Décès du Colonel Jean-Marie de Croutte
Le mar, 12/05/2015 - 07:48
Une triste nouvelle : nous apprenons le décès de notre ami le Colonel Jean-Marie de Croutte.
Colonel de Cavalerie, fils d'Officier des Haras, Écuyer du Cadre Noir, juge international de dressage, il s'était depuis quelques années éloigné du monde du cheval mais son souvenir y restait très fort. En concours complet il avait participé aux Jeux Olympiques de Tokyo c'est dire son niveau équestre... En dressage, il avait été un des écuyers marquants du Cadre à son époque, compétiteur et dresseur tant pour la reprise de manège que pour celle des sauteurs. J'ai le souvenir très clair d'une anecdote, alors que jeune étudiant nous venions en groupe avec notre professeur d'équitation Mr Pierre Chambry voir travailler les écuyers : Jean-Marie de Croutte faisait piaffer un cheval en main, à l'extérieur, le long du mur des écuries en revenant du manège. Le cheval piaffait bien, l'écuyer le caressait, et à peine caressé le réactivait à la cravache pour recommencer à piaffer. Comme pour moi la caresse était une récompense pour le cheval car il piaffait bien, je ne voyais pas pourquoi aussitôt récompensé il se faisait en quelque sorte réprimander. Bref je n'y comprenais rien …
Demandant à notre professeur le pourquoi, il m'envoya vers l'écuyer, qui finissait son travail, et répondit fort aimablement : « c'est tout simple, quand je le caresse pour lui dire qu'il a bien fait, il s'arrête de piaffer, et je veux seulement qu'il comprenne qu'il a bien fait sans se méprendre sur le sens de la caresse, qui n'est pas un signal de cesser le travail, mais une récompense. » Quelle belle leçon de psychologie animale ! Et si utile pour le dressage …
Sa passion du dressage, le Colonel l'exprima ensuite dans les jurys de concours, toujours prêt aux débats et aux discussions, aux échanges et aux contréchanges, les plus célèbres étant ceux qu'il entretenait à plaisir avec le Colonel de Ladoucette, sur la diagonalisation quasi parfaite ou non du reculer classique, ou sur l'incurvation de l'épaule en dedans. Le jeune juge que j'étais y assistait avec délices. La technique et la théorie de l'équitation étaient avec de tels maîtres toujours illustrées par leurs années de pratique saumuroise.
C'est un digne représentant de la tradition équestre française qui nous quitte. Toutes nos condoléances à sa femme, à sa dernière fille Albane, à ses enfants et à sa famille de la part de l'association Allege-Ideal.