Association pour la Légèreté en Equitation

International Dressage & Equitation Association for Lightness

 

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En corrélation avec l'évolution de la société, et à plus forte raison depuis la réforme des galops entreprise en 2012 par la FFE qui place cet aspect au cœur de l'enseignement de l'équitation, les dimensions affective, émotionnelle et relationnelle ont pris place dans nos clubs. Les enseignants y sont sensibilisés durant leur formation et les dirigeants de centre équestre l'ont eux aussi intégré dans leur projet pédagogique.


Ainsi, essayons de déterminer les points clés de cette dimension psychologique et cherchons à comprendre comment gérer cet aspect essentiel de l'apprentissage. Je propose ici de rompre avec les codes habituels et de ne pas m'attarder sur la définition des aspects et sous-aspects issus de la colonne du plan fédéral de formation, mais plutôt d'en proposer une lecture appuyée sur mon expérience d'enseignant en centre équestre et de formateur de moniteurs et d'entraîneurs.

Les 3 éléments psychologiques qui impactent le comportement moteur du cavalier seront donc développés ici, autour de 2 axes principaux.

           1. Les sentiments et les émotions

           2. Les relations

L'enseignant et le pratiquant doivent apprendre à repérer et différencier ce qui relève de l'un ou de l'autre.

 
 

Les émotions et les sentiments

Comment se manifestent-t'ils ?

Ces 2 sensations physiques se manifestent de plusieurs manières :

  • L'augmentation et plus précisément l'instabilité de la fréquence cardiaque.
  • La faiblesse musculaire. Hypertonie allant jusqu'à la tétanie, spasmes et hypotonie voire flaccidité.

  • La sudation non liée à l'effort est également une expression physique des émotions et des sentiments.

  • L'irritabilité, le repli sur soi, ou l'hyper-expressivité sont également des manifestations observables du stress occasionné par les émotions ou les sentiments.  

Nous distinguons les émotions des sentiments uniquement par leur soudaineté d'apparition. Ainsi, l'émotion apparaît soudainement et brièvement mais plus intensément et est liée à un stimuli ponctuel alors que le sentiment est plus durable et les causes plus profondes.

Il est donc très souvent plus aisé de déceler les émotions que de mettre le doigt sur un sentiment ressenti par un cavalier.

 

A quoi servent-ils ?

Les émotions et les sentiments nous renseignent sur notre état intérieur mais également sur notre environnement. Ce sont à la fois des radars naturels qui nous permettent de comprendre l’autre et les situations, mais aussi des moteurs qui permettent de mobiliser l’énergie nécessaire pour résoudre un problème.

Il n’y a pas de bons ou de mauvais sentiments. Les sentiments peuvent être positifs ! Et oui ! Car ils nous permettent de résoudre une situation, mais ils sont aussi négatifs lorsqu’ils nous inhibent dans la gestion de la situation.

 

Peur - Colère – Tristesse – Joie - Comment les repérer ?

©A.-C. Grison

Pour simplifier, une première classification de nos impressions, communément admise par les analystes, s'organise autour de 4 sentiments de base :

PEUR- COLERE-TRISTESSE-JOIE 

Cette 1ère classification nous est très utile car elle va nous permettre d’agir adéquatement en fonction du sentiment éprouvé.

Nous rencontrons ces sentiments à diverses occasions et ils sont souvent mêlés.

La peur, qu'elle soit de la hauteur ou de la vitesse à cheval ou qu'elle fasse référence à l'absence de contrôle sur l'animal est le premier facteur de stress. Le jeune enfant y associera souvent, soit la tristesse, soit la colère pour la manifester. Toutefois, il est très important de bien identifier la première émotion ou le premier sentiment afin d'agir en conséquence. La peur ne se combat qu'en assouvissant le besoin essentiel rappelé par Maslow qu'est le besoin de sécurité. L'enfant comme l'adulte a besoin de protection afin de surmonter sa peur et ainsi pouvoir stimuler ses gestes moteurs et réaliser le geste adéquat dans la situation proposée par l'enseignant. Le cavalier accepte alors ses propres limites, et peut intégrer et stimuler un nouveau comportement dans une situation donnée.

L'exemple le plus marquant est, à mon sens, celui de l'apprentissage du galop. Le cavalier doit se sentir en sécurité pour accepter et se confronter à l'allure.

La peur de mal faire est la seconde peur que l'on rencontre. Le cavalier qui a pris confiance et se sent en sécurité sur sa monture peut contracter cette autre forme de peur. Mais est-ce bien le fondement du problème ? Et bien non, le sentiment sous-jacent est la colère. Celle-ci est d'avantage un sentiment qu'une émotion. Elle apparaît après un processus cognitif faisant appel au sens que l'on donne à une situation.

Dans le cas du cavalier et dans l'exemple donné, c'est une auto-critique de son propre comportement  sur sa monture. Ainsi il est inutile voire contre-productif de rassurer quelqu'un qui est en colère. Il faut opérer un changement de l'angle de vue, proposer une autre manière de faire ou de voir la situation. Ce changement permet au cavalier d'accepter les limites extérieures, celle du système, de sa monture ou encore de l'enseignant. Il faut agir sur le processus cognitif qui l'a mis en colère. La reformulation peut parfois suffire. Mais le plus souvent, il faut opérer un changement plus radical comme lui proposer une autre voie pour accéder au comportement voulu.

Concernant la tristesse, elle est plus difficile à identifier car souvent masquée. La douleur physique entraîne de la tristesse. On pourra la voir se manifester chez un cavalier qui n'a pas eu son poney préféré ou qui ne parvient pas à réussir un exercice. On parle plus souvent de frustration. 

Face à la tristesse, il faut du réconfort. Proposer une situation d'apprentissage par renforcement positif. Le cavalier acceptera petit à petit le fait que les événements prennent du temps.

 
 

Finissons par le sentiment ou l'émotion qui semble le plus positif, la joie.

Ce sentiment est le plus extériorisé, il se manifeste souvent à outrance. Pour autant, il s'agit bien aussi d'un stress. Le cavalier doit apprendre à le canaliser pour que son métabolisme reste perméable à l'apprentissage. Pour ne pas entrer dans une frustration et faire passer le cavalier de la joie à la tristesse, il est impératif d'accueillir cette joie. Ce sentiment ou cette émotion réclame donc un partage. Le cavalier apprend alors calmement à gérer le temps de son apprentissage, comme il le fait pour la tristesse.

Ainsi passer du rire aux larmes prend tout son sens !

 

Définition du stress

Le stress est, en biologie, l'ensemble des réponses d'un organisme soumis à des pressions ou contraintes de la part de son environnement. Ces réponses dépendent toujours de la perception qu'a l'individu des pressions qu'il ressent. Par extension tous ces événements sont également qualifiés de stress. Dans le langage courant, on parle de stress positif ou négatif. (extrait définition wikipédia)

 

Les relations en équitation

© A. Laurioux

Je ne rentrerai pas ici dans la gestion de groupe. Je m'attacherai uniquement à étudier le trio Cavalier / Cheval / Enseignant.

Dans l'apprentissage du cavalier, l'enseignant peut choisir de faire évoluer son cavalier avec une monture unique et changer de monture par paliers d'apprentissage (même cheval jusqu'au premier niveau, puis autre cheval pour le second palier …)  ou le faire évoluer avec différentes montures tout au long de son apprentissage.

De même, le cavalier peut lui-même choisir d'évoluer de manière unique avec un enseignant, une monture ou alterner.

Les relations qui s'installent alors sont différentes :

 
 

 

 

1 cavalier - 1 enseignant - 1 cheval

 
 

1 cavalier - 1 enseignant - plusieurs chevaux

 
 

1 cavalier - plusieurs enseignants - plusieurs chevaux

 
 

1 cavalier - plusieurs enseignants - 1 cheval

 
 

Ces différentes interactions conduisent au schéma suivant :

 
 

Il est impératif de bien connaître la relation établie entre les 2 acteurs enseignant-cavalier, pour que l'animal devienne un vecteur de l'enseignement et non un exutoire ou pire un souffre douleur. 

Enfin, chacun d'entre eux s’appuie sur sa propre interprétation du cheval, soit pour répondre aux attentes de l'enseignant, soit pour adapter et proposer la bonne situation d'apprentissage. Il est donc essentiel de sans cesse mettre en mot sa propre perception du cheval et d'écouter celle de l'autre. Cela permet de fluidifier le passage des apprentissages. Le cheval n'est-il pas un fabuleux sujet de conversation reliant les Hommes ?

   N. Mabire