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Et si l'on revenait aux bases?

14 réponses [Dernière contribution]
BERTRAND Jean-Michel
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006
Bonjour à Tous !

Eh oui ! Et si l’on revenait aux bases ? J’ouvre et je propose ce post pour 2 raisons. La première est que si le problème ou la question, nous éloigne des bases, souvent la solution nous y ramène donc il est bon que celles-ci ne soient jamais loin dans notre esprit. La deuxième raison est de permettre à des cavalier(e)s moins expérimentés de s’y retrouver parmi le fatras des assauts d’éruditions qui est, bien sûr, l’apanage de la passion.

Je crois sincèrement que la complexité de l’équitation est dans la tête du cavalier pas dans celle du cheval !
Pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, je formule le contexte de départ. Mes propos sur ce post sont issus de mon expérience au sein du monde du cheval et de l’acquisition, toujours imparfaite et jamais terminée, de connaissances évolutives tout au long d’un parcours. De ce fait ils n’engagent que moi. Ce qui m’amène à préciser ma vision du cheval, de l’équitation et mon travail qui en découle.
Une profession de foi  et une définition :
« Le but du Dressage est de permettre au cheval de retrouver la beauté et l’élégance de ses allures naturelles jusqu’à en faire oublier le cavalier. »
Ceci est valable également pour le travail à pied… Mais aussi en toutes circonstances : sur les terrains de compétition (peu importe la discipline), sur les piste de shows ou simplement en promenade.
Un choix :
L’Ecole de Versailles et M de la Guérinière. Pour le fait qu’elle promeut un travail d’ensemble sur le physique du cheval. 
Voilà le cadre personnel est posé ! Voyons maintenant quel sens est donné aux « bases.» Les bases sont les lois incontournables et irrépressibles de l’anatomie et de la physique (par exemple le fait que le cheval soit un quadrupède ce qui implique un équilibre horizontal.) C’est aussi les lois ou statuts naturels, le fait que le cheval a un statut de proie implique un instinct et un comportement inhérent. Bref c’est le matériau (pardon pour le terme) de base brut, le bloc du sculpteur.
Avant d’entamer le vif du sujet, je voudrais vous citer une phrase de Paul Valéry, extraite de son livre, « introduction à la méthode de Léonard de Vinci » (2 grands génies donc) :
« Quelque grande que soit la puissance du feu, elle ne devient motrice et utile que par les machines où l’art l’engage »
Hors comment mesure t’on la puissance de ces machines. En chevaux ! Voyez les choses sont simples quand on revient au bases, même à partir d’une expression poétique! Celle-ci pourrait presque d’ailleurs, être une définition de l’équitation…
Et maintenant commençons. Par quoi ? Le cheval, bien sûr !
 
Je vais sérier mes propos en commentaires numérotés ce qui sera plus facile pour les personnes qui souhaiteront intervenir.
Commentaire n°1 :
Le physique du cheval
                      
Que savons-nous ?
 
Le cheval est un quadrupède et donc un être vivant à équilibre horizontal. Ce fait ne saurait porter à conséquence s’il n’y avait la conformation particulière de celui-ci. Sur la masse du corps, s’inscrivant plus ou moins dans un carré, vient se greffer, en porte à faux, l’ensemble tête/encolure. Ceci va avoir pour conséquence de déplacer le centre de gravité vers le haut et vers l’avant ainsi que de mettre du poids sur l’avant-main. En moyenne, l’ensemble tête/encolure correspond à 1/5 du poids total, soit pour un cheval de 500kgs, un poids de 100kgs.
Le poids chez le cheval se trouve donc reparti de la façon suivante : 2/3 pour l’avant-main, reposant donc sur les antérieurs et 1/3 pour l’arrière-main, reposant sur les postérieurs. Ceci bien-sûr, en position statique. 

                                    

 
Voilà la première base, c’est à dire le modèle, mise en place. Celui-ci qui est dépendant du squelette, va devoir pour s’activer déployer un ensemble de force, la musculature. Voyons comment elle se répartit. Comme chez l’homme elle comprend les muscles profonds dont la fonction principale est de soutenir et gainer l’ensemble et les muscles superficiels dont la fonction principale est la mise en mouvement. Je schématise volontairement car nous sommes sur les principes de bases.
Que remarque-t-on ? Les muscles profonds se situent essentiellement sur l’arrière-main : psoas, fessiers, ilio-spinaux, droits et les abdominaux que sont les grand droit et oblique ; tandis que sur l’avant-main ils se regroupent au niveau de l’épaule et du bras, angulaires, anconés, biceps ainsi que dans l’encolure, splénius, complexus au-dessus, sternos et mastoidos en dessous. La liaison entre les deux groupes étant réalisé par l’ilio-spinal. Une première ligne de force se dessine.
Maintenant les muscles superficiels beaucoup plus nombreux car destinés à la mise en mouvement de chaque partie du corps, de la jambe à la paupière, ils agissent soient indépendamment, soient en synergie. On peut toutefois dire qu’ils se répartissent de la façon suivante dans le corps du cheval : nombreux et fins pour l’avant-main dans le but d’assurer la mobilité de la tête, de l’encolure et des épaules ; peu nombreux mais puissants sur l’arrière-main pour la propulsion enfin le grand dorsal réunissant les deux. Encore une fois je schématise, le but n’étant pas de faire une leçon d’anatomie mais de comprendre un fonctionnement.
Quelles constatations pouvons-nous faire de cet état de fait ? Que le cheval possède une avant-main extrêmement mobile et dont les muscles profonds sont essentiellement utilisés pour le soutien de l’encolure, que dans l’arrière-main muscles profonds et superficiels sont principalement destinés à la propulsion. Ce qui nous amène à la constatation de l’une des faiblesses naturelles du cheval, une disproportion entre les groupes musculaires de l’avant et de l’arrière avec celui du dos devant  assurer la liaison entre les deux premiers. Si en plus on rajoute à celui-ci, le fait de devoir porter un cavalier, mais ce n’est pas le sujet pour le moment… 
                                                                               

                                                                                                           dessin Ph. KARL

Résumons : une avant-main mobile mais dont la masse représente les 2/3 du poids total du cheval et qui est non propulsive tandis que l’arrière-main pour un 1/3 du poids est essentiellement propulsive. Exprimé plus simplement, la masse est devant et le moteur derrière ! Quod erat demonstrandum…

Cela nous amène à une première règle générale de l’équitation, incontournable par ce fait :
« On doit toujours mettre les épaules devant les hanches et jamais les hanches derrière les épaules »
Règle simple que chaque cavalier doit avoir en permanence présent à l’esprit.
Clin d’œil en passant, aux anciens heureux propriétaires de véhicules à propulsion arrière (R8 et autres…) et aux plaisirs des dérapages contrôlés (enfin presque toujours…)
Et une constatation pour le sens de fonctionnement global du cheval : celui-ci va de l’arrière vers l’avant.
Le cheval est physiquement une propulsion arrière et non une traction avant.
C’est uniquement à partir de cette base immuable que l’on peut commencer à construire le travail avec le cheval.
Voilà pour le commentaire n°1
 

 

KATZ Yves
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006

 D'où l'on peut conclure ,en attendant la suite,que dans les premiers pas sous la selle, il ne faut pas modifier l'équilibre naturel du cheval ou très vite le lui faire retrouver................

Amicalement, yves KATZ http://educaval.forum-pro.fr/

BERTRAND Jean-Michel
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006

Chut, Yves! Tu va casser tous mes effets.................

Mais j'attends les commentaires des uns et des autres avant de continuer!

 

VOCHE Jacques
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006

Merci Jean Michel pour ce trés instructif sujet.

Pour ma part, il me faut quelque temps de reflexion et de travail pour mes questions ou mes commentaires.
Je reviens prochainement donc.

Votre post est vraiment excellent. 

FARNAULT Philippe
Déconnecté
Inscrit: 25/07/2006

 Bonjour,

Il s'agit d'un cours magistral et il me paraît difficile d'apporter une contribution au travail de Jean-Michel... Peut-être sort-on du cadre d'un forum ?

Parlant de l'équilibre du (jeune) cheval, j'aimerais développer un peu la phrase de Yves : " très vite le lui faire retrouver ".

A priori nous ne pouvons agir directement, sinon en rendant le cheval "capable d'équilibre" par la forme du travail proposé.

Un jeune cheval qui perd l'équilibre ou se déplace sur les épaules "emmène" son cavalier, même à petite allure (vitesse).

Dans l'idéal, il ne faut jamais donner à comprendre cette notion au jeune cheval. C'est un vrai problème...

Une base : le jeune cheval qui ne sait pas qu'il peut emmener son cavalier doit rester dans cette ignorance toute sa vie.

Mais est-ce que vous souhaitez travailler su ce genre de base, Jean-Michel ?

Amicalement.

BERTRAND Jean-Michel
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006
Bonjour Philippe,
Je me suis effectivement posé la question de la place sur un forum de cette intervention. C’est la raison pour laquelle j’ai pris la précaution de dire pour commencer, qu’une des raisons est d’apporter des éléments de compréhension et de comparaison, aux lecteurs moins avancés dans leur cheminement équestre afin qu’ils puissent participer au mieux à ces discussions. J’essaie sur ce post de présenter et de rester sur des bases simples et incontournables que tout le monde partage. Et je n’aurais certes pas la prétention d’aller au-delà. L’emploi que vous faites du terme « magistral », me laisse à penser que je suis dans la bonne voie…
« Une base : le jeune cheval qui ne sait pas qu'il peut emmener son cavalier doit rester dans cette ignorance toute sa vie. »
Cette excellente question, extrapolée à partir d’une réflexion initiée par Yves, bien qu’un peu prématurée dans le déroulement du sujet, est d’une importance capitale dans la pratique de l’équitation. Je vais y répondre en essayant de rester « collé » aux bases.
 
Tout d’abord, puis-je faire remarquer que vous partez d’un cas particulier, le jeune cheval, pour aller vers une généralité ? Ce n’est pas grave car ma réponse va être claire et valable dans tous les cas : bien sûr que non. Je suis même contre cette assertion.
La raison ce trouve dans ma profession de foi :

«Retrouver la beauté et l’élégance de ses allures naturelles jusqu’à en faire oublier le cavalier. »

C’est à dire lui faire retrouver toute son autonomie (en présence du dresseur.) Je reste là dans la grande tradition qui veut que le cheval puisse prendre sa part personnelle et consciente, dans le travail à effectuer en collaboration avec l’homme que celui-ci soit : agricole, militaire, sportif etc…
C’est d’ailleurs la position que je défends actuellement auprès de la commission européenne de thérapie équestre : le cheval partenaire actif, et non passif, dans la thérapie.
Merci pour cette question fondamentale et voyez qu’en repartant simplement des bases (et en y restant), nous développons des choses essentielles.
J’attends avec gourmandise vos prochaines questions !
Jean-Michel

 

CLIQUE Magali
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006

Le cheval doit trouver son équilibre et l'ajuster par rapport au cavalier qui lui est malheureusement souvent en déséquilibre, d'où l'intérêt de confier les jeunes chevaux à des vieux cavaliers. Trouver un équilibre commun c'est ce qu'il y a de plus difficile, à celà s'ajoute l'asymétrie du cheval et celle du cavalier ......amener vers la rectitude en gardant le mouvement en avant... du beau travail en perspective

BERTRAND Jean-Michel
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006

"Trouver un équilibre commun" tout l'art de l équitation...

 

Christopher Cunningham
Déconnecté
Inscrit: 24/06/2007

On est sensé se taire en amphi, j'ose malgré tout dire le contenu de la bulle placée au-dessus de ma bombe:

Pour parler de bases, ne renions pas nos propres débuts équestres, entre autres les ballades à la queue leu leu au club... Là, nous avions appris, que tel cheval acceptait la procession, même aux trois allures, et que tel autre ne supportait pas d'être derrière (un peu comme sur l'autoroute). Combien de fois avons nous été "emmenés" par ces irrascibles, lesquels pouvaient, par ailleurs, montrer une désespérante apathie sous les ampoules empoussiérées du manège?

Un peu après, notre équitation s'améliorant au fils des blessures de selle, ces mêmes "emmeneurs", mieux cadrés dans leur fierté, nous ont fait découvrir les sensations du passage, du galop presque sur place, de la suractivité dans la lenteur, nous n'y étions absulument pour rien, mais nous avons mis ces délicieuses sensations au coffre, pour plus tard.

Merci donc aux emmeneurs!

C'était juste ma petite bulle dans la grande BD qui s'annonce.

Christopher

BERTRAND Jean-Michel
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006

Je me souviens encore du nom de mon premier "emmeneur" : Dallas! Hommages à lui et grandes galopades au paradis des chevaux...

Je suis parti outre-frontières pour quelques jours, prêcher et soutenir la bonne parole. Je reviens ensuite vous conter la suite de l'aventure.
Amusez vous bien avec vos nobles montures en attendant!

 

Christopher Cunningham
Déconnecté
Inscrit: 24/06/2007

En attendant le retour de notre évangéliste et pour lui donner un peu de grain à moudre autour de la sainte rectitude:

Epaules maintenues devant les hanches, tout le monde vote pour.  On en vient à penser que ce rôle échoit à la main seule.

Mais ceci "me porte à élargir la question..."

1) Comment être sûr que l'action de main, pétrissant la rêne de bonnes intentions, n'agit que sur les épaules et non pas insidieusement sur la direction des hanches?

2) L'idée que l'on puisse remettre les épaules devant les hanches par une présence "en position avancée" d'une jambe est-elle recevable?

Merci Jean-Michel.

Christopher