
Et ce qui m'avait frappé dans cette reprise, c'était que vous étiez heureuse de venir vous frotter à ce monde de la compétition, et sans doute plus heureuse que beaucoup de ceux qui étaient là, et que votre cheval faisait tout ce qu'il pouvait pour en affronter la complexité, sans jamais être contraint ni gêné dans son travail grâce à votre bonne entente .

Alors pour toutes ces bonnes émotions que nous gardons, chère Josette, je vous adresse toutes nos condoléances de la part d'Allege Ideal, et toutes nos amitiés.
"Il ne fera plus ses mimiques pour réclamer des carottes.
Il ne fera plus son hennissement qui n’était qu’un souffle rauque.
Je suis triste, très triste.
Paganini est mort vendredi dernier.
Un accident à la longe. Un postérieur n’est pas revenu sous lui et il est tombé lourdement. Fracture du fémur.
Il avait 20 ans.
Nous avons cheminé ensemble pendant 13 ans. En visant l’objectif d’aller au Grand Prix, nous avons réalisé un parcours d’entraide mutuelle, où tout était imbriqué. Le fait de réparer son physique et d’affiner la communication l’a tiré d’une partie de son autisme. En même temps, lui, m’a tiré vers la vie pendant mes chimios.
L’objectif a été atteint, et, en prime, cela lui a permis d’être suffisamment dans la réalité pour pouvoir aller au pré. Et même plus, depuis deux ans, il s’était fait un copain en Picasso (bon, c’est plutôt Picasso qui l’a pris sous son aile), étonnant duo (mais peut-être pas tant) entre un cheval agressif et un cheval qui ne savait pas parler cheval.
Paganini le virtuose. Oh, oui, assurément !
En le voyant avec son côté anguleux et des gestes qu’on aurait aimé plus amples, les personnes qui l’ont monté ont toujours été surprises de découvrir à l’intérieur un cheval extraordinaire de sensibilité. Sa capacité d’attention hors-norme mettait le cavalier qui savait jouer, au centre d’un univers fantastique d’intimité.
Le colonel Carde l’a qualifié «d’animal merveilleux ».
C’était ce qu’il était."