L'éperon
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Christopher, la science equestre n'a de valeur que si elle est assez simple pout permettre a tout le monde d'y acceder. J'ai appris beaucoup plus aux USA (en trente ans) de mes eleves et autres professionels qui n'ont pas de culture equestre dans le sens europeen que de toutes les conversations savantes que j'ai eu avant (je ne les renie pas car elles m'ont ouvert l'espritet m
ont force a me pancher sur les livres que je ne comprenais pas du tout au debut, mais tout le monde faisait un peu semblant de savoir avec un air entendu, sans se pencher vraiment sur les textes :). Je me souviens d'avoir achete "Le Cours D'equitation" de D'Aure, le traite de Baucher, Faverot et Raabe chex Emile Hazan quand j'avais 18 ou 19 ans et je n'ai absolument rien compris. Maintenant, je sais enfin - un peu - de quoi ils parlaient :)
Ici (USA) ils me posent des questions de base qui m'obligent a reflechir et trouver un langage simple que tout le monde peut comprendre et des solutions qui ne reposent pas sur une habilete extreme qui si peu possedent.
Donc revenir a 0 comme tu l'as fait sur cette question de la jambe isolee, c'est fondamental. Et on repart de la pour remplir tout "les blancs" qui ont etes negliges jusque la si il le faut. Apres ca, on aura couvert le sujet et on peut passer a autre chose.
Take care, JP
Hé bien, nous trainions au 36 avenue Georges V à peu prés les mêmes années pour acheter des livres auxquels ne ne comprenions rien. Amusant. Prendre le train puis le métro... Aujourd'hui un clic suffit et, pour les livres introuvables ou hors de prix, la bibliothèque numérique de l'ENE est bien pratique.
Par exemple pour l'usage de l'éperon selon Raabe il suffit de consulter l'ouvrage de son laudateur et commentateur, Etienne Barroil, ici:
http://fonds-ancien.equestre.info/bibliotheque-numerique/livres-et-docum...
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Pour revenir à l'étage zéro (l'auto-défenestration y est sans risque) et en parlant de la pression de l'éperon juste derrière la sangle, des problèmes peuvent se poser: Il faut accepter de sacrifier l'élégance de la position de la jambe à la qualité de l'action de l'éperon. Et donc accepter d'écarter le genou et la pointe du pied même si cela se voit et ne fait pas joli. Impossible de faire autrement sauf à être équipé d'éperons d'au moins cinq centimètres de long (difficiles à trouver à prix raisonnable). Le problème se corse si l'on a de grandes jambes et un cheval étroit de corsage. Voila des petits trucs auquel on se heurte facilement. Mais on sait bien qu'à cheval, il y a toujours des petits trucs agaçants...
A bientôt.
Christopher,
d'abord merci pour me mettre le livre de Barroil sous le nez, je le connaissait de nom sans l'avoir jamais lu. J'ai donc commence hier soir et j'y trouve toute la pratique de l'Endotapping decrite en detail, moins les principes sous-jacents. Barroil explique ce que Raabe avait simplementr effeure dan son livre (tel que le connais, presente par Decarpentry) a propos de quelques tapotements pour bouger le cheval lateralement. Barroil lui, utilise le tapotement systematique pour obtenir toutes les flexions (page 11 et suivantes), y compris l'extension d'encolure jusqu'au "nez par terre". Il reflete certainement l'evolution de la pratique de Raabe a la fin de sa vie, chef d'ecole par lui meme qui avait bien fait evoluer les idees de son maitre Baucher.
Barroil page 17: "Flexions d'abaissement, par rênes et cravache. — Lorsque la mise en main s'obtient facilement par les flexions directes, on complète l'assouplissement de l'encolure par des flexions d'abaissement. On abaisse l'encolure, en pesant avec la main gauche sur la rêne gauche de lilet, si l'on est placé près de l'épaule gauche, et en faisant, avec la main droite, des attouchements de cravache sur les reins ou le sommet de la croupe. On pèse sur la rêne droite de lilet quand on est à droite."
L'equilibre (donc la legerete) doivent etre developes en mouvement et la vibration des tapotement de la cravache (ou quelque autre vibration) permet cette relaxation "dynamique" qui peut etre developee ensuite a toutes les allures.
Ma petite "boule rouge" qui preoccupe tant les observateurs superficiels, n'est qu'un outil de travail qui facilite le toucher de la cravache depuis le simple frottement sur un cheval hypersensible jusqu'au tapotement ferme d'un cheval qui reste en etat "d'ignorance" du stimuli (sans l'excitation cree par la laniere qui cingle). Ce qui compe dans l'idee de l'Endotapping, c'est la sequence utilisee et le resultst obtenu, quelque soit l'outil employe.
C'est le vrai sens du travail a pied tel que Raabe l'avait invente (et que tout le monde a repete depuis en oubliant son sens et son origine). Barroil note que les flexions obtenues "par les renes seules" peuvent aider un cheval mal conforme a s'assouplir, mais que leur valeur est perdu quand le cheval se met en mouvement parce que l'ensemble du corps n'est pas engage dans la flexion (c'est a dire la relaxation des muscles precedemment en tension negative - en resistance contre le cavalier). C'est tout le probleme du baucherisme mal compris qui cree la legerete en palc mais ne peuit pas la maintenir en mouvement (d'ou la solution - tres inegale dans ses resultats - de "la separation de la force et du mouvement").
Hier, nous avons debute un jeune cheval sous la selle, Zeus, fils d'Orion (un cheval tres sensible). Il connait deja la longe, la selle, la sangle, les "trucs qui font peur", sacs et bouteilles en plastic attaches aux etriers, etc., il a ete deja tapote et repond a la voix (arret, pas trot, galop), restait a mettre le cavalier dessus. J'ai fait le truc usuel de prendre l'etrier et de le soulever puis de le claquer sur la selle en le poussant energetiquement vers le bas. Tout le monde a deja fait ca sur un poulain, mais j'ai continue jusqu'a ce que cette "vibration" relaxe le cheval et qu'il mette le nez par terre, pas seulement qu'il s'y habitue et l'ignore.
L'etrier (ou l'appel de langue, ou de siffler la Marseillaise marcher pareil (presque :), du moment qu'on continue avec le stimulus jusqu'a ce que la sequence progresse (resiste, ignore, relaxe, change/bouge). En fait je transfere la technique du tapping a l'appel de langue et les chevaux se relaxe ET avancent avec l'appel de langue. Impulsion et relaxation sont les 2 faces de la meme piece (je ne sais pas si vous dites ca en francais), car le cheval ne peut pas avancer en reponse a notre energie si les les resistances (propres a la nature du cheval) n'ont pas etees dissoutes par la relaxaton (appelez ca "flexions" si vous etes baucheriste).
J'ai place la cavaliere sur la selle sur le ventre et elle l'a tapote avec les mains jusqu'a ce qu'il baisse la tete de nouveau, puis au pas, meme resultat. Elle a passe la jambe (en prenant soin de le toucher abondamment sur la croupe avec son pied pour qu'il se relaxe aussi sur ce contact), et nous sommes parti au pas. Elle l'a ensuite tapote sur l'encolure avec son stick et a tapote dans les etriers avec ses pieds pour reproduire ce que j'avais fait a l'arret. Resultat: le cheval a baisse l'encolure au pas, puis au trot, puis au galop 2 fois de chaque cote, s'est arrete a la voix du trot et du galop (les renes attachees au cavesson sur l'encolure - pas de mors). Il s'est comporte comme un cheval deja monte 20 fois. Ca marche comme ca 99% du temps. De temps en remps il y en a un qui a des idees plus malveillantes (ou simplement plus independantes) et cree un petit probleme, mais, c'est juste une question de temps passe et du nombre de pas a faire pour eviter un probleme.
Je vais donc continuer a lire Barroil, merci encore JP
Pas JP, mais CC....
Barroil eut connaissance des traveaux de Muybridge. Voir ici:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eadweard_Muybridge
Je ne connais pas d'ouvrage plus convaincant (celui d'Etienne Barroil) quant au timing des aides pris dans les allures du cheval.
Un des pères fondateurs d'Allege Ideal, Jean d'Orgeix, a exposé qu'une action de main (d'une main) ne devait pas durer plus d'une demie-seconde. Quel bel éclairage!
Autre point essentiel:
Barroil aide à saisir le sentiment du poser du membre antérieur. Qui saisit, par les fesses, le poser du membre antérieur connait ipso facto le moment de l'engagement du postérieur.
Il m'a fallu des années pour découvrir cela tout seul, empiriquement, dans des sentiers forestiers... Quel temps perdu. Cà remonte à longtemps mais ne sommes-nous pas tous à la recherche du temps perdu? J'ajoute en hommage à une dame que j'aime bien - et qui se reconnaîtra - que le temps perdu n'existe pas mais doit être plutôt regardé comme une richesse...
Mais, un bon enseignant n'est-il pas celui qui, en plus de l'aide à la sensation, donne le goût de la culture équestre?
Amitié par delà la grande marre.
CC
la grande marre.
Dont le marin se "ris" ! ;)
????
Petit divertissement lexical... Rien de plus...
Excellent Olivier !
Pour ma part, l’amalgame entre « cheval mis en main » et « jeune au débourrage », relaxation et décontraction, flexions et endotaping, gymnase équestre et conditionnement mental me mettent sur l’œil…Comme les tours de passe-passe d’un illusionniste…
JP, je respecte votre science et votre expérience équestres, j'apprécie votre enthousiasme et je vous remercie pour tous ces partages.
Mais je crains que vous ne déguisiez certains outils de prise de contrôle mental sur le cheval sous les mots de l’équitation classique, leurre en usage chez les « grands prêtres » de « l’équitation éthologique » en France...
Catherine,merci des compliments, mais je ne fais rien de maqique et encore moins d’illusion. J’explique en fait tout ce que fais avec la plus grande exactitude possible.
La mise en main est une technique de dressage qui peut se faire par la main seule (la moins efficace), ou par la cravache/Endostick ou par l’eperon ou eventuellement par la seule assiette, mes moyens preferes.
Jeunes chevaux au debourrage doivent etre domines par le mouvement en avant et rendus “a l’aise” par la relaxation/decontraction (meme chose). Endotapping est juste un moyen, mais c’est surtout un principe qui, si il est bien compris et bien suivi, rend les aides acceptables au cheval et le dressage plus facile pour tout les 2 partenaires. Il dissout les resistances physiques en relaxant les muscles qui s’opposent au mouvement en avant (les anterieurs arqueboutes par exemple) et creent le bien-etre (relaxation generale) de la meme facon qu’un cheval en grattant un autre. Je sais que vous ne me croyez pas, mais ca ne change rien aux faits J
Gymnase equestre et conditionnement mental vont de pair. Le corps du cheval exprime ses attitudes (veut avancer ou resister, veut fuir ou etre patient) et ses emotions (confiance, peur, nervosite etc.) Quand nous enseignons au cheval a bouger d’une certain facon en response a nos demandes, nous lui appenions aussi a penser, nous avons donc modele son esprit par son education physique.
Voila un exemple. J’ai rentre ce soir un yearling du pre et j’ai decide de le longer a gauche (nous irons a droite demain). Je tend la longe vers la gauche (attachée a une cordelette sous le menton) et il resiste naturellement avec son anterieur gauche (tous les chevaux font ca au depart, et parfois pendant bien trop longemps dans leur dressage si le probleme n’est pas resolu au depart). Je tiens la longe tendue et je le touche sur l’anterieur gauche avec la chambriere autant de fois que necessaires pour qu’il relaxe ce membre et avance. Des qu’il avance, la pression sur la longe disparait instantanement et il vient a moi pour etre recompense. Je repete l’exercise de l’arret au pas, de l’arret au trot, sur le tournant a gauche depuis le trot, chaque fois en disant “viens” et en le recompensant. Au bout du compte, sa resistance naturelle au mouvement vers la gauche (de “l’anterieur frein”) disparait parce qu’elle n’est plus justifiee (plus de mefiance car il est recompense pour s’approcher de moi), il tourne a gauche sur 2 doigts, met son nez a gauche dans le tournant, va au bout de la longe (grand cercle) et revient vers moi sans ralentir avec une liberte complete du mouvement de l’anterieur gauche. Il apprend a galoper en avancant l’anterieur gauche (meme contact de la chambriere sur ce membre) et il est prêt a commencer a avancer depuis le posterieur gauche car celui ci n’est plus freine/bloque par son anterieur lateral associe. La resistance “mentale” au mouvement en avant etait localisee “physiquement” dans l’anterieur gauche. Une fois que la resistance physique est eliminee par la decontraction (et pas par la force appliquée a un cheval qui reste contracte jusqu’a la fin de la lecon), le mental est regle de soi meme et le cheval voudra bien tout ce qu’on veut (la bonne volonte est indispensable au dressage). Quand cette lecon a etee terminee, le poulain me suivait partout sans longe, tant que j’etais a sa gauche. Des que je me suis mis a sa droite, il a eu l’air confus et s’est remis en place pour que je sois de nouveau a sa gauche. Il a trouve un confort moral dans cette position par rapport a moi, car il y recoit une approbation sociale de son “leader”, ce qui est une recompense intrinseque car naturelle au cheval et necessaire a son bien-etre mental et emotional. Un etalon dans le troupeau ne le “dresserait” pas autrement.
C’est de l’equitation naturelle (car correspondant a l’ethogramme social du cheval et son “organisation dynamique”), basee sur une methode classique (la longe), organisee selon les principes du conditionement operant (faible aversif et renforcement positif en abondance comme consequence) et suivant le principe de l’Endotapping (le cheval resiste le stimulus - la longe et les touches de la chambriere en tirant vers l’arriere, puis ignore le stimulus en restant sur place, se relaxe en avancant la tete et en debloquant son anterieur, et finalement en avancant au trot). L’exercise est complete car le cheval fait ce qui est demande (avance vers moi), comprend ce qui est demande (avance juste a la commande de la voix), et aime ce qu’il fait (attitude confiante, respiration reguliere, toucher doux du nez sur le dresseur, volonte de suivre le dresseur meme sans longe). Pour moi, c’est parfait. Vous aurez peut etre une objection philosophique, qui sait?
Je ne deguise rien: l’equitation classique pratiquee par les bons ecuyers donnait les memes resultats: que la volonte du cheval ne fasse plus qu’une avec celle du cavalier et que toutes les actions du cavalier soit suivies instantanement par le cheval. Tous les auteurs serieux ont tous dit la meme chose de Pluvinel a Oliveira: le cheval doit obeir a nos souhaits dans l’instant, simplement parcequ’il pese 5 ou 600 kilos et qu’il peut vous tuer sans effort ou meme sans intention, plus le fait que nous montons pour creer un accord avec lui mais aussi une performance. Une de mes eleves (50 ans) a pris un valdingue aujourd’hui parce que son cheval a marche sur un sac en papier dans le manege et a decide d’avoir peur (il a fait l’idiot toute la lecon parce qu’il faisait tres froid).
Heureusement sa vanite a etee plus heurtee que son physique et elle s’en est bien tiree, mais elle aurait pu aussi bien se fracturer une ou 2 vertebres. Un meilleur controle mental par l’effet d’ensemble lui aurait evite pas mal de courbatures et un risque qu’elle ne peut pas se permettre. La “gentillesse” ou la brutalite du dresseur ne change rien au but du dressage. Tout le monde aime les dresseurs “gentils” et un homme comme Fillis n’aurait plus cours aujourd’hui. La methode que j’emploie (qui est une continuation de la tradition classique qui a produit les meilleurs resultats jusqu’a aujourd’hui) est concue pour rendre la vie la plus agreeable possible au cheval de selle et eliminer les conflits potentiels le plus possible. Mais cela ne change rien au fait que le cavalier doit dominer le cheval qu’il monte ou qu’il tient en main au risque d’y perdre sa vie ou au minimum sa santé. Les salles d’urgence sont pleines de gens bourres de bonnes intentions qui voulaient donner un choix a leur chevaux (et ceux-ci ont fait le mauvais choix, malheureusement). Monter un cheval qui ne s’arrete pas ou ne reste pas immobile par un simple effet d’ensemble (quelque soit la methode utilisee pour l’obtenir) correspond a rouler sur une moto de 1000cc sans freins et avec un guidon tordu. Qui veut faire ca? Certainement pas moi J. J’ai survecu jusqu’a mon age avance sans accidents graves et j’insiste pour continuer comme ca.
Pluvinel, La Gueriniere, Handler, Phodajsky, Beudant, Oliveira, tous des dresseurs “doux” et amoureux de leurs chevaux, sont d’accord sur cette necessite absolue de la dominance (position sociale) du cavalier sur le cheval, c’est a dire son controle mental (sa bonne attitude envers le cavalier) et physique (son obeissance aux aides). Ils considerent aussi que la douceur et les methodes progressives (qui utilisent le moins d’actes de domination possible – lisez actions de force, souvent sans grand resultats) sont les meilleures pour arriver a ce but. Je continue dans ce sens. J’arrive au mental par la relaxation et l’energisation du physique, mais je ne suis pas le premier a penser dans ce sens: chez le cheval, le physique et les emotions dominent clairement le mental.
Au cas ou vous pensiez que je vous leurrais, j’espere que vous etes rassuree. Je ne vends pas de salades a la mode (que vous appelez ethologiques en France, ce qui ferait mourrir de rire Konrad Lorenz) et je dis les choses telles qu’elles sont et telles que je les fait. Nous avons dans mon ecurie 20 etalons et hongres et une dizaine de juments (Andalous, Lusitaniens, Pur-Sangs, Oldenburgs, Holsteiners), ages de 3 ans a 25 ans, tous bien nourris, avec beaucoup de sang et un grand sens de l’humour, qui sont montes 5 ou 6 a la fois dans un petit manege ouvert a tous les vents, des chiens qui rentrent et qui sortent, un chat qui saute sur les murs et apparait comme un diable qui sort de sa boite. Si nous ne nous appliquions pas a garder le controle, mental et physique, de ces chevaux, je passerais ma vie aux urgences.
JP,
C'est cool de le prendre ainsi. Merci à toi, JP. Le forum d'Allege Ideal n'est pas qu'un cénacle mais un espace public consultable par tout le monde et qui peut inviter à la réflexion les plus humbles de nos lecteurs.
A bientôt,
CC