaux de CSO, d’origine réputée difficile (Papillon Rouge et mère par Turner (Pur Sang)), qui plus est des entiers. Ces athlètes de 600 kgs, seigneurs hyper actifs, manifestent parfois l’envie d’aller régler des comptes avec un brave cheval ou prouver leur virilité à la jolie jument d’à côté. Il convient alors de résister à leur velléité soudaine d’indépendance en les empêchant de sortir du cadre et transgresser la loi. Affirmer le contraire me paraît être de l’angélisme.
De même, les meilleurs cavaliers de CSO mondiaux comme John Whitaker, Ludger Berbaum ou Rodrigo Pessoa sont obligés, compte tenu de la technicité des parcours de CSO actuels, d’effectuer des reprises ponctuelles très fermes pour remettre leurs chevaux sur les hanches, avant une difficulté.
Personnellement, confidence pour confidence, si vous êtes chagrinée par certaines expressions appliquées aux chevaux, je suis profondément choqué par le fait de considérer comme parfaitement anodin le fait de recourir couramment à la castration des chevaux et même des chevaux d’âge. En fait cette mesure, couramment pratiquée par les éleveurs et propriétaires sans le moindre état d’âme, permet d’adapter ces pauvres bêtes à l’incompétence de leur futur propriétaire en les transformant en véritables esclaves. En leur supprimant ainsi leur pouvoir de résistance, il est en effet beaucoup plus facile de communier. Je considère pour ma part que cet acte, loin d’être anodin est d’une rare violence, entraînant, comme j’ai eu l’occasion de le constater, des traumatismes psychologiques énorme chez un être à l’origine fier.
De même, je suis également révolté par tous les propriétaires amateurs qui revendent leurs chevaux, sans le moindre regret, comme de vulgaire tas de ferraille, souvent sous le prétexte surréaliste qu’ils ne seraient pas au niveau de leur équitation. Alors qu’en réalité ils exploitent ces pauvres bêtes à 15 % de leur capacité, compte tenu de la médiocrité de leur niveau. Ces personnes feignent d’oublier qu’un cheval, tout comme un être humain, a des sentiments, est attaché à un lieu, à un autre cheval, voire à son cavalier. Vendre son cheval c’est le trahir et se foutre éperdument du sort souvent funeste qui lui sera réservé en fin de vie quand il ne sera plus « utilisable ». Cela en dit long sur la façon dont la plupart des cavaliers amateurs et professionnels, qui souvent encensent leur jouet dans le cadre de leur « exploitation », considèrent en réalité ces pauvres victimes. Personnellement je n’ai jamais revendu un cheval de ma vie. Ils me procurent le bonheur et je leur dois de leur assurer une fin de vie heureuse. J’essaye de démontrer que la haute compétition et le respect du cheval ne sont pas incompatibles.
Bien amicalement,
Dominique
(par Dominique DURAND)
Nous sommes sur la même longueur d´onde... Et je collectionne aussi les vieillards et pendant longtemps (28 et 18, 9 et 2 ans). Après tout, je vieillis aussi et même l´ancêtre (qui n´est plus monté depuis 2 ans) apporte sa contribution en éduquant la jeune péronnelle et en inculquant sans risque les "bonnes" manières à mes enfants...
C´est clair qu´il faudra se serrer la ceinture quelques temps s´ils se décident tous à faire de vieux os, c´est aussi un choix que j´assume. La relève attendra !
(par nathalie)
Bonjour,
Si pour vous, le cheval dans un parcours, ne doit prendre aucune initiative, comment expliquez vous le fait qu´aux JO, un cheval (dont je ne me souviens plus du nom) dont le cavalier (ne me demandez pas son nom, à mon âge, on commence à perdre la mémoire :) avait mal calculé la trajectoire sur une option a sauté la spa au niveau des chandeliers, contre toute attente de son cavalier à en juger par sa position à l´abord et au dessus de l´obstacle, le cheval prenant sur lui l´effort nécessaire à la réalisation de ce saut venant mal ?
StephE
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Hello,
If for you, the horse in a route(course), has to take no initiative, how explain you the fact that to JO, a horse (who(which) I do not remember any more the name) of whom(which) the rider (do not ask me for his name, at my age, we begin to lose the memory:) Had badly calculated the trajectory on an option jumped the spa at the level of candlesticks, contrary to all expectations of his(her) rider judging by his position in the access and above the obstacle, the horse taking on him the effort necessary for the realization of this jump coming badly?
StephE
(par StephE)
Merci pour ses propos et bravo. Je vous suis à 100%. Je confirme les propos de Dominique sur son cheval dont un ami m´a parlé la semaine dernière....
(par Antoinete)
Mon cher Dominique,
Quel dommage, au milieu de vos interventions techniques de grande qualité (ouverture pour moi, vers de nouveaux thèmes de reflexion) de lire que "le cavalier doit avoir une capacité de RESISTANCE quand un cheval a quelque VELLEITE D´INSOUMISSION en VOULANT sortir du cadre... ou que les cavaliers sont soumis à des RESISTANCES MULTIPLES de la part de leur chevaux qui nécessitent une capacité de RESISTANCE en particulier lors de l´éducation de chevaux de sang."
Ces termes négatifs sont porteurs d´un procés de mauvaises intentions fait aux chevaux et je pensais que nous avions, tous, ici, dépassé ce stade, que notre INTENTION de cavaliers n´était pas une VOLONTE de SOUMISSION du cheval mais bien une quête de COMMUNION.
Je vous redis donc mon expérience des chevaux prés du sang (15 ans de CSO et 10 ans d´élevage et d´éducation d´anglos et pur-sangs): leurs résistances sont leur SEUL moyen de sanctionner une faute du cavalier. Il conviend alors de se remettre immédiatement en question et, loin d´aller CONTRE son cheval (d´opposer une vaine résistance), de se décontracter pour le décontracter, le laisser fontionner, avant de lui représenter sa demande selon ses moyens et ses goûts ( CSO, dressage, maîtres allemands, latins, avec ou sans selle...)
L´une de nos championnes d´endurance, en route pour Dubaï disait récemment de son pur-sang arabe:" Quand il ne veut pas, je ne le force pas".
L´ostéopathie,l´éthologie,la biomécanique, les techniques de travail mental doivent compléter la connaissance des traités techniques.
Je reprends donc les mots de Sylvie Anduze-Acher "Le plus important est de sentir avant de ressentir et de développer le sentiment avant tout"
Et si, avant de monter Steinbrecht, Oliveira ou d´Orgeix on apprenait à monter "Cheval"?
Pour conclure, et malgré mes récents déboires sur ce forum (je dois être un peu anglo quelque part!) je ne peux m´empécher de chahuter un peu Steinbrecht (dont je possède l´ouvrage) : dois-je comprendre que pour ne pas être dégouté de la vie, il suffit de ne pas monter le dimanche? lol...
Amicalement,
Catherine.
(par Catherine Poder)