equitation francaise et germanique
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je me presente: je suis une cavaliere belge (detail important, vous allez voir...)d'une trentaine d'annees.
pour situer mon niveau equestre: je crois que je balotte entre 5 et 4ieme categorie, sans faire de concours pour autant.
mon probleme: a force d'avoir monte dans beaucoup d'ecoles differentes, en France et en Belgique, et bien, j'avoue que je suis un peu perdue...
En Flandre, on monte selon la methode germanique. c'est une equitation tres progressive. On commence toujours, quel que soit le niveau du cheval, par le fameux 'voorwaarts, neerwaarts' (= en avant, vers le bas) et on attaque l'etape suivante que si le cheval a goute la sciure du manege (et je n'exagere rien!). ensuite, on attaque les transitions, les serpentines. seulement si ce travail de base est bien assimile, on peut envisager les epaules en dedans, les allongements, et autres exercices et figures plus complexes. on ne passe pas a l'etape superieure tant que ce travail de base n'est pas bien ancree, tant pour le cheval que pour le cavalier.
En France parcontre, je me rappelle que tous les chevaux des clubs ou j'ai monte etaient enrenes (gogue fixe pour les debutants, renes allemandes pour les "confirmes"), et les meilleurs cavaliers montaient en bride. Pendant les reprises, on passait beaucoup de temps a "assouplir" le cheval: petites voltes, deplacer les hanches, deplacer les epaules,...
En Flandre, et surtout au Pays-Bas (ou j'ai cru comprendre que le niveau de dressage est tres, tres eleve), cela est considere comme une HERESIE!!!
je ne vous raconte pas mon desarroi lorsqu'on m'a assez violemment fait comprendre d'arreter tout de suite mon exercice d'epaule en dedans sur mon cheval que j'ai beaucoup de mal a detendre...
bref, je suis perdue, et je sens que je ne pourrai progresser sans avoir parfaitement compris et apprecie les qualites, specificites et defauts de ces deux ecoles francaise et germanique.
avez vous des opinions, des experiences a ce sujet? connaissez-vous des personnes, des ecrits qui pourraient m'eclairer?
merci d'avance!
Bienvenue parmi nous, Christine!
il me semble nécessaire de faire la distinction suivante:
Il y a l'Equitation Classique, que son histoire rattache à la France, à travers la filiation et les écrits des grands maîtres, de Pluvinel à Decarpentry, sans oublier La Guérinière, Baucher, Faverot de Kerbrecht, L'Hotte, Beudant (j'en oublie)...Cette équitation n'a pas de frontière, présente dans les 4 écoles d'art équestre d'Europe et servie par Steinbrecht, Diogo de Bragance et Nuno Oliveira (et d'autres).
Cette équitation enseigne au cavalier la belle position, l'indépendance des aides et le guide vers le tact.
La progression du cheval suit la maxime "Calme, en avant, droit et léger",dans une quète de l'équilibre et dans le respect de son intégrité mentale et physique.
Puis, il y a cette "méthode germanique", qui suit "la Skala", gymnastique physique que le cheval doit accomplir à tout prix!
Ca passe ou ça casse...
L'équitation classique n'est plus vraiment enseignée dans les clubs français et n'est plus respectée en compétition.
La "méthode germanique", bas, puis bas et rond, s'est pervertie en Rollkur, avec les dégats que l'on sait sur les chevaux...mais permet de gagner en concours.
Rien n'est parfait!
Dolmata a mis le doigt dans la plaie: le non respect du Calme comme condition première et nécessaire dans l'éducation du cheval est un non respect du mental du cheval qui ne pourra s'épanouir physiquement.
Pour la plupart, nous souhaitons, dans cette association, voir se réaliser le renouveau d'un enseignement de l'équitation classique de tradition française et la voir respectée par les juges et cavaliers en compétition.
Car les chevaux paient un trop lourd tribut:
"Ce qu'il faut, c'est travailler dans la légèreté.Tout le reste, c'est le massacre des innocents."
Nuno Oliveira
Message édité par: PODER, à: 2007/09/17 10:26
merci pour ces premiers éléments de réponse!
pour répondre à Dolmata: mon niveau équestre est plutôt modeste, mais cela ne m'empêche pas d'essayer de comprendre l'équitation, et par ce biais, de progresser.
Etant confrontée à plusieurs "cultures équestres", je constate des différences que je ne m'explique pas:
- pourquoi insiste-t-on tant sur le "en avant - vers le bas" ici, alors qu'on ne m'en a jamais parlé en France?
- inversement, je crois me rappeler qu'en France, l'équilibre prenait une place majeur dans les propos des enseignants. Ce n'est pas le cas outre-quaivrain...
Et je suppose qu'il y a bien d'autres différences de ce genre.
Pour finir, mes observations ne s'inscrivent pas dans les hautes sphères de la "belle équitation", mais plutôt dans celle que je cottoie au quotidien, celle des centres équestres, des petits terrains de concours,...
Bonjour Christine,
On dit qu'en descendant de cheval, il faut pouvoir le regarder dans les yeux - parce qu'on l'a respecté (pas le moniteur, le cheval !).
Lisez les ouvrages des grands maîtres, ils sont bien moins sectaires que les enseignants auquels vous avez eu affaire, et bien moins obsédés par le travail vers le bas : bien au contraire !
Bon courage, Marie
Dites nous, Christine, ce travail vers le bas, vous a-t-on expliqué le "pourquoi" et le "comment" le faire?
Et l'équilibre: que représente cette notion pour vous, en tant que concept et en tant que sensation équestre?
.
Catherine,
voilà comment on m'a appris à procéder:
prenons un cheval qui ne connaît pas l'exercice.
Le plus facile, c'est de mettre le cheval au trot sur un grand cercle, sur son côté facile.
il faut d'abord chercher un bon trot actif.
ensuite, on demande un pli vers l'intérieur avec la rêne intérieure. à ce stade, peu importe si le cheval tombe un peu vers l'intérieur.
dès que le cheval accepte ce pli, on cède sur cette rêne et on prend contact avec la rêne extérieur. c'est le moment clé de l'exercice. Si on sent que le cheval est prêt, on avance les mains. le cheval est sensé suivre la main et baisser tête+encolure (il ne faut pas qu'il tire et plonge vers le bas). Si le cheval répond correctement, il faut immédiatement solliciter l'engagement des postérieurs (il ne faut pas qu'il aille plus vite).
si le cheval n'a pas (assez) baissé tête+encolure, ou s'il se relève, on recommence, jusque quand le cheval comprenne - et cède.
les avantages, selon mon ancienne instructrice, sont multiples:
- c'est un travail global de mise en avant, de décontraction vers le bas et d'incurvation
- on ne force pas la tête du cheval dans une certaine attitude; on invite le cheval, on attend et on répète si nécessaire
- c'est un test de confiance réciproque (le cavalier "ose" avancer les mains et envoyer le cheval en avant - le cheval témoigne sa confiance dans une attitude basse et non dans la fuite en avant)
- enfin, cet excercice permet une distinction très claire est précise de chaque aide: pli avec rêne intérieur, rêne extérieur qui règle l'impulsion et l'attitude du cheval, jambe intérieur qui donne l'impulsion et incurve.
bien évidemment, ce travail est adapté à chaque cheval(âge, niveau, travail,...). Pour un cheval d'un certain niveau et habitué, il peut se limiter à quelques minutes en début et fin de travail.
Pour un cheval jeune, à problèmes, ou pour un cavalier inexpérimenté, il peut durer presque toute une séance.
après, on attaque le vrai travail, avec un cheval en main. le travail de mise en main s'obtient de la même façon, à la seule différence que la main extérieur n'avance pas lorsque le cheval cède.
j'ai travaillé pendant deux ans avec cette (merveilleuse) instructrice, et avec deux chevaux seulement, nous n'avons pas commencé par ce travail:
- un très, très grand et jeune cheval qui ne répondait pas aux jambes. La leçon a été dédiée à la mise en avant (leçon de jambes)
- une jument complètement paniquée lorsqu'elle s'est retrouvée seule dans la carrière et qui ne supportait pas le contact des rênes.
quant à la notion d'équilibre, j'avoue que pour moi, elles est très floue. elle fait partie des notions qui revenaient inlassablement dans les litanies des moniteurs: "Ayez vos chevaux devant vous, veillez à votre position, ne tirez pas sur vos rênes, équilibrez vos montures..."
d'après moi, l'équilibre est un premier stade de rassembler. c'est un cheval qui avance sans contrainte apparente, sans souffrir du poids du cavalier, avec un minimum d'engagement et un autre minimum d'allègement de l'avant main. le cheval doit donner le sentiment de pouvoir franchir à chaque instant un obstacle dans une allure régulière.
j'avoue que je n'ai pas souvenir d'avoir effectué un travail spécifique et concret pour équilibrer ma monture...
j'espère que j'ai été claire dans mes propos. dernière petite précision: je ne veut pas vanter ce "vers l'avant - vers le bas" à tout prix. je sais qu'il y a pleins de cavaliers, y compris ici, qui ne le pratiquent jamais. mais j'aimerais savoir pourquoi... et que font-ils à la place?
Christine
je suis comme vous je me pose toujours des questions
des fois ce n'est pas les bonnes et donc je m'égare
mais en revanche je pense que vous faites fausse route en parlant d'une équitation qui serait "la belle équitation " et la votre qui serait celle du centre équestre et du concours "la pas belle équitation"
c'est à mon avis une seule et même équitation
à partir du moment où l'on monte sur un cheval autant faire du beau
pour citer dans un autre registre et pour appuyer mon propos, M Dassault disait:
"qu'un bel avion vole bien"
et donc pour qu'il vole bien il faut qu'il soit beau
mis a part cela j'ai lu votre description méthodique et très claire, en soit ce n'est pas choquant pour un non germaniste, a part que je dirais que pour arriver à ce but je n'ai pas forcément besoin d'autant de "manipulations"
mais c'est après que je décroche lorsque vous dites:
"on attaque le vrai travail, avec un cheval en main. le travail de mise en main s'obtient de la même façon, à la seule différence que la main extérieur n'avance pas lorsque le cheval cède."
et donc que se passe t'il lorsque la main ne cède pas?
et qu'est ce que veut dire la mise en main?
après selon votre réponse j'essaierais d'expliquer comment je fais, enfin si je le peux
PODER Catherine écrit:
Il me semble nécessaire de faire la distinction suivante:
Il y a l'Equitation Classique, que son histoire rattache à la France, à travers la filiation et les écrits des grands maîtres, de Pluvinel à Decarpentry, sans oublier La Guérinière, Baucher, Faverot de Kerbrecht, L'Hotte, Beudant (j'en oublie)...Cette équitation n'a pas de frontière, présente dans les 4 écoles d'art équestre d'Europe et servie par Steinbrecht, Diogo de Bragance et Nuno Oliveira (et d'autres).
Cette équitation enseigne au cavalier la belle position, l'indépendance des aides et le guide vers le tact.
La progression du cheval suit la maxime "Calme, en avant, droit et léger",dans une quète de l'équilibre et dans le respect de son intégrité mentale et physique.
Puis, il y a cette "méthode germanique", qui suit "la Skala", gymnastique physique que le cheval doit accomplir à tout prix!
Ca passe ou ça casse...
L'équitation classique n'est plus vraiment enseignée dans les clubs français et n'est plus respectée en compétition.
La "méthode germanique", bas, puis bas et rond, s'est pervertie en Rollkur, avec les dégats que l'on sait sur les chevaux...mais permet de gagner en concours.
Rien n'est parfait!
Je ne comprends pas cette "distiction" :
Baucher ne se voulait-il pas "novateur", en rupture avec tout ce qui avait été écrit et pratiqué avant lui?
Steinbrecht n'est-il pas LA référence des allemands "puristes"?
Que signifie le terme de "classique" pour vous?
Je n'ai jamais lu dans les classiques allemands, ni observé dans les manèges desquels j'ai foulé le sable, qu'il fallait forcer un cheval "à tout prix" avec pour mot d'ordre "ça passe ou ça casse"...
La différence que j'ai observé entre les manèges allemands et les manèges français, c'est plus l'uniformité de la méthode pour les premiers et la diversité parfois déroutante pour les seconds. Il y a du bon partout...
Ce que j'ai par ailleurs pu remarquer en Allemagne, c'est que l'on estime le potentiel de chaque cheval et que personne ne se fatiguera à le dresser au delà -on parlera de "L Pferd, M Pferd, S Pferd... on est loin du "ça passe ou ça casse" et je pense que ces dérives n'ont pas de nationalité! Regardons devant notre porte...
Pour moi, entre autres, "classique", c'est la Classe et l'élégance de La Belle Position de La Guérinière associée à la Classe et l'élégance du Cheval dans le Rassembler Classique...
(jolies les vidéos...)
Merci pour les vidéos, il y en a d'autres en gestation mais là, je vais d'abord aller monter mes 2 derniers chevaux.
Pour ce qui concerne le "bas et long", je pense que Christine a touché un point clé en disant "- c'est un test de confiance réciproque (le cavalier "ose" avancer les mains et envoyer le cheval en avant - le cheval témoigne sa confiance dans une attitude basse et non dans la fuite en avant" Ce travail s'applique tout autant au mental du cheval qu'à son physique : lui faire adopter une attitude de cheval calme le calmera. Couchez vous sur un canapé et fermez les yeux : fatigué, envie de dormir?
Les équitants "germaniques" parlent peu d'"équilibre", mais souvent de "cadence" ("Takt") - intéressant si l'on pense à Baucher... n'a-t-il pas accordé une haute importance à celle-ci? Un cheval "actif" peut-il s'enfuir sur ses épaules dans une cadence lente??? La pratique me dit que non...
il faudrait savoir quelles sont vos motivations
et dans quel état d'esprit vous voulez faire les choses pour vous aider
la seule chose que je pourrais éventuellement ajouter à votre désarroi c'est le fait que concernant la méthode germanique qui s'établit par paliers je touve que, bien que cela semble logique, c'est ne pas comprendre un être vivant comme un tout
ne faire qu'un seul type d'exercice jusqu'a temps qu'il soit obtenu, c'est ne pas se servir d'autres leviers qui accumulés les uns avec les autres aboutiraient aux résultats et enfin cela reste une pratique abrutissante,et désespérante pour le cavalier
on apprend par l'association d'idées
le cheval aussi
et je pense qu'il en va de même pour assouplir... et mettre le nez dans la sciure