La main et les jambes
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Bonjour toutes et tous,
Marit fait des remarques intéresantes concernant la main, et la priorité qu'elle semble avoir dans l'esprit, ou peut-être plutôt dans les réflexes instinctifs, du cavalier.
Je propose d'y consacrer une discussion spécifique.
Je suis moi aussi fasciné de voir à quel point les discussions sur la main sont prédominantes dans les forums, alors que suivant le mot si juste de Gustave Le Bon, «La grosse difficulté, en équitation, n'est pas d'apprendre à se servir des rênes, mais plutôt d'apprendre à s'en passer, ou tout au moins à s'en servir très peu.» Le dialogue entre la main et les jambes de Baucher délivre bien sûr un message très proche
Une observation banale: à pied, en voiture, à vélo, c'est aux jambes qu'on fait appel pour le mouvement, les mains étant libres pour d'autres tâches comme par exemple, à vélo comme en voiture, la direction.
Il s'agit peut-être d'une réalité anthropologique, c'est-à-dire découlant de la constitution de l'homme lui-même.
Pourquoi n'arrivons pas plus facilement à mettre cette réalité en œuvre en équitation?
amitiés,
Jean M
Bonjour Jean,
Une observation banale: à pied, en voiture, à vélo, c'est aux jambes qu'on fait appel pour le mouvement, les mains étant libres pour d'autres tâches comme par exemple, à vélo comme en voiture, la direction.
Tiens! Moi qui pensais que les mains ne servaient pratiquement à rien pour diriger le cheval. L'intention qui provoque, presque à l'insu du cavalier, une micro gestuelle à laquelle répond (presque également à son insu) la monture, ne suffit-elle pas à assurer la direction?
Que reste-t-il à la main? Tenir les rênes...
...Avec un ajustage savamment réglé pour indiquer en gros la hauteur de la nuque dans une situation précise.
Pour conserver un doux contact, pour parler à la bouche. La main évite également qu'on ait à accrocher directement l'extrémité des rênes aux pattes d'épaule de notre veste (çà pourrait marcher tout aussi bien ainsi pour contrôler l'équilibrage, mais en moins pratique).
Finalement, même à minima, les mains ont quand même un petit travail à faire. Il vrai que les sujets sur la main ont du succès.
A l'inverse, les sujets portant sur l'aplomb, l'assiette et leur rôle absolument fondamental semblent peu populaires. Répugnerait-on à parler de ses fesses (qui s'ouvrent, qui se ferment selon, j'allais dire, les besoins)?
Ce que l'on pourrait appeler "l'ensemble des aides secrètes" représente-t-il un tabou si effrayant? Il est vrai qu'évoquer la contraction ou le relâchement de l'anus fait moins élégant que de s'étendre sur la main savante...
Amicalement
CC
Bonjour à vous,
Sacré Christopher, l’image de l’action des fesses est un peu forte, voire prosaïque… J’en rajouterai encore en disant que l’assiette pousse…
Et comme l’on est à cheval, l’assiette retient aussi (en modifiant, diminuant l’accompagnement…)
Concernant les mains l’approche de Olivier est plausible, les habitudes prises au début de l’équitation peuvent nuire ensuite.
Un autre point de vue concernant une autorité trop forte sur le cheval, guidée sans doute par le fait que l’on exige en pensant que la réponse du cheval ne se produira pas sans cela.
La difficulté de laisser faire le cheval est rencontrée par beaucoup.
A priori les adeptes de la légèreté à cheval ne rencontrent pas cette difficulté, car pour y parvenir assurément il est primordial que le cheval exécute lui-même ses mouvements
Marit en parlant des mains m’a rappelé cette phrase, lue dans un livre traitant des compagnons/artisans, et disant que l’homme primitif a vu son intelligence se développer à partir de l’instant où il a commencé à créer avec ses mains… Il faut que le débutant en prenant de l’assurance ressente le besoin de modifier le comportement de ses mains au fur et à mesure qu’il s’ent son équilibre s’améliorer sur le cheval en mouvement. (Le lien avec la phrase précédente est un peu poussé !)
Amicalement.
Olivier, je suis bien d'accord; j'ai pris ces exemples du vélo et de l'automobile parce qu'ils ont été fabriqués par l'homme, qui a assigné un certain rôle aux mains et aux jambes, rôle qui me paraît symptômatique.
Mais comparaison n'est pas raison, bien sûr. Et que l'équitation soit plus difficle pour ces raisons que vous évoquez, il n'y a pas de doute!
Christopher, la «micro gestuelle», je suis pour. Mais le cheval a ses niveaux de perception, ce qui nous semble relever du micro est pour lui souvent assez, encore plus souvent trop.
Et puis, de même que les jambes commencent aux hanches (je vise plus haut que vous...), les mains commencent aux épaules (proposition peu pertinente, sans doute, pour les inconditionnels des flexions...).
Proposition très pertinente au contraire puisqu'une crispation de l'épaule se ressentira jusque dans la main et par là même jusque dans la bouche du cheval (et ce même si vos rênes sont flottantes !) et que des hanches fermées ( si courantes pourtant !) ne permettent pas de laisser passer ce qui est demandé par les jambes et l'assiette qui perdent ainsi une part et d'action et de précision .
je crois beaucoup à l'intelligence de la main et aussi à celle des fesses( enfant j'entendais dire aux anciens qu'il fallait avoir la fesse intelligente .)
En équitation comprendre c'est sentir et c'est donc un apprentissage des sens avant tout qui doivent s'affiner afin de percevoir la juste mesure de l'action ( pour se rapprocher de la mesure propre à chaque cheval , mesure différente selon le jour la disponibilité physique du cheval , du cavalier , l'état émotionnel etc )
je suis d'accord que nous sommes souvent grossiers en regard de la sensibilité équine ( il n'y a qu'à voir un cheval réagir à l'effleurement d'une mouche pour se rendre compte combien nous sommes indélicats)
Je bouscule volontiers la hiérarchie due à la bonne main :
La « fesse intelligente » enlève la vedette aux mains et aux jambes en les obligeant à la discrétion. Peut-on parler alors de la « fesse absolue » ?
Il est vrai que le comportement des mains dépend beaucoup de la qualité de l’assiette du cavalier…
Gustave Le Bon, cité par Jean M.B. «La grosse difficulté, en équitation, n'est pas d'apprendre à se servir des rênes, mais plutôt d'apprendre à s'en passer, ou tout au moins à s'en servir très peu.»
C’est donc par le travail de l’assise du cavalier qu’il faut commencer…
Bonsoir.
Jean M. B. écrit:
Marit fait des remarques intéresantes concernant la main, et la priorité qu'elle semble avoir dans l'esprit, ou peut-être plutôt dans les réflexes instinctifs, du cavalier.
Bon sang Jean, ce n'est pas une vue de l'esprit. Dès qu'homme souhaite faire un travail de précision, il se sert de ses mains, pour évacuer des tensions, il se sert de ses mains, pour se rattraper il se sert de ses mains, pour prier il se sert de ses mains.
Maintenant la symbolique de la main (ne met pas tes doigts dans le nez c'est malpoli) a surement contribué à ce que le cavalier, pour élever son travail à cheval, cherche la communication avec un correspondant, organe du cheval qui soit à la hauteur de son "travail" et de la symbolique élevée qu'il lui attribut.
La bouche était toute désignée et la suite toute tracée : "prendre la bouche du cheval comme la main d'un enfant" etc...
Mais si un cheval peut se maintenir dans son air en descente de main, n'est ce pas que cette main ne lui est somme toute pas aussi nécessaire que celà ? Au cheval j'entends.
Hmmm.
Si le cheval parvient à se maintenir quelques foulées dans la descente d'assiette, c'est peut-être encore mieux.
Mais ceci est une autre histoire.
Désolée, je reviens, un truc qui me fait rigoler.
Bon on grimpe sur le cheval.
Fort bien.
Cependant de là haut on est dans une bien étrange posture : Le cheval nous tourne le dos.
Pour se faire transporter, point de soucis. On se maintient dans l'utilitaire, l'homme qui domine l'animal.
Ca se corse à partir du moment ou on veut faire un art, du fait de chevaucher. Symbiose, communication, complicité... avec un interlocuteur qui vous tourne le dos c'est pour le moins.. gênant.
Vous trouvez ça grandiose vous, un chimpanzé sur le dos de sa mère ?
Qu'à cela ne tienne ! et hop : on "embrasse"... la bouche du cheval (et oui de la main à l'épaule c'est le bras). On pianote, on caresse, on idéalise la posture (le centaure) et tutti quanti.
Ouf on a sauvé la posture du ridicule et l'art est sauf.
Bonne nuit !
Dans le fond, je me pose souvent la meme question.....:quel est mon droit, en tant qu'etre vivant, de m'imposer a un autre....
L'art et le respect, une facon "humaine" de monter a cheval , la descente des mains et des jambes, fait que la question torture un peu moins, mais chaque jour je me pose cette question.
Au fond, je pourrai mettre ma jument au pre et la laisser tranquille vivre sa vie de cheval. ne serait ce pas le vrai respect et le vrai amour? pourvoir au besoins de la belle sans lui imposer les miens ?
Nous sommes cavaliers par "dependance", quelque chose nous manque dans la vie et nous le retrouvons a cheval...
Jean,
D'une part, s'il s'agit de se maintenir en équilibre loin du sol (sur une bicyclette ou sur un fil par exemple), l'usage des mains (pour se tenir, faire le balancier...) devient nécessaire au commun des mortels et seul une pratique assidue et l'accession à un équilibre "supérieur" en libère (partiellement).
D'autre part, dans vos exemples il ne peut y avoir opposition de 2 volontés, entre le cavalier et le cheval, si. Hissé sur un être vivant autonome, souvent sans y avoir été préparé, il est très naturel d'avoir recours à la main pour se tenir, "contrôler" et se "rassurer".
Tout ça pour dire que sauf à apprendre à monter longé pendant un certains temps avant d'être lâché sur un cheval vraiment dressé, le premier réflexe du nouveau cavalier sera toujours de s'accrocher aux rênes.
Une fois le mauvais réflexe acquis, il ne nous reste plus qu'à désapprendre Et pour désapprendre, à part travailler encore et encore l'assiette, que faire ?