Association pour la Légèreté en Equitation

International Dressage & Equitation Association for Lightness

 

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Photo de la jument de Jacqueline Braissant, montée par Delphine Kahn « Revue », trakehner de 24 ans, par  Biotop (père, dernier étalon de R. Klimke) et Caprimond (grand-père maternel). La cavalière est Delphine Kahn qui a monté en saut d’obstacles et dressage au niveau national en Suisse et ensuite a travaillé avec Joël Laugier.(1)

Ce colloque a été organisé par la Commission Culture du Comité Régional d’Equitation d’Ile de France, à l’initiative de son Président Didier Bigot. Celui-ci a donc ouvert le colloque en compagnie du Colonel Gabriel CORTES, commandant le Régiment de Cavalerie de la Garde Républicaine, et de Serge LECOMTE Président de la Fédération Française d’Equitation.

Le Président du CREIF Emmanuel FELTESSE est intervenu en ouverture pour rappeler le besoin de défendre notre sport face aux médias ou aux activistes qui croient qu’un cheval ne devrait pas être monté.

L’introduction faite par Guillaume Henry a brillamment situé la place de Baucher dans l’histoire de l’équitation. Le décor et le sujet étaient en place, l’assistance était nombreuse.

Mais laissons la parole à Jacqueline Braissant, cavalière amateur. Elle a longtemps œuvré à la Fédération Equestre Internationale comme responsable du développement, et était venue depuis la Suisse assister à cette journée.

« J’ai eu du plaisir à assister au Colloque. C’était un retour à toutes nos discussions avec Joël Laugier lorsque nous nous entraînions avec lui en Suisse ou en France à Avignon. C’était très bien de parler de toutes les facettes de Baucher, le contexte historique et politique et bien entendu sa méthode, ses disciples comme ses détracteurs.

J’ai aussi bien aimé la présentation de Caroline Hodak. C’était parfois difficile à comprendre, mais je pense qu’elle a posé des questions importantes. Baucher était aussi un avant-gardiste en se mettant en scène à travers le cirque pour faire passer son message. Et on parle déjà de performance. Elle a montré le lien qu’il y a entre la méthode Baucher et l’équitation de compétition aujourd’hui (la démarche de comprendre la mécanique du cheval pour un entraînement juste et optimiser la performance, le mental du cavalier, etc.).

J’ai aussi bien aimé la présentation du cavalier portugais (2) Juan Diego Trevijano. Il a montré également comment il utilise la méthode Baucher aujourd’hui. C’est vraiment ce qui m’intéresse. Comment utiliser toutes ces techniques qui sont justes, qui sont dans l’intérêt d’un cheval sain et la garantie d’une performance de haut niveau dans le respect, la légèreté, ce qui rend le cheval beau.

Je pense que c’est un argument pour Allege-Ideal et contre les gens qui voient une exploitation du cheval par l’homme dans le fait de le monter. Mais cela veut aussi dire qu’il faudrait rendre les entraîneurs, compétiteurs, etc. sensibles à tout cela si on veut continuer à pratiquer l’équitation. »

Lors de la matinée, les interventions de André Viau pour son livre Le Roman de Baucher et de Patrice Franchet d’Esperey montrant l’évolution de Baucher comme écrivain et comme écuyer avaient monopolisé l’intérêt. Après la pause déjeuner, le témoignage de Lucien Gruss, sans notes, mais imprégné de la justesse du vécu et de l’expérience de l’écuyer et homme de spectacle, avait fait l’unanimité. Bertrand-Pierre Galey avait mis en perspective la querelle Baucher-d’Aure, et Alain Francqueville avait relaté avec pédagogie le rôle novateur de Baucher et montré son influence avec des vidéos du travail « à la Fillis ».

Puis Florence Donard avait témoigné, photos et vidéos à l’appui, de l’utilisation par son mari, l’écuyer Jean Marie Donard, des outils bauchéristes. Ses explications et sa compétence qu’elle transmet toujours à ses élèves, furent appréciés de tous. Jean-François Le Blay, de la Garde Républicaine avait fait le lien avec l’équitation militaire, et Jean-Pierre Tuloup avait montré comment enseigner Baucher aujourd’hui. La suite n’a pu être prise en compte, les horaires de transport en période de grève ayant eu la priorité sur les horaires du colloque.

De l’autre côté de l’Atlantique, notre amie Bettina Drummond qui a pu visionner les diverses interventions s’interrogeait sur la prépondérance qu’avaient pris les éléments historiques lors de cette journée, alors que les techniques bauchéristes, qui lui ont été transmises directement par son maître Nuno Oliveira, méritent d’être mieux connues : elle me rappelait que seuls le tact et le « timing » des actions des aides permettent la finesse de ces procédés. La capacité de se baser sur les réponses du cheval permet d’en juger le dosage et d’en apprécier l’efficacité. Sans le tact équestre, il n’est pas possible d’utiliser les outils bauchéristes, et d’ajuster ces moyens qui peuvent être puissants. Avec sa modestie habituelle, mais avec la clarté des propos de celle qui a toujours su mettre en valeur ses chevaux et démontrer par la pratique la qualité de son équitation, elle émettait quelques réserves sur les certitudes affichées lorsque la qualité du travail n’est pas à la hauteur de l’envolée du discours.

Vu sous l’angle des valeurs que nous défendons à Allege-Ideal, la légèreté ne transparaissait pas toujours effectivement dans l’harmonie des chevaux parfois savants présentés en vidéo. L’évolution actuelle de l’équitation doit mieux prendre en compte celle de la société. Il nous faut veiller à une relation cavalier cheval non coercitive. C’est pourquoi les procédés issus des écrits bauchéristes peuvent être adaptés et mis au goût du jour, afin d’enrichir les outils techniques qui en sont issus. Comme le dit Bettina Drummond, et comme l’exprimait mon professeur d’équitation Mr Pierre Chambry dans son dernier ouvrage « Allures et sentiment », cela implique la nécessité d’utiliser ses aides avec « justesse, mesure et à propos ». C’est la seule manière d’éviter les écueils de toute méthode.

La conclusion à tirer d’une telle journée est la passion commune qui réunissait les intervenants et les auditeurs. On ressentait le besoin de réunir, oserai-je dire de rassembler, sur des thèmes techniques et historiques, diverses catégories de cavaliers. Et en filigrane apparaissait la volonté de tous de défendre une culture de respect du cheval, mais aussi de promouvoir la connaissance de la tradition équestre française et de mettre en valeur ses influences culturelles sur la filière cheval actuelle.

             BM 03/04/2023

(1) Photo de la jument de Jacqueline Braissant « Revue », trakehner de 24 ans, par Biotop (père, dernier étalon de R. Klimke) et Caprimond (grand-père maternel). La cavalière est Delphine Kahn qui a monté en saut d’obstacles et dressage au niveau national en Suisse et ensuite a travaillé avec Joël Laugier.

(2) espagnol = note de BM