Reflexions animales
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Depuis cinq ans, nous élevons nos chevaux en troupeau, les mères gérant elle mêmes les sevrages, les filles restant là et les petits mâles déplacés en groupe à l'âge de 18 mois.
Voici le compte-rendu d'un évènement survenu il y a deux ans:
Nous avions déjà remarqué que , lors d'une naissance, les juments de la même lignée maternelle et elles seules (mère, soeurs), assistaient la jeune mère.
Il y a deux ans, une jeune pur-sang, sortie des courses (donc nouvelle dans le troupeau et primipare),donnait naissance à une pouliche et mourrait 15 jours plus tard: notre matriarche, sans poulain cette année là, pris immédiatement la pouliche en charge, la laissant téter et ... produisant le meilleur lait qui soit.
Hélas, sombre année, cette "grand mère" nous quittait deux mois plus tard, laissant de nouveau la pouliche seule.
Nous vimes alors, avec une grande émotion, la fille de cette jument prendre, à son tour, la pouliche sous son aîle et la laisser téter, bien que n'ayant que quatre ans et n'ayant jamais pouliné...
Quand la mère mourrut, sans entrer dans les détails, son corps resta 24 heures dans un chemin d'accés longeant un pré avec 2 de nos compères, fort éloignés de préocupations maternelles.
Nous avons vu ces deux chevaux venir à la barrière, face au corps de la jument et ils restèrent là, immobiles, sans venir boire ou manger, sans réaction à nos sollicitations, comme "perdus en eux mêmes" pendant une vingtaine d'heures.
Je pourrai aussi vous raconter ce jeune cheval, récalcitrant à l'apprentissage de la longe, soumis au caveçon pour une rude séance puis remis au pré ou il resta prostré tandis son compagnon, pourtant sans indulgence avec lui d'habitude, venait longuement le lécher à l'endroit du caveçon...
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Question: face à des êtres capables de prendre en charge leurs orphelins, de veiller leurs morts et de soulager la détresse d'un congénère, quelle est l'attitude mentale convenable de la part des humains qui en ont la garde?
Anthropomorphisme, empathie, "gagateries"?...
Pour l'instant j'observe et le seul dont j'écoute les conseils est le Renard qui propose son amitié au Petit Prince.
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PS: Juliette, je crois qu'"ils" sont beaucoup plus doués que nous pour nous proposer le "nirvana"... à condition de les "laisser faire". Et çà c'est Baucher qui le dit, hi!hi!...
Ton amie, en quête de son animalité...
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Message édité par: PODER, à: 2008/05/15 11:41
bonjour catherine! juliette.. et beatrice; j'avoue que votre post m'a laissée sans voix, mais même sans élever; depuis le temps que je les regarde, je trouve qu'effectivement les chevaux nous donnent des leçons de vie, et sans gagaterie , je crois que leur sensibilité en fait des êtres beaucoup plus fins et subtils qu'on ne le leur prête.. quand au nirvana sous la selle.. je ne suis pas assez instruite pour parler de "résultats" compliqués, de haute école, mais je crois quand même qu'un cheval dont on s'occupe , qui nous connait bien, qui apprecie les soins dont on l'entoure, est vraiment capable de faire des choses(efforts)énormes pour faire plaisir a son cavalier; ne dit on pas des fois qu'un cheval "t'a sauvé" en parlant d'un exercice, ou saut particulièrement mal préparé par nous et reussi "in extrémis" par le cheval, en dépit de tout?si on observe bien nos bons chevaux de clubs, ils ne "sauveront" pas "tout le monde"..effectivement! qu'en penser?.. on est quand même la seule espèce a s'entretuer gaiement depuis la nuit des temps! aucune leçon de vie n'a su nous sauver de cette bêtise, nous!
Bonjour,
Je m'étonne de votre étonnement !
L'homme est sophistiqué, il veut vivre son individualité alors qu'il est condamné à vivre en société. Il a brisé presque tous les repères sociaux liés au bien commun et il ne lui reste plus que l'animalité comme repère. Qu'il s'élève un peu ; il aura un autre regard.....
Certains animaux vivent en colonie, en groupe, en société, en compagnie ..... chacune de ces constitutions implique des règles, des comportements propres à la survie et la pérennité de leur espèce. Nous ne savons pas toujours le comprendre ce qui suscite l'émerveillement de l'homme égaré.
Cordialement.
Message édité par: BLB, à: 2008/05/15 18:15
Pour Béatrice: la jument était la dernière "pièce rapportée", élément neutre parmi les autres.
Les comportements que j'ai observé sont identifiés chez les dauphins et les éléphants.
Les éthologues travaillent désormais sur les notions de "socialité animale" ou" cognition animale". Au delà des préjugés, ils ont identifié des catégories d'organisations sociales animales et engagent une reflexion comparée sur l'homme et l'animal en utilisant l' "anthropomorphisme conditionnel".
Voir le "hors série" de la revue "sience et avenir" N°52, octobre/novembre 2007:
L'incroyable socialité des animaux: savoir-vivre, traditions, altruisme...
Nous avons en France les deux meilleurs éthologues équins, qui plus est cavaliers, en la personne de Jean Claude Barrey et Danièle Gossin.
Je vous recommande le livre de Danièle Gossin: "parler au cheval et être compris"
Ce livre est préfacé par...le colonel Carde qui cite Gustave Le Bon:
"Lorsque dans un avenir fort lointain l'étude de la psychologie du cheval fera partie de l'éducation des écuyers, le dressage du cheval deviendra une opération plus simple et beaucoup plus rapide qu'aujourd'hui."
Avec une superbe photo de notre président à cheval, soulignée de la phrase suivante:
"Se faire comprendre et laisser faire" (Baucher cité par le général Decarpentry)
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Message édité par: PODER, à: 2008/05/16 00:35
Bonjour,
L'homme est sophistiqué, il veut vivre son individualité alors qu'il est condamné à vivre en société. Il a brisé presque tous les repères sociaux liés au bien commun et il ne lui reste plus que l'animalité comme repère. Qu'il s'élève un peu ; il aura un autre regard.....
Regard que vous avez je suppose ... Alors plutôt que de dire "l'homme", dites plutôt "tous les hommes sauf moi" ...
Cela me fait toujours rire de constater à quel point certains hommes peuvent s'extraire du genre humain pour le critiquer ou le rabaisser.
Message édité par: Marcantoni, à: 2008/05/16 08:57
Catherine ,
Que répondre a ta question ? un point de vu religieux peut-être , tiens ?!
Les hommes les animaux et toute la création sont depuis la chute dans une même galère . Galère dont seul l'homme porte la responsabilité . Dès lors nous avons un devoir et une responsabilité vis a vis de tout être vivant ( et a fortiori des chevaux que nous utilisons pour notre plaisir ).
Alors qu'elle attitude adopter ?
- D'abord de ne pas nuire (simple ? pas tant que ça!)
- Ensuite autant que faire se peut leur rendre la vie le plus agréable possible , en comprenant leurs besoins propres ,en les respectant , en les aimant.
- En ayant bien à l'esprit que nous les utilisons et que nous avons une grande responsabilité vis a vis d'eux .
- Ne pas les abuser .
L'homme se doit d'être au service de la création au lieu de l'asservir ...
Et si , Bruno, c'était en retrouvant ce qui de notre animalité propre tiens de ces instincts qui fort justement sont orientés du côté de la vie , que nous trouvions à nous élever ?
Hervé,
dites plutôt "tous les hommes sauf moi" ...
Vous me faites dire ce que je n'ai pas pensé....
Nul n'échappe à sa condition, vouloir le faire crée les conflits. En conscience, chacun connaît le vrai auquel il cherche à échapper par une voie intermédiaire entre vrai et faux : "la troisième voie".
à Juliette,
L'homme appartient à une espèce différence assujettie à d'autres règles. C'est parce qu'il est perfectible dans sa conscience qu'il a un autre comportement. L'homme est aussi un animal (politique) qui très souvent me rappelle le cavalier à la recherche de la légèreté : faire ni trop ni trop peu : qui lui donne la mesure ?
Une étude de laboratoire peut éclairer bien sûr.
J'ai eu envie de demander à notre Webmaster de déplacer ce sujet vers le forum général devant l'évolution "philosophique" du sujet.
Mais, finalement, l'équitation est aussi une culture, un mode de vie et une éducation...
Sur un plan biologique, nous savons maintenant que les mammifères supérieurs (dont nous sommes) ont un cerveau qui fonctionne avec les mêmes neuronnes, les mêmes hormones et qu'ils présentent des symptômes similaires en cas de stress prolongé.
Les éthologues, avec les apports récents de la neurobiologie sont en train de revoir les notions d'inné et d'acquis, la notion d'imprégnation et si la résilience existe pour les humains, pourquoi pas pour les animaux.
Ceux d'entre nous (et nous sommes nombreux à AI) qui s'occupent de remettre en route ces chevaux qualifiés de "rétifs", parce que de mauvais traitements (voulus ou non) ont créé chez eux des problèmes comportementaux agravés de pathologies diverses, ont déjà les bonnes réponses.
Optique religieuse?
Ne faut-il pas savoir mettre en parenthèse notre héritage judéo-chrétien qui n'a retenu de l'animal que la bestialité?
J'aurais aimé que Jésus ait un chien: c'est le seul qui ne l'aurait pas renié...
Optique philosophique?
Ne doit-on pas, en France, se défaire de l'influence de Descartes pour accepter la socialité des animaux, notion choquante pour des esprits formés à l'animal-machine?
Internet regorge maintenant d'informations: à chacun de "faire son chemin" vers elle quand "il a vu la lumière" (clin d'oeil à qui se reconnaitra°)!)
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Message édité par: PODER, à: 2008/05/16 12:07
La création est une.
C'est souvent ce qui permet de penser à une évolution.
Certains hormones sont présents chez les végétaux, les animaux et les hommes. Mais la conscience est moins partagée.
Nous sommes en mesure de croire qu'il y a des chevaux et bien d'autres animaux au paradis !
Ce que l'homme croit, est seulement le fruit de sa découverte, sa connaissance ; les premiers hommes en étaient déjà conscients. (Une histoire de pomme ...)
Nous avons encore à beaucoup découvrir de la création.
Message édité par: BLB, à: 2008/05/16 12:51
Qui donne la mesure ?
Excellente question! A laquelle vous avez répondu: "en conscience chacun connais le vrai" .
La réponse , comme le royaume, est en dedans de nous , la difficulté étant dans la capacité a la percevoir .
C'est le coeur, Bruno , qui donne la mesure . Le coeur et la conscience de la mort , ce qui donne à l'homme sa responsabilité face aux autres espèces .
Etude de laboratoire ? là je cale .
Catherine : on commence souvent par le reniement ,non ?
La fréquentation des monastères orthodoxes m'a habituée aux moines vivants avec les animaux , mais plutôt que de culture judéo -chrétienne, je parlerai de foi ( quelque soit la religion sur laquelle elle repose )
Bonjour,
J'avoue qu'il m'intéresserait de connaitre la réponse d'un éthologue par rapport à cette observation.
En me gardant bien de ne pas préter à ces animaux des projections purement humaines, on pourrait dans un premier temps noter l'importance de la "pulsion de vie" dans un groupe familial solide, ainsi que ce reflexe inné de certains animaux (dont nous)de nous occuper des plus jeunes.
Qelle était la place hiérarchique de la jument décédée au sein du groupe?
Amicalement
Béatrice L
Béatrice Lémeri