16 JUILLET 2016
« Classicisme et modernité »
Ce prénom et ce nom chantent comme ceux d’une cantatrice, ensoleillés, plein de vie et d’énergie. Avec le sourire, la cavalière se rend au manège où l’attendent une élève et son cheval. Et c’est avec le sourire que son regard croise et salue les autres cavaliers et entraineurs. Un sourire à la hauteur du dynamisme professionnel qui l’habite.
Tous les jours, la « Diva » des rectangles se lève à cinq heures du matin ! L’organisme de la championne a pris l’habitude de ce rythme de vie intense, et l’équilibre semble être bien installé depuis longtemps. Une vie professionnelle qui ne se résume pas qu’au rectangle de dressage, même si c’est bien dans cette discipline que nous la côtoyons aujourd’hui.
« Qui va là ? » « Marietta !». Cette vie équestre a commencé au Touring-Club de France avec ce cheval rétif, peu aimable au boxe et difficile à amener au manège. L’histoire de Marietta et Qui Va Là, cheval de club, se poursuivra jusqu’à des épreuves internationales de CSO et complet. Le couple atteindra également le niveau inter1 en dressage. Belle histoire de club ! Et cette passion qui ne la quittera plus, héritée de sa maman, sociologue d’origine norvégienne.
De l’âge de 14 ans à 18 ans, c’est la rencontre avec Michel Cochenet, à Dieppe. Marietta acquiert beaucoup de métier, adolescente, dans les trois disciplines olympiques. Et elle sortira, en épreuve « senior » en dressage, à l’âge de 17 ans, avec un cheval nommé Artix !
Le Colonel de Ladoucette, au poste de Directeur Technique National à la Fédération, insiste auprès de Marietta pour persévérer et se spécialiser dans la discipline du dressage. Aujourd’hui, la cavalière estime que cette insistance du Colonel était justifiée par un manque de candidats sur les rectangles. Ce fut de bon augure pour la discipline, quand on connaît la suite…
Notre cavalière a alors 19 ans, et s’installe dans ses écuries de Saint Léger en Yvelines en 1972. Gestion, travail des chevaux, compétitions… C’est sans doute là qu’elle mettra en place son rythme (toujours d’actualité) de quatre à cinq heures de sommeil par nuit, toujours levée bien avant le soleil ! Cette installation durera seize ans. A cette période, elle tisse une amitié durable avec une autre championne, Margit Otto-Crépin. Avec leur carrière respective, les deux cavalières parfois s’éloignent l’une de l’autre. Mais la fidélité en amitié et en respect mutuel ne faiblit pas.
En 1988, c’est un grand départ pour un autre continent et un autre hémisphère, un autre pays : le Brésil ! (Avant elle, son père, le journaliste et photographe Paul Almàsy, avait parcouru le continent Sud-Américain, ainsi que le reste du monde !). Marietta est invitée à rejoindre les écuries de la famille Diniz, pour le travail des chevaux, durant trois années. Par la suite, elle y retournera à la demande du Docteur Jorge Rocha, important propriétaire qui lui confiera les chevaux avec lesquels la cavalière se maintiendra en équipe de France. Le Brésil a sérieusement donné accès aux épreuves internationales pour notre cavalière. Et le Docteur Jorge Rocha aussi, brésilien d’origine modeste, parti de rien, grand travailleur et grand perfectionniste, fondateur d’une des plus grosses sociétés d’assurance maladie du pays, Amil. L’idée de cet homme : plus Marietta évoluera, et plus elle sera meilleure comme coach et cavalière. En effet, Jorge Rocha débute à cheval à l’âge de 48 ans, et sera coaché durant six années par sa protégée. Résultat de cette collaboration ? A 56 ans, il participera aux Jeux Olympiques de Sydney ! Agé aujourd’hui de 70 ans, il continue de monter à cheval ! Belle histoire, portée par cette passion qui dépasse le poids des années.
Permettez cette petite parenthèse pour préciser que Madame Almasy a également endossé le costume de juge international ! Et le Colonel Carde n’est pas étranger à cette prise de fonction, à l’époque où lui-même était Entraîneur National de la Fédération Française. Marietta ira jusqu’à suivre une formation de juge à Mexico, et deviendra juge FEI. Le jugement pouvait être intransigeant, mais le commentaire général du protocole reflétait la personnalité bienveillante de notre juge. Une recherche de pédagogie positive, et jamais d’autorité mal placée.
De retour en France, Marietta Almasy, recevra les honneurs durant trois années consécutives en tant que meilleure cavalière du concours de Bercy, avec Priboy et Pavarotti. Elle atteindra le titre de Championne de France en 2001 avec ce dernier. Faut-il rappeler aussi la victoire à Aix-la-Chapelle et de nombreuses réussites sur d’autres concours.
Mais en juin 2003, malgré beaucoup de résultats, la décision est prise. Marietta arrête la compétition ! Elle considère que la pratique de compétition de haut niveau est difficilement compatible avec l’enseignement. Et il y a cette envie de partager, de transmettre son expérience et son savoir. La cavalière internationale prend goût à préparer les jeunes cavaliers, la relève du dressage français. Le costume d’entraîneur, ou coach, lui convient parfaitement pour aller de l’avant. Et sans état d’âme, c’est pour cela qu’elle vibre aujourd’hui. L’avenir est souriant avec Rafaëlle Alzuria, Maxime Collard, ou Sarah Rogers qui monte et gagne avec les chevaux de Marietta, et ceux qu’elle entraîne. Sarah a été formée pendant six ans chez Klaus Balkenhol, « entraîneur le plus classique, et le meilleur au monde, ayant beaucoup de respect pour le cheval ». Auparavant, Marietta avait eu la chance de travailler avec lui, dans sa province de Westphalie, ou lorsque Monsieur Balkenhol se déplace en France.
En parlant de jeunes chevaux, et toujours pour se tourner vers l’avenir, la cavalière internationale devenue coach n’hésite pas à parier et investir sur des poulains achetés foal. Ces jeunes recrues ont actuellement deux, trois et cinq ans. Les débourrages se font chez Abel Sauvat. Marietta a beaucoup d’estime pour ce professionnel. Ce cavalier est le fils de Jean-Louis Sauvat, auteur d’œuvres magnifiques, artiste influencé par la culture et l’enseignement du Maître Nuno Oliveira !
Certes, Marietta Almasy laisse parfois apparaître sa part d’originalité, son âme d’artiste. Mais son professionnalisme est là. Elle s’impose une vraie rigueur dans tout ce qu’elle entreprend. Et c’est le cas dans le travail et la préparation des jeunes chevaux, l’objectif étant de sortir des chevaux à haut niveau. « Aujourd’hui l’équitation est plus simple car souvent les chevaux naissent plus doués ». Une manière positive de voir la discipline du dressage évoluer.
Il ne s’agit pas de gagner des épreuves à tout prix, mais de mettre en place un apprentissage de qualité, avec une bonne pédagogie bien construite, pour tenter de mener le travail jusqu’au Grand Prix. On comprend donc qu’il est nécessaire de prendre le temps de faire, et de bien faire, d’éviter la pression, et de créer du confort dans le travail. « Le cheval est un gymnaste, un danseur, parfois un danseur étoile, pour les meilleurs ». Marietta considère les chevaux, estime qu’il est important de leur parler, de les respecter. Selon elle, il faut savoir être exigeant pour être positif, instaurer des règles, autant à pied qu’à cheval, afin de créer ce respect mutuel.
Marietta Almasy, par sa sincérité, a la volonté de mener de la meilleure manière et le plus loin possible les couples dont elle s’occupe. Son implication, auprès de ses élèves, est sans faille. Elle intervient essentiellement sur deux sites : le Polo de Paris et les écuries de « Quixote France » à Grosrouvre, dans les Yvelines. Un clin d’œil à l’écurie brésilienne « Quixote », propriété du Dr Jorge Rocha. Une cavalière complète, chargée d’une expérience immense, toujours autant animée par cette passion qui nous réunit. Son enthousiasme met en avant le meilleur à retenir pour notre sport.
Yann DESMONTS.