Le "cheval-athlète"
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Se demander comment nos compagnons équins sont arrivés dans notre vie.
Il y a ceux qui nous ont choisis et puis il y a les rencontres « coup de cœur » comme les choix longuement réfléchis à partir de critères précis.
Mais nous avons tous dans l’œil un cheval idéal.
Quand on souhaite s’investir dans le dressage classique vers la haute-école et la compétition (objectifs d’AI qui sont censés nous réunir sur ce forum), il semble sage de choisir un cheval apte à cette discipline ou, du moins, savoir le reconnaître.
Se donner les moyens de ses objectifs.
Comme un athlète, le « cheval de dressage » doit présenter certains critères morphologiques (orientation de la sortie d’encolure par exemple...) et de fonctionnement ( aptitude à « s’asseoir » plutôt qu’amplitude du trot…) .
Et puis il y a le sang.
« Bon sang ne saurait mentir » dit le proverbe.
A partir d’Eclipse (1764) le pur-sang invaincu en courses, fils de Darley Arabian (1705), les éleveurs ont donné vie à vingt générations d’étalons majeurs dont ceux qui nous côtoient : Quito de Baussy (SF)et ses fils, Laudanum (PS)et sa descendance, Quick Star (AA), Landgraf (Holst)…
Les chevaux allemands ont tous du sang « anglo » ou « pur ». En Anglo-Arabie, les éleveurs choisissent des pères « nordiques » et dans le monde du Lusitanien (qui utilisait déjà l’apport de sang avec les « cruzado ») on suit avec attention les poulains issus de mariages avec les chevaux allemands.
Bien sûr ces chevaux ont un prix, celui du coût de leur élevage et de leur mise en valeur. Mais hors des circuits de commercialisation à la mode, ces chevaux restent accessibles dans deux cas : chez l’éleveur et quand ils reviennent sur le marché, bradés parce que « n’ayant pas accepté » d’être mal montés.
Nous sommes quelques uns ici à avoir récupéré ces seigneurs et nous sommes tous d’accord, quand nous nous rencontrons avec nos chevaux, pour convenir que seule l’équitation de tradition classique permet de ré-éduquer ces chevaux en leur rendant leur « noblesse ».
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si je puis me permettre, j'ajouterais deux critères.. la santé physique (ceux qui sont bradés ont eu souvent des misères) et la santé psychique.. un animal, pour etre dressé doit avoir un equilibre mental correct!pas estropier le marechal, monter dans un van , se tenir a l'attache.. etc , car seigneur ou pas, s'il est stressé, voire paniqué par le quotidien, ça devient vite intenable.. et c'est souvent là ou le bat blesse pour l'amateur :pas assez d'argent pour acheter un cheval dressé dans de bonnes conditions (le temps c'est de l'argent et c'est normal); donc il se rabat sur des annonces allechantes un peu moins chere.. et se retrouve avec un pauvre animal, ingerable, qu'il n'a pas moyen de refourguer (le caractère,meme forgé par nous n'est pas un vice redhibitoire). troisième option;il achete un poulain et n'est pas a meme de le former..er se retrouve a zero.. pour ma part j'ai acheté un poulain dont le modèle , le caractère et les origines me plaisaient... mais quand j'ai senti que mes competences allaient etre limitées (je ne suis pas assez ferme) je me suis adjoint les competences de professionnels eprouvés sur le sujet, en qui j'ai toute confiance, avec qui j'evolue tranquillement.. ça aussi c'est un cout!.. voilà.. alors c'est pourquoi je suis dubitative sur les origines etc.. parce qu'en general celà aura un cout qu'il ne faut pas negliger dans le budjet.. alors qu'un sujet peut etre moins spectaculaire, mais aussi moins perturbé, donnera plus aisement satisfaction a son proprietaire.. je n'ai aucune impression tranchée , mais j'ai vu beaucoup de gens se faire "emballer" et j'ai aussi vu beaucoup de chevaux "mirobolants" finir oubliès dans un pré.. après des incomprehensions notoires et durables avec leurs nouveaux proprietaires.. alors ce que j'en dis: c'est qu'il vaut mieux bien peser les choses avant, et ne pas hesiter a demandes des avis! amicalement,FS
Tout à fait d'accord. C'est pourquoi, avec mon budget, j'ai choisi un cheval moi spectaculaire mais bien dans sa tête et dans ses jambes.
J'aurai pu avoir la taille en plus, mais avec des problèmes de locomation qui m'aurait fortement bloquée dans le futur travail.
Il est aussi important de trouver le cheval qui correspond à la discipline que nous comptons pratiquer.
Combien achètent des chevaux aux allures spectaculaires et aériennes pour faire de l'endurance ? Certes sur des parcours de base, ça ira, mais à plus haut niveau ?
Ou un petit cheval de rando pour sauter le mètre 10...
Je crois que j'ai manqué de clarté en parlant de la notion de "sang" (à ne pas réduire à la notion de pédigree)
Voici la définition qu'en donne "L'encyclopédie du cheval":
"Le sang", expression spécifiquement appliquée au cheval de selle et se rapportant essentiellement à la noble race du pur-sang anglais de course, signifie en langage équestre la manifestation de l’énergie permettant au sujet de faire bien ou mieux qu’un autre le travail sollicité, souvent même sans qu’on tienne compte de sa morphologie, de sa beauté ou d’autres qualités...
...Influence sur le mouvement :
Deux données permettent le mouvement :
-les propriétés physiologiques des muscles et la morphologie générale du corps.
-les phénomènes nerveux de l’activité sensitivo-motrice, autrement dit "l’influx nerveux" ou "le sang" : plus rapides et plus généreux sont les mouvements et le déplacement des chevaux prés du sang."
« Sang chaud » (warmblood) : désigne le cheval noble et de pur-sang, plein d’énergie ; son sang le sauve parfois de défauts physiques et permet d’améliorer son travail."
Se souvenir que le studbook du KWPN s’appelle le Dutch Warmblood « KWPN », issu de croisements effectués dans les années 50 entre deux races légères hollandaises et des pur-sang anglais.
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Message édité par: PODER, à: 2008/11/17 22:46
Bonjour Catherine,
Vous vous êtes parfaitement bien exprimée en parlant de chevaux de "sang".
c'est une caractéristique commune chez les PS (améliorateurs de races) et de plus en plus occultée chez nos braves chevaux français (selle et trotteur).
Cette réactivité est liée à la contractibilité musculaire très active chez les PS et les Arabes. C'est d'ailleurs un critère de réussite en courses et donne de merveilleux chevaux de dressage à condition de ne pas les "éteindre" par une équitation non adaptée ou trop "dirigiste".
Cordialement
Bonjour
point de vue "cheval-athlète(s)", je me permets de vous signaler une fort intéressante photo en page de couverture de L'Eperon de novembre.
Z'ont pas l'air "malheureux"...
cordialement
Pétéris
Moi, pour ma part, c'est un croisement "voulu" entre un SF (anglo à 36%) et un lusitanien (celui des Haras Nationaux, s'ils l'ont encore). Sur le papier, elle est passée de CS (Cheval de selle) à SF section B depuis qu'ils ont élargis le stud-book du SF. Elle est un peu plus grande que prévu (environ 1m70) et a maintenant 8 ans. Donc beaucoup d'impulsion naturelle, une aptitude au rassembler de par sa morphologie mais elle est largement "sous-exploitée". Le débourrage est fait. Ce n'était pas facile, c'est un cheval très chaud et très imbu de sa personne (comme moi d'ailleurs) et de plus, je ne l'ai quasiment pas vue pendant 2 ans, à cause de galères personnelles. Elle est au pré avec d'autres chevaux et je vais essayer d'aller la voir plus souvent, j'ai enfin un moyen de locomotion autonome.
Dons, dans la foulée, je reviens vous lire un peu ...
P@t
Bonjour,
Alors le mien va sur ces 14 ans, je l'ai depuis 2 ans et demi. C'est un PRE de 1.60, avec beaucoup de caractère.
Son propriétaire précédent était plus dans l'affectif que le travail, donc je l'ai acheté bien gras, et habitué à tout se permettre. Les 2 premiers mois ont été un véritable cauchemar : aucun respect en main, je devais prendre un stick pour le garder à distance et ne pas me faire marcher dessus à l'attache, il m'a embarqué en main, il bougeait au montoir, utilisait toutes mes failles pour ne pas travailler. Il ne virait pas, c'était le seul truc positif...
Ah oui, encapuchonné et en faux rassemblé, une vrai trottinette... mais dessous, y'avait des possibilités inexploitées depuis un moment.
Donc, après beaucoup de boulot, c'est un cheval qui sait faire pleins de choses si on les lui demande bien : toute la basse école, les appuyers, les pirouettes, changement de pied isolé pour le moment, pas espagnol et levade. Il se rassemble très bien, mais il sait aussi allonger!
Il a toujours du caractère, c'est le genre à vous dire "merde" si vous lui demandez mal ou trop par rapport à ce qu'il sait faire. Mais il est fiable, n'a pas peur de grand chose et s'il a du peps, reste calme dans sa tête.
Ah c'est aussi un grand amateur de fifilles, même si c'est un hongre, il reste très sensible aux dames.
Il m'a appris énormément, j'ai remis beaucoup de chose en question grâce à lui, compris beaucoup de choses aussi. On a eu des moments difficiles équestrement parlant, incompréhension, blocages... Maintenant nous évoluons dans la décontraction et la fluidité à notre niveau et c'est formidable!
Sophie
Catherine :
"Comme un athlète, le « cheval de dressage » doit présenter certains critères morphologiques (orientation de la sortie d'encolure par exemple...) et de fonctionnement ( aptitude à « s'asseoir » plutôt qu'amplitude du trot…) ."
Ce sujet me passionne et une fois encore je ne résiste pas à tenter une réponse partielle.
Il faut considérer cet "athlète" sous plusieurs angles :
la constitution : solidité des tissus
le psychisme : le (bon) caractère
la construction : le modèle
le vécu : son passé
le présent : le milieu dans lequel il travaille.
Pour rester objectif, je ne parlerais que de la construction nécessaire au cheval athlète. Les critères "coup de cour" m'échappent un peu.
Indépendamment des origines, notre cheval doit être issu d'un bon élevage i.e. une mère bien soignée dont la ration alimentaire soit assez riche en compléments minéraux propres à construire le squelette et fournir la musculature, avant, pendant et après la gestation.
Dans cet élevage, le poulain sera suivi au plan sanitaire, nutritionnel et psychologique. Un cheval appelé à vivre au box doit ne pas en souffrir et être parfaitement désensibilisé aux bruits et mouvements liés à cet habitat. (Pardon aux amateurs de chevaux en liberté).
Très tôt, le poulain doit "marcher en prise de licol", donner ses pieds, et être touché par l'homme qui doit imposer au poulain sa dominance.
L'herbage dans lequel le poulain se développe doit être assez grand pour permettre les jeux avec les congénères et les galopades effrénées.
De la naissance au sevrage, ce poulain ne doit pas se mordre les jarrets. Ceci est la résultante d'une croissance difficile et de souffrances articulaires qui fera souffrir certains chevaux plus tard dans le rassembler.
Le poulain bien élevé ne sera pas gras, ni trop lourd et fera sa croissance par "piques" en automne et au printemps.
De préférence, je choisis un poulain issu de région au sous-sol granitique du quaternaire (meilleure densité osseuse)
la suite demain si ce sujet ne vous "rase" pas.
Message édité par: BLB, à: 2008/11/21 22:31
Bonjour,
Nous avons déjà échangé sur le rachis et la forme du garrot : nous n'y reviendrons pas. (cf. "du rachis")
Un mot sur la forme des pieds.
Après observations sur les terrains des CDI, on remarque que majoritairement, les chx ont, sur les antérieurs, les pieds ronds et les talons bas. Effectivement, ces deux critères favorisent leur geste. Beaucoup d'Ibériques ont des antérieurs aux pinces courtes qui favorisent l'élévation dans le geste. Pour les postérieurs, certains cavaliers remontent les talons de leurs chx pour favoriser l'engagement. La technique est parfois efficace mais, peut ruiner les articulations.
Un mot sur la laxité.
définition médicale. : "Défaut de tension et de résistance d'un tissu ou d'une formation anatomique dont la fonction est de tendre ou de supporter."
Le test :
1/ demander au cheval l'élévation de son garrot avec une pression verticale juste derrière le passage des sangles.
2/ suivre le nerf sciatique pour obtenir le basculement des hanches. (les deux exercices demandent un peu d'expérience pour une évaluation comparative)
sans réaction : chx qui ne mobilisent pas leur dessus ou chevaux avec problèmes de garrot.
très réactif : chx manquant de tonicité
moyennement réactif : chx capables de mobilisation et de maintien.
S'assurer aussi de la sécheresse articulaire, de la netteté des tendons, du dégagement de la gorge pour la bonne respiration dans le placer.
Voila pour ma part, l'essentiel physique du cheval athlète. Un athlète est bâti au travail et peut être ruiné aussi au travail mais là, inutile de développer sur ce site.
Cordialement
Certains n'ont pas besoin de "sang bleu" pour être des seigneurs (ce qui ne veut pas dire la même chose que athlète) ! Un danseur étoile est-il un seigneur ?
Vaste question !
Cordialement, marie