« Un amoureux de la culture équestre
et des belles choses »
Jean-Pierre Tuloup s’est engagé dans la vie civile comme dans la vie militaire, avec dévouement. Sa vie équestre commence en Bretagne à l’âge de 14 ans, et se poursuit, aujourd’hui encore, à la Société d’Equitation de Paris, et partout où on le demande.
Le parcours est riche d’expériences pour cet homme toujours en recherche de culture et très attaché aux liens d’amitiés. Instructeur, juge international, auteur, expert judiciaire, on pourrait écrire un livre sur l’écuyer-professeur. En développant sa culture avec passion, Jean-Pierre Tuloup a développé de nombreuses compétences. Un peu malgré lui, il est devenu un vrai exemple pour les jeunes générations de professionnels.
Entré à l’école militaire en 1969, Jean-Pierre Tuloup intégrera ensuite, durant deux ans, le stage des élèves sous-maîtres jusqu’en 1971, sous l’autorité du Lieutenant Carde (futur Colonel et écuyer en chef de 1991 à 1999). Après un passage au 8ème régiment de hussard, sous les ordres du Colonel Bouchet, D’Auriste convaincu, il obtiendra, en octobre 1973 son brevet de Maître de Manège. Et quand un « Grand Dieu » remplace l’autre… C’est le Colonel Durand qui le fera muter à l’école d’artillerie de Draguignan en 1976. Durant 10 ans, Jean-Pierre Tuloup honorera ses fonctions, malgré sa déception du début à quitter Saumur, et s’attachera à soigner sa cavalerie d’instruction et ses élèves, toujours avec l’habit noir du Cadre. Cette période, c’est aussi une rencontre et une collaboration importante, qui marquera l’homme, avec René-Georges Duclos, grand Bauchériste convaincu et ancien Maître de Manège de 1936 à 1949. Plusieurs chevaux d’instruction seront menés jusqu’au niveau « Grand Prix ». Des rancunes à propos de l’ancien Ecuyer-en-chef, le Colonel Durand ? Peut-être à l’époque… Mais aujourd’hui, aucunes ! Voir même, une amitié se serait installée entre les deux hommes ! Voici donc un vrai trait de caractère de notre Maître de Manège : la rancune, non ! L’amitié, oui !
Et ne croyez pas que Jean Pierre Tuloup ait seulement fréquenté des écuyers issus du milieu militaire ! Car déjà, en 1980, l’élève de Messieurs Duclos, Carde, et bien d’autres, part chez Nuno Oliveira durant 10 jours. Il observe, toujours en quête et sans arrêt en recherche. C’est aussi en 1980 qu’il commence à juger les épreuves de dressage, activité qu’il voit comme une formation. Notre Maître de Manège ne cesse de s’instruire, de s’enrichir, et cela continue après son départ du manège en 1985.
C’est le 1er janvier 1986 qu’une rencontre a lieu avec le président de la SEP. Le directeur de l’institution reste et notre écuyer, qui préfère être "chirurgien plutôt qu’administrateur", prend ses fonctions d’instructeur pour transmettre son savoir. Ainsi, continue de s’opérer la magie de son enseignement, non plus vers les sous-officiers, mais auprès d’un large public de cavaliers civils. Cela lui fait aujourd’hui déjà 28 années passées à la SEP et la passion est toujours là !
Et ne vous méprenez pas, les jeunes cavaliers en début d’apprentissage le passionnent tout autant. Leurs progressions inspirent le professeur qui veut les emmener toujours plus loin. Ces niveaux « galop ¾ », sans étriers pendant plusieurs mois, savent garder leurs chevaux au bout de leurs rênes, avec la fluidité dans les doigts, aux trois allures et à l’obstacle. Jusqu’au galop 3, le cavalier change de cheval, puis ensuite, il aura le même cheval. En huit leçons, les couples sont faits car le cheval et l’humain doivent devenir partenaires.
Et dans les pratiques d’enseignement du Maître Tuloup, il y a aussi le travail à pied ! Deux fois par semaine et tout au long de l’année, une petite dizaine de cavaliers expérimentés, de tous âges, se donnent rendez-vous très tôt le matin pour la leçon de deux heures qui inclut ce travail à pied suivi du travail monté. Vous rentrez dans le manège de l’institution parisienne bien avant le lever du jour pour découvrir tous ces passionnés, déjà précis dans leurs gestes, et mettant leurs chevaux en mouvement en ajustant leurs actions. Beaucoup de travail au pas, la reine de toutes les allures ! « La qualité du pas fait la qualité du travail ». Épaule en dedans, tête au mur, contre épaule en dedans, appuyer, croupe au mur… « Moins on en fait, mieux on fait ! », « En allant doucement, on va aller vite ! ». Ici, on pratique avec du bon goût, du savoir-être et du savoir-faire, de l’élégance. Et en parlant d’élégance, les chevaux ne sont pas en reste, car tapis blancs et bandes blanches sont systématiquement utilisés ! Et je ne vous parle pas de Maître Tuloup qui sait, sciemment, montrer l’exemple dans la tenue et dans le langage ! La pédagogie utilisée est interactive et la transmission de la passion est évidente ! La justesse de l’emploi des aides, le mouvement en avant, et un peu d’art dans sa vie ! C’est toute la philosophie de ces séances matinales… et de l’enseignement du Maître. C’est peut-être pour cela que, dans les reprises de Jean-Pierre Tuloup, on peut aussi trouver un membre d’Allege-Ideal…
Le Maître de manège passionné, extrêmement travailleur, toujours en recherche de culture et d’amitié, est loin d’être enfermé dans son monde. Les remises en question et les partages de points de vue sont nécessaires pour continuer d’avancer dans la bonne direction. Il sollicite le regard des autres et aime être jugé pour son travail. Ainsi, par exemple, avec Bernard Maurel, juge international, les deux hommes sont amenés à se donner rendez-vous tous les trois mois pour une expertise amicale et technique. Le goût du travail bien fait impose cela ! Parlez-en à Nestor, grand beau gosse de 14 ans, fait pour l’obstacle, et dressé jusqu’au Grand Prix ! Mais avant cela, un pied arraché, enfermé pendant un an pour les soins et une guérison réussie, puis sorti toutes les nuits dans le rond pour galoper !... Ce grand alezan s’est ensuite mesuré en concours pour que son cavalier, peu compétiteur dans l’âme, puisse obtenir un jugement extérieur sur la qualité du travail effectué. C’est aussi comme cela qu’il faut voir Jean-Pierre Tuloup : travailler et ensuite se mettre à nu, se confronter aux regards des autres. Il est inutile de rappeler que notre homme a commencé à exercer comme juge de dressage en 1980, activité qu’il voit aussi comme une part de formation, pour lui au départ, puis pour ceux qui, nombreux durant toutes ces années, ont déroulé leur reprise sous son regard expert.
Notre homme de cheval est curieux et raisonné sur ce qui l’entoure. Il dit « essayer vivre avec son temps » et ne veut pas paraitre démodé… Former des enseignants, c’est leur donner une culture. Les enseignants d’équitation doivent ensuite mener leur vie, développer leurs connaissances, s’imprégner des notions de mécanique équestre, d' échelle de progression… Il faut former des gens responsables pour en faire des « hommes de cheval ». Observer, réfléchir, écouter, développer encore et encore sa culture.
Parfois, il y aurait de quoi se fâcher, mais il faut rester calme. Les conflits ne servent à rien. Et l’homme d’expérience a aussi et surtout un regard bienveillant sur les nouveaux arrivants.
Les chevaux sont notre patrimoine, et il faut en prendre soin. C’est pour cela que la mission d’enseigner l’équitation n’est pas anodine ! Voici un « homme de cheval » accompli, compétent et intarissable qui peut nous aider à nous responsabiliser encore davantage, afin de faire bon usage de notre patrimoine équestre ! Mais qu’est-ce-que l’équitation française ? « C’est le résultat de tous ceux qui ont écrit, transmis, avec leurs différences, en particulier tous ces officiers de cavalerie depuis 1880. » Et nous pouvons continuer… Et nous pouvons y contribuer… Nous pouvons tous apporter quelque chose à cette culture équestre. C’est ce que fait Jean-Pierre Tuloup !