Qui est l'homme pour le cheval et ou le situe-t-il
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Merci Catherine pour vos encouragements.
Cette question est riche d'interrogations périphériques que je souhaiterai aborder demain.
Depuis la lecture des échanges avec Maryan, je commence à dissocier les "moments" : stimili / action dans l'ordre de l'exercice de la volonté.
C'est ce qui motive ma question : Qui est l'homme pour le cheval ?
Votre réponse Philippe ne satisfait pas (assez) ma curiosité. Toute cette démarche s'inscrit dans le chronos donc l'un sait avant l'autre. Si nous sommes dans un rapport "juste égalitaire", les effets seront alors très amoindris voire anéantis ou peuvent s'opposer (volontés divergentes).
De même, si les chevaux ne savent pas pouvoir embarquer l'homme (ce qui est vrai), l'homme lui, le sait et grâce à la place qu'il occupe (dans et hors de la sphère du cheval), il entretient l'ignorance du cheval (asservissement).
Ce qui m'intéresse l'expérimentation de laboratoire.
Pratiquer (avec justesse) un acte dont on ne connait pas les mécanismes est moins efficient.
Cordialement, bruno
Message édité par: BLB, à: 2009/01/05 09:41
La science nous dit donc que nous pouvons établir une communication de partenaires sociaux si nous les humains, respectons les schémas de fonctionnement social des chevaux.
Et voilà le premier écueil : tous les chevaux que nous rencontrons ne connaissent pas forcément les règles sociales chez les chevaux car empéchés par…. les humains.
La nature donne deux ans au poulain pour apprendre à vivre avec ses congénères : d’abord l’éducation sévère d’une mère jusqu’à 8/10 mois, puis les relations de respect et de bonne courtoisie données par les autres membres du troupeau. Un poulain qui peut tisser ces liens solides avec sa mère osera explorer son environnement et s’insérer dans son groupe ou il pourra se socialiser correctement. S’il apprend par l’intermédiaire de sa mère et du groupe à considérer l’humain comme un partenaire social comme les autres, il s’insérera bien dans notre monde en respectant rituels et hiérarchie.
Les techniques d’élevage ne suivent généralement pas ce programme : des sevrages précoces (4/6 mois), un isolement des poulains entre jeunes et voilà des chevaux qui n’ont pas appris à reconnaître les signaux de communication intra-espèces et qui seront sourds aux signaux de communication inter-espèce.
A la maison, mon mari élève en troupeau depuis 7 ans, en laissant aux mères la responsabilité du sevrage.
Au moment des débourrages, les poulains, éduqués par les chevaux adultes, transfèrent le respect qu’ils ont appris sur nous qui devenons les nouveaux adultes « référents » : ces poulains marchent en licol, nous cèdent le pas à l’entrée des boxes et embarquent dans le van en confiance et sans qu’on ait l’impression de leur apprendre.
Les deux poulains que nous avons acheté pour leurs origines, à l’âge de 6 mois et 1 an avaient déjà des pathologies caractérielles et leur éducation ne fut pas satisfaisante.
De mon coté, j’ai choisi d’accueillir des chevaux adultes et dit « rétifs », c’est à dire, ayant des problèmes de comportement envers l’humain, à pied et montés. J’ai cru longtemps que le seul problème était de leur faire oublier des mauvais souvenirs. Je sais maintenant que ce problème se complique de l’absence de « codification » naturelle de leur « relationnel ».
Bruno, connaissez vous le passé des deux trotteuses ?
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Quelle enivrante question !
Il est de bon ton par les temps qui courent de dire que l’homme doit « devenir » cheval pour mieux être compris. Dans les divers mouvements à la mode, on prétend parfois que le cheval prend l’homme pour un congénère si la méthode est bien appliquée…
La communication inter-espèces est riches d’expériences et on nous montre régulièrement avec attendrissement à la télévision des chiennes qui adoptent des chatons ou des lapins, des chats qui copinent avec des souris, etc… Partout dans le monde, des espèces totalement différentes ont développé des comportements interactifs nourrissant des intérêts réciproque.
Cela signifie-t-il que les chats se prennent pour des chiens, les souris pour des chats et les buffles pour des pic-bœufs ??? Je ne le crois pas.
Le fait que 2 espèces se cotoyent et trouvent avantage à « s’associer » ne me semble pas influer sur la capacité à confondre son espèce avec une autre. Je pense qu’il y a habituation et développement d’une intercommunication plus ou moins élaborée.
Par habituation, par proximité régulière intensive, je crois que chacun apprend à décoder le modèle de communication de l’autre mais qu’en aucun cas, ils ne se confondent.
C’est une peu l’apprentissage d’une langue étrangère. Et parler la langue des autochtones est toujours une aide précieuse à l’intégration, non ?
Il s’agit toujours d’opportunisme. Chacun trouve un avantage à pénétrer la culture de l’autre.
En ce sens, les animaux domestiques sont de remarquables conquistadores et n’attendent pas d’être formatés par les dressages que nous leur imposons pour atteindre leur but, en nous « manipulant », en profitant de nos failles, en utilisant nos propres canaux de communication.
Beaucoup d’animaux domestiques, par exemple, ont développés des pseudo langages oralisés, juste parce que nous privilégions ce mode de communication. Ainsi ils parviennent à attirer notre attention et nous rendre plus disponibles à leur égard. Mode de langage pas du tout employé par leurs cousins sauvages, le cas le plus proche observable par tous est celui du chat. Beaucoup d’études et d’expériences avec des primates ont permis de mettre en évidence la capacité à intégrer des modes de communication humain (langage des signes, « claviers vocaux »), ces singes se prennent-ils pour des humaines après avoir adopté ces langages ? Je ne le crois pas.
Ainsi en adoptant un certain langage corporel équin, ces attitudes, ces modes comportementaux, l’homme parle une langue familière au cheval. Le cheval lui, au contact de l’homme « bavard », apprend à identifier certaines informations et développe une attention particulière à cette vocalisation. Il s’agit simplement de construire un pont de communication le plus enrichit possible pour que chacun puisse exprimer ses envies et ses « sentiments » vers l’autre et surtout se faire comprendre.
Je reviens un peu sur cette notion d’homme/viandard/chasseur/prédateur qui instinctivement ferait fuir le cheval. L’homme n’est pas un carnivore comme le lion, le loup, le chien. C’est un omnivore. Son alimentation est variée, et normalement la viande, si elle fait bel et bien partie de son régime, ne constitue pas le met principal de ses repas.
Il est un peu absurde de toujours opposer un homme carnassier et chasseur retenant avec difficulté la bave au bord de ses lèvres ( !) et un cheval herbivore proie, innocence incarnée et aux portes de l’affolement 24 heures sur 24. (la proie est un état passager, une situation due à un fait de prédation, de capture, de torture, de mise à mort. Cet état n’est pas un donnée « zoologique » de classement.
Les primates ont une nourriture très variés : fruits, feuillages, graines, insectes,… Et on retrouve cette variété chez les hominidés auquel nous appartenons. L’homme est peut-être un loup pour l’homme mais il ne l’est pas pour le cheval, nous n’émettons pas du tout les mêmes signaux (visuels, olfactifs, comportementaux, etc..).
La méfiance est inhérente à la philogénètique du cheval. Les interactions avec son environnement, dès sa naissance, vont modeler son comportement, sa « gestion » de cette méfiance salvatrice. Si ses expériences lui enseignent que l’homme est source de peurs, de stress, de douleurs, de mauvaises surprises (peu suffisent, mais l’impact de quelques très mauvaises expériences peut suffire à orienter définitivement son « jugement ») alors tout le terrain collaboratif est miné… Et les chevaux atterrissent chez Catherine ! ;-)
Si les expériences avec l’homme sont positives, nourrissent un référentiel de sensations agréables associées à lui, un catalogue de solutions profitables, apaisantes face à des situations au départ « problématiques », alors le cheval classera cette coopération dans un registre favorable et il cherchera même probablement spontanément « l’aide de l’homme », ou en tout cas se remettra à ses décisions sans crainte, s’intéressera à ces sollicitations, à ces propositions.
La domestication rend l’animal très perméable aux apprentissages tout au long de sa vie. TOUT AU LONG DE SA VIE….. Quelle merveilleuse opportunité.
Attention aux développements trop poussés qui n’intéressent que ceux qui les écrivent…
Si j’ai parlé maladroitement d’odeur, je n’ai pas souhaité attirer l’attention sur le sujet prédateur/proie des conférenciers texte que habituellement je fuie… Je n’ai pas été bon en parlant d’odeur, c’est sûr.
Au lieu de développements scientifiques et philosophiques appartenant à d’autres, mettez plutôt des titres de livres à consulter, si affinité…
Amicalement ? Grr...
JC Barret, lors d'un colloque à Saumur, a dit qu'une fois que l'homme est sur le dos du cheval (hors de son champs de vision), il n'est qu'un "bouquet de sensations". Personnellement, cela m'a beaucoup parlé.
Philippe,
Il ne s'agit pas de développements poussés, j'essaye au contraire de synthétiser un panel d'éléments importants, complexes et très dépendants les uns des autres. Et croyez moi l'exercice n'est pas facile !
Il n'y a là aucune considération philosophique. Si en plus nous devions philosopher, nous ne nous en sortirions pas et surtout nous nous éloignerions de l’objectif : comprendre les mécanisme d’un comportement et ainsi pouvoir le réutiliser avec opportunisme.
Lorsque vous avez évoqué les odeurs, vous n’avez fait qu'ajouter un élément de plus à prendre effectivement en compte, je n'ai pas trouvé cela maladroit.
Ensuite j'essaye de rendre le tout moins indigeste en y plaçant quelques mammouths et autres fleurs des champs !
On ne peut comprendre le comportement d'une espèce sans procéder à des comparaisons avec d'autres espèces c'est le B A ba de l'étude comportementale, il faut également se défaire le plus possible de son référentiel humain...ceci passant par la recommandation qui précède.
Citer des titres de livres ?
Oui si vous préférez :
Pour ce qui concerne juste le cheval, en basique, vous pouvez consulter : :
- Les textes disponibles sur le site de la station pluridisciplinaire des Metz où sévit M.BARREY, en attendant qu’il publie un livre !
- Tout ce que vous trouverez comme articles et reportages sur les travaux de Claudia FEY en attendant qu’elle publie un livre !
- Le comportement des chevaux – Marthe Killey-Worthington
- Psychologie et comportement du cheval - Danièle GOSSIN
- Parler au cheval et être compris – Danièle GOSSIN
- Le cheval révélé – Desmond MORRIS
- L’équitation, le cheval et l’éthologie – Colloque du 18/19/99 à l’ENE
Pour objectiver votre approche, mettre en lumière certaines choses abordées dans les ouvrages précédemment citées, avoir plus de perspectives collaboratives avec votre cheval, aller encore plus à la source aussi:
- La plus belle histoire des animaux – Boris Cyrulnik / Jean-Pierre DIGARD / Pascal PICQ / Karine-Lou MATIGNON
- L’éthologie, Histoire naturel du comportement – Jean-Luc RENCK / Véronique SERVAIS
- La légende de la vie – Albert JACQUARD
- La naissance du sens – Boris Cyrulnik
- Mémoire de singe et paroles d’homme – Boris Cyrulnik
- Eloge de la fuite – Henri LABORIT
- La dimension cachée – Edward T.Hall
- De chair et d’âme – Boris Cyrulnik
Voilà pour commencer. Vous retrouverez dans ces quelques livres, de façon plus développée, les vagues notions évoquées dans mon post précédent.
Bien sûr, les observations personnelles, les reportages sur des études comportementales, les compte-rendus d’études éthologiques d’autres espèces et quelques conférences ou stages aident à élaborer sa propre synthèse. En cherchant un peu sur le net, on trouve aussi beaucoup de textes, de la thèse aux extraits de publications.
Sur le net, le site http://www.ethologie.info/ est une mine d’informations.
Tout cela appartient aux autres, oui. M.BARREY dit d’ailleurs lui-même avec humilité qu’il ne fait que répéter à 80 % ce que ces prédécesseurs ont découvert, les 20 % restant appartenant à sa propre synthèse et ses observations personnelles.
Il dit aussi avec sagesse que les autodidactes sont souvent de bons éthologues…
Pardonnez moi, si je vous ai ennuyé.
Il est de bon ton par les temps qui courent de dire que l’homme doit « devenir » cheval pour mieux être compris. Dans les divers mouvements à la mode, on prétend parfois que le cheval prend l’homme pour un congénère si la méthode est bien appliquée…
La communication inter-espèces est riches d’expériences et on nous montre régulièrement avec attendrissement à la télévision des chiennes qui adoptent des chatons ou des lapins, des chats qui copinent avec des souris, etc…
J'adresse tous mes remerciements à Catherine et Maryan pour leurs recherches et l'intérêt de leurs textes pleins de bon sens.
Maryan écrit :
que l’homme doit « devenir » cheval pour mieux être compris. Dans les divers mouvements à la mode, on prétend parfois que le cheval prend l’homme pour un congénère si la méthode est bien appliquée…
et Catherine continue :
des sevrages précoces (4/6 mois), un isolement des poulains entre jeunes et voilà des chevaux qui n'ont pas appris à reconnaître les signaux de communication intra-espèces et qui seront sourds aux signaux de communication inter-espèce.
Je comprends fort bien votre souci mutuel et j'ai pris plaisir à vous lire.
Les activités humaines sont de plus en plus nombreuses, variées et orientées vers les techniques mécaniques. On s'intéresse volontiers à la nature, chacun souhaite sauver le planète mais, au fond, répugne en même temps d'appartenir à cette "chère" nature.
Laisser le sevrage à la responsabilité des mères est certainement mieux, mais hélas, les problèmes ne sont pas résolus pour autant.
Vous pensez à l'éducation du poulain en société animale, il serait bon aussi de penser à l'éducation de l'homme approchant les chevaux au box, au pré et au manège. L'homme je l'espère est doué de perfectionnement et pour l'homme de cheval, il s'agit de "se chevaliser".
Je me souviens d'un poulain "chiqueur" qui pinçait les humains mais jamais sa mère. Un jour, ce poulain fut, à son tour, mordu à la babine, par l'humain. Cette leçon le corrigea à vie. Mais ce que j'ai trouvé de plus extraordinaire dans ce geste c'est d'avoir su le mettre en place.
Si les chevaux d'élevage ne bénéficient pas d'une vie satisfaisante en troupeau, ils sont contraints à une discipline de vie (chez les "bons" éleveurs) : licol dès le 6e jour de sa naissance, marche accompagnée avec le poulain tenu au licol, etc, etc.
Le plus important est-il d'avoir reçu une éducation de ses congénères ou une éducation tout simplement ?
Les chevaux sont capables de se défendre face à un homme à pied au moyen des dents et des pieds. JC Barrey dit que l'homme sur le dos du cheval est un bouquet de sensations (cf. Xavier Meal).
Pourquoi ce cheval ne se débarrasse-t-il pas aussi aisément qu'à pied de ce passager qui lui pique les flancs pour rien ou lui sonne la bouche à chaque battue.
L'homme à cheval change-t-il alors de statut?
Ni trop pratique, ni trop théorique, le discours est difficile à canaliser.
Très cordialement, bruno
Message édité par: BLB, à: 2009/01/06 22:23
Oui l'homme à cheval change de statut. Ou plutôt le terrain de la communication est modifié et donc il convient d'établir de nouvelles règles.
Et, du fait de ces nouvelles règles, son statut de dominant/leader doit être identique à celui qu'il possède lorsqu'il est à pied.
Le plus important est-il d'avoir reçu une éducation de ses congénères ou une éducation tout simplement ?
Il faut choisir les deux ! Sans la transmission totale des codes comportementaux de l'espèce, le pourlain deviendra un animal "non achevé" psychologiquement. On appelle cela des animaux insécures.
..Je suis désolé mais je suis encore obligée d'expliquer le mécanisme pour montrer l'importance de respecter cette transmission.
A la seconde de sa naissance, l'apprentissage des règles de vie en société et des règles de communication (plus d'autres choses) commencent. Et la complexité fait que la "maturation cérébrale" est perméable à une certain type de savoir pour un laps de temps défini. Si le poulain loupe une "fenêtre" d'imprégnation, l'apprentissage est définitivement perdu car le cerveau passe au suivant !!!!
Cyrulnik explique trés bien cela.
Comme une multitude de "cases" qui se remplissent les unes après les autres, de la 1 à la 10 au cours de la semaine 1, la 11 à la 20 en semaine 2, etc...
C'est hyper schématique mais c'est le principe.
Il est impossible de revenir en arrière. A l'âge adulte, il est possible de développer une éducation et des apprentissages qui vont "limiter" les défauts comportementaux qui résulteront mais "l'instabilité et la fragilité" du comportement seront toujours présent.
Il est donc impératif, pour avoir un sujet équilibré qu'aucune période de transmission des savoirs par l'espèce d'origine ne soit loupés.
Quant à l'importance de l'éducation, je n'ai pas besoin de répondre. Nous savons tous ici combien c'est indipensable.
De la part du naïf de service
L'homme à cheval change-t-il alors de statut?
il a au moins changé de place, se mettant bien à l'abri des pieds et des dents
Pourquoi ce cheval ne se débarrasse-t-il pas aussi aisément qu'à pied de ce passager qui lui pique les flancs pour rien ou lui sonne la bouche à chaque battue.
et pourtant, ce serait si facile ! alors :
- est-il foncièrement gentil ?
- est-il foncièrement sot ?
- à force d'être piqué et sonné, est-il résigné à cette normalité ?
Maryan
Vous avez posté avant moi, bien plus sérieusement
J'ai connu un poulain élevé au biberon :la mère, primipare, n'avait pas de lait, refusait de s'occuper du petit et faisait même preuve d'agressivité à son égard.
Tout petit, comme tous les poulains, il était adorable...on s'est toujours demandé s'il était "fini dans sa tête" par la suite ; il n'était pas méchant, mais tout à fait imprévisible
Evidemment, ce n'est qu'un exemple, pas une série suffisante pour généraliser
Message édité par: france, à: 2009/01/06 23:16
Pour Maryan: je suis aussi concernée (sinon plus) que toi par le message de Philippe. Ta réponse m'a oté les mots de la bouche!..
Pour Philippe: à la liste donnée par Maryan je rajouterai:
- A l'origine de cette branche de la science, les ouvrages de Konrad Lorenz, prix nobel de medecine en 1973 pour ses découvertes sur les types de comportements sociaux des animaux.
On trouve d'occasion " Il parlait avec les mammifères , les oiseaux et les poissons", un charmant petit ouvrage de vulgarisation. Et la bible: "les fondements de l'éthologie".
- "Le comportement animal, psycho-physiologie" par R. Chauvin
- " Mémoire de singe et paroles d'homme" par Boris Cyrulnik , neurologue ET psychiatre.
Pour Bruno: une courte parenthèse personnelle: c'est grâce à Boris Cyrulnik et sa "découverte" de la notion de résilience que je suis aujourd'hui "famille d'accueil" auprés de l'Aide Sociale à l'Enfance. L'expérience des trois enfants que j'accueille ainsi que la formation dont je bénéficie viennent compléter les observations que vous, comme moi et d'autres ont réalisé avec les chevaux: les troubles de comportements sont issus de carences éducatives.
"Le plus important est de recevoir une éducation"
D'ou qu'elle vienne...
France, il faudrait ouvrir un autre sujet pour parler du syndrôme de "résignation acquise".
Lire le texte de Andrew Mac Lean dans les dossiers d'AI: "L'importance de la Légèreté et une définition claire"
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Message édité par: PODER, à: 2009/01/06 23:49
Un rappel de quelques préalables avant d'échanger sur des exemples précis, sachant que l'histoire personnelle de chaque cheval viendra éclairer ces données scientifiques.(informations tirées des travaux de scientifiques comportementalistes dont essentiellement JC Barrey)
Le fonctionnement du cerveau des mammifères :
- cerveau primitif, reptilien : (comprend entre autre l’hypotalamus.) commande les comportements de routines, boire, manger, dormir, copuler, attaquer, fuir, connaître l’espace ou ces fonctions se déroulent. ¨Participe à la première ébauche des comportements de relations : affirmation de soi, identification des membres de l’espèce, routines de reconnaissance.
- Cerveau moyen, le système limbique ( comprend l’hippocampe ) il permet l’apparition d’une mémoire à long terme qui permet une structuration élargie de l’espace, des soins parentaux à la progéniture, une communication audio vocale, une aptitude au jeu.
Ce cerveau donne une couleur affective à l’activité de l’animal : apparition du plaisir , de l’ angoisse, de la colère de l’amour et de la haine.
- Un début de cerveau supérieur : un néo cortex qui permet les différentes représentations du monde extérieur et qui organise l’harmonie des gestes et leur efficacité.
Différences avec l’humain :
Le niveau de développement du cheval reste sensori-moteur : basé sur des sensations externes ou internes et des activités motrices sans intervention de raisonnements logiques ou abstraits permis chez l’humain par l’importance du néo cortex associatif.
Le cheval ne peut :
- effectuer de décentration : impossibilité pour l’animal de se mettre à la place de l’autre.(le cheval est égocentrique)
- percevoir les rapports de causalité et réversibilité
- dialoguer, ( communiquer en fonction de ce que l’on présume des réactions de l’autre.)
Néoténie :
Persistance de certains caractères juvéniles qui disparaissent habituellement à l’âge adulte chez les animaux sauvages. Ce mécanisme biologique permet la domestication du cheval :
- acceptation comme « valant congénère » d’un individu d’une autre espèce.
- allongement presque indéfini de la période de curiosité et d’apprentissage.
Trois niveaux de relation cheval/humain :
Le cheval nous perçoit en fonction des signaux que nous émettons (ou pas) .
- Objet neutre : nous n’existons pas quand généralement, nous n’avons émis aucun signal qui le concerne : nous restons en dessous de son horizon perceptif.
Le cheval nous ignore totalement, ne tient pas compte de notre présence et peut aller jusqu’à nous bousculer comme s’il ne nous voyait pas.
- Prédateur : quand les comportements des humains sont dérivés des techniques de chasse (cf « chuchoteurs ») le cheval n’a pas une réaction sociale mais une « réaction de proie en apprentissage de l’inhibition de l’action ».
- Partenaire social : quand nous savons émettre les signaux de reconnaissance propre à l’espèce (rituel naso-nasal) nous pouvons, grâce à la néotinie, être acceptés par les chevaux comme « valant cheval ». Nous devenons pour lui un partenaire social avec qui s’appliquent les règles régissant les comportements sociaux des chevaux.
Communication équestre :
Dans la relation de partenaires sociaux, il y a deux types de communications différentes :
- à pied : le cheval transpose sur l’homme ses programmes innés de structure topologique de l’espace et de l’organisation sociale.
- Travail monté : la communication s’établit sur un mode cénesthésique et fait appel au mécanisme d’isopraxie (homologie gestuelle).
A suivre...
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