La hauteur relative du garrot
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Bonjour,
je vous avais promis mon point de vue sur la hauteur du garrot, le voici:
Traditionnellement, nous fixons nos regards sur la hauteur du garrot du cheval ; ce point où on le toise se tenant nu au carré sur un sol ferme et plat.
Pour moi, « la hauteur relative du garrot » a toujours été un bon indicateur sur la condition ou les progrès du cheval ; sa constance ou sa moindre croissance me montrait un cheval prêt à bien travailler ; sa diminution, même infime, modérait mon entrain.
Par hauteur relative, j’entends la différence entre le sommet du garrot et celui de chaque épaule d’un cheval nu se tenant au carré ; si cette différence n’est pas égale des deux côtés le cheval est tordu ; donc, il faut chercher la cause de la torsion et l’éliminer, si possible.
En tous cas, il ne faudra jamais demander au cheval plus de flexions dans le travail du côté contracté que celles que nous serons capable d’obtenir dans le travail du côté étendu.
Le garrot est formé par le sommet des 3 ou 4 apophyses des vertèbres thoraciques les plus longues. En gros, le devant du thorax est soutenu par des muscles très tendineux attachés aux faces externes du milieu des côtes et aux faces internes proches du sommet des épaules ; le devant du thorax est aussi soutenu par les muscles pectoraux.
La hauteur relative du garrot est positive si le garrot est plus haut que le sommet des épaules ; elle est négative dans le cas contraire ; ce genre de garrot enfoncé vient surtout de très courtes apophyses, parfois du manque de tonus des pectoraux, et rarement de la mollesse des muscles du dos qui soutiennent simultanément les épaules et le thorax.
La hauteur du sommet des épaules du cheval est la somme de plusieurs éléments associés à la conformation de chaque antérieur ; éléments qui doivent être analysés de bas en haut, et comparés pour confirmer la symétrie de leurs aplombs :
- la hauteur et la forme des sabots, avec ou sans fers, de la pince jusqu’aux talons
- la position et la forme des couronnes
- la position, la forme et la longueur des paturons
- la position et la forme des boulets
- la verticalité, la forme et la longueur des canons
- la position et la forme des genoux
- la verticalité et la longueur des bras
- la forme et la position des pointes des coudes (décollées ou serrées contre la cage thoracique)
- la position et la longueur des avant-bras
- la hauteur et la position des pointes des épaules (encadrants le poitrail)
- la longueur, la forme et la position des épaules (soutenants la cage thoracique).
Les changements de la hauteur du sommet des épaules du cheval altèrent la hauteur du garrot ; mais ils affectent très peu la hauteur relative du garrot. La hauteur relative du garrot augmente surtout lorsque les muscles qui soutiennent le thorax sont bien développés, symétriquement. Ces muscles se développent au mieux dans le travail des flexions latérales jusqu’aux appuyers ; sans oublier de ne jamais demander plus de flexions dans le travail du côté contracté que celles que vous pourrez obtenir dans le travail du côté étendu.
Bien amicalement,
Michel Kaplan
Post edited by: KAPLAN, at: 2010/04/28 21:31
En attendant le visite de Michel, je relis son message.
Michel écrit :
La hauteur relative du garrot est positive si le garrot est plus haut que le sommet des épaules ; elle est négative dans le cas contraire ;
Pour ma part, je n'ai jamais vu de garrot à "hauteur relative négative". Peut-être cela existe-t-il chez certains sujets de race lourde ?
Cependant, je n'ai pas tout vu et serai très heureux si quelqu'un pouvait fournir une photo ou plus d'explications en attendant le passage de Michel sur le forum.
Cordialement, bruno
Bonjour Bruno,
Vous avez raison de chercher à comprendre le comportement du garrot dans la locomotion du cheval. C’est un sujet intéressant qui a l’air d’être mal documenté.
A priori, je ne vois pas de référence sur la mobilité des vertèbres du garrot dans ma bibliothèque (qui n’est pas vraiment à jour) ; et, je n’ai pas senti cette mobilité dans mes manipulations des chevaux. Je la considère minime par rapport à la mobilité longitudinale et latérale des autres vertèbres dorsales.
Au fait, j’ai évalué et manipulé deux chevaux qui avaient eu leur garrot fracturé ; soignés, ils ne montraient aucune gêne dans leur locomotion, montés ou pas ; l’un d’eux était un cheval d’obstacle qui s’était renversé complètement ; les 3 ou 4 cm du sommet de son garrot étaient complètement couchés vers la gauche ; le vétérinaire en charge avait conseillé de laisser son garrot tel quel ; en plus des anti-inflammatoires prescrits, il avait suggéré que je vienne redresser le reste de son corps, surtout son pelvis. Ceci fait, après 5 ou 6 semaines de soins et de convalescence, il reprenait son entraînement à l’obstacle sans aucune gêne apparente ; et, sans les rênes coulissantes qui avaient été la cause de son accident.
Hier, j’ai déjeuné avec ma fille, elle est d’accord avec mes observations. Elle a vu elle-même un cas de garrot complètement écrasé sans aucun effet sur la locomotion du cheval.
Malgré son « tape-à-l’œil », le garrot est un « trompe-l’œil » ; il n’est pas « la clef de voûte de l’architecture du corps du cheval » ; il coiffe seulement les vertèbres sur le corps desquelles des muscles positionneurs de l’encolure et du tronc se branchent ; on peut même dire, s’ancrent.
Amicalement, Michel
Bonjour Bruno,
J’ai besoin de prendre mon temps pour bien réfléchir avant de présenter et documenter mes messages ; je ne peux plus me fier à ma mémoire.
Hier, ma fille était ma priorité ; Dimanche elle retourne pour 3 semaines en mission à Haïti.
De plus, j’ai pu apprécier sa confirmation sur le sujet du comportement du garrot.
J’ai vu des chevaux sans garrot, hauteur relative = zéro, sur des poneys trapus et des chevaux de trait.
J’ai vu des garrots enfoncés, hauteur relative < zéro sur des chevaux accidentés ou rachitiques ; aussi, sur des poneys trapus trop gros.
Amicalement, Michel
Bonsoir Michel,
Je suis un peu surpris : ce n'est pas parce que les vertèbres du garrot sont moins mobiles que les autres qu'il faille les ignorer.
Pour ma part, j'ai vu des garrots "noyés" chez des chevaux de trait et d'autres dont personne ne connaissait les origines .....
Mais des garrots "hauteur zéro" ou "négative" : jamais !
Mis à part cette classe assez rare, on rencontre souvent des garrots hauts et courts et aussi des garrots longs.
Après examens avec un ami vétérinaire équin, nous nous sommes rendus compte que la forme du garrot (long ou court) provenait de l'inclinaison des apophyses épineuses plus ou moins prononcée et de leur hauteur mais pas du nombre de vertèbres mises en jeu.
Autre constatation : les apophyses des garrots courts sont moins enclines à s'ouvrir par une pression verticale donnée au passage des sangles.
Notons bien qu'un blocage vertébrale (perte de mobilité) au garrot fait trébucher le cheval et le gène considérablement dans l'appuyer et l'EEDD.
Voila les principaux éléments pour la partie descriptive.
Si nous sommes d'accord sur ces bases, nous aborderons la locomotion.
Mais :
Malgré son « tape-à-l’œil », le garrot est un « trompe-l’œil » ; il n’est pas « la clef de voûte de l’architecture du corps du cheval » ; il coiffe seulement les vertèbres sur le corps desquelles des muscles positionneurs de l’encolure et du tronc se branchent ; on peut même dire, s’ancrent.
Si vous me le permettez, nous en parlerons.
Amicalement, bruno
Message édité par: BLB, à: 2010/05/01 09:48
Bonsoir Bruno,
Merci pour vos précisions auxquelles je réponds point par point.
"Je suis un peu surpris : ce n'est pas parce que les vertèbres du garrot sont moins mobiles que les autres qu'il faille les ignorer."
- Eclairez-moi ! Mes observations ont étés moins spécifiques que les vôtres ; dans mes manipulations, je n’ai pas détecté des flexions latérales des vertèbres du garrot ; et, je n’ai pas eu l’occasion de noter un allongement ou un raccourcissement du garrot.
« Pour ma part, j'ai vu des garrots "noyés" chez des chevaux de trait et d'autres dont personne ne connaissait les origines .....
Mais des garrots "hauteur zéro" ou "négative" : jamais ! »
- Garrots ‘noyés’ est une meilleure description que garrots ‘enfoncés’ ; en effet, la chaire grasse donne l’impression que la hauteur relative du garrot est négative ; mais, anatomiquement le sommet squelettique du garrot est plus haut que celui de l’épaule.
« Mis à part cette classe assez rare, on rencontre souvent des garrots hauts et courts et aussi des garrots longs.
Après examens avec un ami vétérinaire équin, nous nous sommes rendus compte que la forme du garrot (long ou court) provenait de l'inclinaison des apophyses épineuses plus ou moins prononcée et de leur hauteur mais pas du nombre de vertèbres mises en jeu. »
- OK
« Autre constatation : les apophyses des garrots courts sont moins enclines à s'ouvrir par une pression verticale donnée au passage des sangles.»
- J’ai pressé souvent le passage des sangles au niveau du ventre pour inviter le cheval à arrondir son dos ; je me souviens d’avoir vu l’arrière du garrot se soulever un peu, mais je n’ai noté ni une ouverture du garrot, ni sa tendance à se coucher.
« Notons bien qu'un blocage vertébrale (perte de mobilité) au garrot fait trébucher le cheval et le gène considérablement dans l'appuyer et l'EEDD. »
- Je crois qu’un blocage vertébral au garrot gênera la locomotion du cheval, seulement lorsqu’un nerf est pincé entre deux vertèbres.
« Voila les principaux éléments pour la partie descriptive.
Si nous sommes d'accord sur ces bases, nous aborderons la locomotion. »
- Allons y ! Je suis toujours ouvert au progrès. Et, je n’ai pas peur d’avoir tord. Mon prof de Math Sup. disait que je faisais des erreurs, mais que je ne les répétais jamais. Mais, à mon age et dans ma condition tout peu changer.
Amicalement,
Michel
Un petit "échantillon":
pur-sang, apaloosa, espagnol(jeune), poney
Bonsoir Michel,
Merci de votre réponse et soyez assuré que je ne recherche pas la confrontation des idées mais plutôt un échange enrichissant.
En effet, il est difficile de s'exprimer en dehors de la présence d'un cheval. Ce que je vous dis à partir d'une poussée verticale au passage des sangles est sans rapport avec ce geste produit au niveau du ventre.
Je voulais a priori m'assurer que nous étions sur la même "longue d'onde". Nos divergences sur une "lecture du garrot" mériteraient la présence d'un cheval.
Je continuerai ce propos et cette démonstration, cheval en main comme témoin, le 20 juin à Donnemarie-Dontilly (Seine et Marne), à l'invitation d'Yves Katz. Qu'il en soit remercié ....
Finissons les considérations anatomiques, avant de passer à la dynamique:
TROP RAPIDEMENT exposé : deux formes de garrots retiennent mon attention :
les longs et les courts.
LES LONGS :
Très souvent, un garrot long s'accompagne aussi d'une hanche longue et oblique. Ce n'est pas mathématique mais révélateur d'une harmonie naturelle.
A garrot long suit souvent une épaule oblique. (Ce n'est qu'un des éléments constitutifs de l'obliquité)
LES COURTS :
Un garrot haut et court chez un sujet est accompagné d'une hanche courte, assez horizontale.
À garrot court suit souvent une épaule droite.
OBSERVATIONS DE LA TRANSITION ARRÊT/PAS.
LES LONGS :
A l'instant de la transition, notre cheval (s'il n'a pas été détruit par son cavalier) engagera le mouvement par une poussée du postérieur (propulsion) et simultanément, d'un soutien du bout de devant (garrot) suivit d'une abduction longitudinale de la jambe, le genou ne fléchissant que très peu. On s'aperçoit alors que la partie haute du scapulum se déplace copieusement vers l'arrière (sous la selle) et que la pointe de l'épaule avance. on dit que le geste "part de l'épaule"
LES COURTS :
Notre cheval, au naturel, a une locomotion du genre "tractive". Dans cette transition, le geste commencera par un appui de l'antérieur au sol puis, une élévation du genoux de l'antérieur opposé et enfin : traction et propulsion pratiquement simultanée. Le mouvement part alors du genou.
Je pense que tout le monde a compris que le garrot n'est pas un artifice superfétatoire, un « tape-à-l’œil », un « trompe-l’œil » ; s'"il n’est pas « la clef de voûte de l’architecture du corps du cheval », il en est un des constituants.
Le garrot : C'est aussi pour l'homéopathe un identificateur de tempérament : Ceci permet de connaître a priori les grandes lignes des points forts et faibles de son cheval pour éviter les amalgames anthropomorphiques catastrophiques.
Un cheval "synchrone" en bonne santé fonctionne ainsi selon Upledger (ostéopathie crânio-sacrale): l'encolure et le garrot montent vers l'avant ; le bassin baisse vers l'arrière.
Résultante, le dos monte.
On peut alors considérer le fonctionnement de l'épaule et du garrot et leurs exigences mécaniques. Entr'autres, avec la flexion impulsive.
Ce n'est hélas que trop brièvement énoncé.
Cordialement à tous, bruno
Message édité par: BLB, à: 2010/05/02 22:25
Bonjour Bruno
Je crois que nous sommes sur la même longueur d'onde ; nous voulons enrichir la connaissance du cheval, pour mieux le comprendre et pour que les cavaliers de notre audience puisse jouir de sa coopération dans le travail dans la légèreté.
Avez-vous bien lu ce paragraphe dans mon message?
- J’ai pressé souvent le passage des sangles au niveau du ventre pour inviter le cheval à arrondir son dos ; je me souviens d’avoir vu l’arrière du garrot se soulever un peu, mais je n’ai noté ni une ouverture du garrot, ni sa tendance à se coucher.
Je crois que cette observation s'applique aux deux cas extrêmes de conformations que vous prenez en exemples et à tous les cas que j'ai montés, observés et manipulés. Cette pression stimule le soulèvement du dos et le cheval commence à s’arrondir.
Je reste convaincu que ce sont les corps des premières vertèbres thoraciques, y compris les corps des vertèbres du garrot, qui forment la clef de voûte de l’architecture du corps du cheval.
Pourquoi ? Pour les raisons que j’ai déjà citées ; aussi, parce que plus la hauteur relative du garrot grandit plus le geste des antérieurs se libère et vient plus facilement de l’épaule ; les garrots apparemment courts deviennent plus longs.
L’observation homéopathique que vous citez reste valable ; car les chevaux qui ont une bonne hauteur relative du garrot exercent symétriquement moins de pression sur leurs premiers nerfs rachidiens thoraciques et surtout sur les 8eme et les 7eme nerfs thoraciques -entre autres- qui se rejoignent aux plexi brachiaux.
Un des premiers buts de mes massages et manipulations est de libérer le bout de devant, (i.e.) l’encolure et les antérieurs du cheval ; je suis donc un peu d’accord avec Upledger en tout cas sur le cheval prêt-à-porter.
C’est tout pour aujourd’hui.
Amicalement,
Michel
Bonjour,
je suis ce débat trés intéressant, sachant que le garrot, partie + ou - visible de "l'iceberg" qu'est l'avant main du cheval, peut montrer par sa position du moment, les progrés ou régressions du cheval à l'entraînement.
Le cheval n'ayant pas de clavicule, peut on dire Michel et Bruno qu'il n'existe pas de hauteur absolue du garrot (en relation avec le titre de ce post)?
Michel vous écriviez:
Malgré son « tape-à-l’œil », le garrot est un « trompe-l’œil » ; il n’est pas « la clef de voûte de l’architecture du corps du cheval »
et puis vous écrivez:
"Je reste convaincu que ce sont les corps des premières vertèbres thoraciques, y compris les corps des vertèbres du garrot, qui forment la clef de voûte de l'architecture du corps du cheval."
Que voulez-vous dire?
Je suis bien sûr entièrement d'accord avec la "2eme" version mais mon point de vue est seulement celui d'une cavalière, qui observe ses chevaux les années durant et leurs transformations, visibles même au pré: il grandissent, même aprés 7 ans.
Cela confirme la mobilité du garrot mais dans un plan vertical et non latéral, comme vous l'aviez souligné.
Je pense qu'il est trés important pour l'enseignement de l'équitation de faire passer ce message: là où le cavalier se met en selle, cette partie du dos est trés mobile (avec un cavalier de 65kg, le garrot peut s'enfoncer de 1,5 à 4cm env! Et donc remonter d'autant avec l'entraînement adéquat= Baucher 2eme manière). Sous le troussequin arrière, il ne se passe pas grand chose (à moins de porter un cavalier de 300kg). Ou quelqu'un a t'il pu faire d'autres observations?
Avec mon intervention, j'ai "glissé" un peu en direction du "dynamique". J´espère ne pas avoir introduit trop tôt cette aspect sur votre post Michel.
Amicalement
Pascale
Bonsoir Michel,
Ce descriptif des constituants du garrot est bien présenté et je vous en remercie.
cependant, au stade des discussions "avancées" sur le site, il aurait été bien intéressant d'aborder le fonctionnement du garrot.
En effet, les vertèbres (même celles du garrot) sont mobiles et offrent un jeu articulaire qui s'exprime dans le mouvement.
En fonction de la construction du cheval et donc de son garrot, la locomotion présenterait des différences.
Merci de nous éclairer sur ce point.
Amicalement, bruno