Marcher au pas
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Voici, reprise et complétée, la fiche que j'avais rédigée hier soir sur le fil" les attentes des juges" du forum Général.
C’est bien, très bien même que la question du pas vienne sur « le tapis » de ce forum.
Je vais essayer de faire court mais on pourra y revenir. D’abord quelques citations pour planter le décor. « On reconnaît un cavalier au pas de sa monture » - tradition de la Cavalerie- « C’est au pas que l’on fait la bouche des chevaux »- Lt Cel Margot- « Le pas est l’allure la plus favorable aux explications du maître à son élève » (comprendre élève cheval) –Général Decarpentry. « C’est au pas que les imperfections du Dressage sont le plus évidentes »-Règlement de la FEI-etc ..etc..
Sauf erreur de ma part le pas a pratiquement disparu de l’éducation des chevaux dits de Dressage actuels. C’est à la fois significatif et grave.
Significatif d’une équitation qui, quoique l’on puisse dire, s’effectue bien souvent contre la main. Que faire au pas avec un cheval plus ou moins fortement appuyé sur la main ? J’entends encore les protestations d’un élève canadien à qui je demandais de travailler l’épaule en dedans au pas : « mais il va marcher l’amble ! » disait-il. Non si vous ne tirez pas dessus, lui ai-je répondu….ce qu’il a pu vérifier.
Significatif aussi de la perte des repères, de la perte de méthode : qu’est-ce qu’on peut bien faire avec son cheval au pas ? « Ne pas oublier que le dressage se fait surtout au pas » écrivait Gustave Le Bon …il y a presque cent ans, qui ajoutait, dans « L’équitation actuelle » : « l’exercice le plus important, et peut-être le plus difficile à obtenir, est d’apprendre au cheval à marcher correctement, c'est-à-dire à allonger son pas »
On dit que monsieur de Lubersac (écuyer de l’Ecole de Versailles, maître de Dauvergne le fondateur de l’équitation militaire moderne) dressait ses chevaux au pas et que ceux-ci effectuaient ensuite avec aisance tous les mouvements et airs de haute école.
Il est curieux, mais très intéressant, de noter qu’à notre époque qui se cherche, ce sont les Allemands qui crient le plus fort pour regretter la dégradation du pas, eux qui ont montré le chemin de l’équitation avec appui prononcé sur la main. Eux qui dénoncent aussi l’hyper flexion de l’encolure, alors que le chanfrein derrière la verticale ne les a pas toujours gênés, laquelle, combinée avec l’appui est à l’origine de la détérioration de cette allure.
Ainsi messieurs Spenlen et Balkenhol font-ils entendre leurs protestations. Et c’est encore un Allemand, le docteur Heuschmann, qui crie le plus fort dans le silence assourdissant des fédérations équestres et autres écoles qui pourraient, devraient, faire entendre leur voix. (Nous revenons sur l’hyper flexion dans notre Newsletter qui sortira dans quinze jours).
Mieux marcher c’est marcher comme un félin ainsi que le dit Mariette Withages ( elle a de la chance si elle en voit beaucoup dans la compétition !) c'est-à-dire avec de grandes oscillations de l’encolure et du dos, les seules qui permettent un pas étendu à quatre battues régulières. Ceci n’est possible que dans une équitation de flexibilité qui accorde la plus grande importance à l’alternance d’extensions et de relèvements raisonnables de l’encolure, exercices qui développent la souplesse du dos.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le sujet !
Tout enregistrer demande un effort constant et une discipline dont la rigueur peut gêner. La raison de l'oubli de l'allure du pas peut se trouver là également,.
Cette remarque, oh combien, réaliste ( merci, Philippe)explique pourquoi (et on aborde là un autre sujet du forum)l'enseignement actuel ne répond pas à son rôle formateur.
"Le pas est l'allure du langage": autre vérité! c'est au pas que le cavalier va pouvoir découvrir de nouveaux repères dans l'espace ( repères qui vont lui permettre de prendre conscience de la façon dont son corps fonctionne à cheval et de gérer ses attitudes à cheval)
c'est au pas aussi que le cavalier va pouvoir prendre conscience des mouvements de son cheval, utiliser au mieux ses aides, se lier à l'allure....
C'est aussi l'allure qui va permettre au jeune cavalier de voir disparaitre ses appréhensions.
C'est aussi un moyen de faire prendre conscience au cavalier que la rigueur nécessaire à cet apprentissage est un atout pour une connaissance positive du cheval.
Que d'atouts à cette allure; aux enseignants de faire comprendre à l'élève tout ce qu'elle apporte d'indices sur la compréhension de son cheval!
Amicalement, yves KATZ
Message édité par: KATZ, à: 2007/04/02 12:13
j'ai soulevé le "problème" du pas ,après une très mauvaise quote du pas allongé en concours . Je remercie d'ailleurs encore le Colonel Carde pour son intervention. Tout le monde semble d'accord , ne négligeons pas le travail au pas ...oui mais y a t-il un travail du pas ? En attendant , j'ai décidé de marcher à côté de mon cheval , et d'observer son pas , si j'allonge mon pas à moi , et que de la voix je l'encourage à rester au pas , il allonge bien , j'ai donc demandé ces allongements sur une diagonale , je me dis que cela prépare le travail monté ...j'essaie d'employer toujours le même mot quand j'allonge , pour réitérer la demande montée ...c'est pour l'instant ce que j'ai trouvé de mieux à faire ...on me parle de barres au sol , pour favoriser l'engagement , est-ce vrai ? et si oui , de combien les barres doivent-elles être éloignées ?
vraiment je ne comprends pas
il existe donc des chevaux qui ne sont pas travaillés au pas et qui sont des chevaux destinés au dressage
cela me semble tellement étrange
compte rendu d'expérience
j'ai passé un an à l'arrêt et au pas pour reprendre un cheval qui ne savait pas qu'il avait 4 membres.
évidemment c'est frustant en un an j'ai fait dix foulées de galop.
mais l'objectif n'était pas uniquement d'allonger les foulées.
(forcémment au pas on pense) ce n'est pas plus facile au pas car il y a beaucoup de choses sur lesquelles on peut agir
et lorsque l'on s'y colle on change tout
l'amplitude, le développé, l'équilibre, et la rectitude...
bref le cheval acquière une nouvelle allure "le pas"
le trot a été plus rapidement obtenu mais l'équilibre est plus facile à rattraper pour le cheval d'une foulée à l'autre, le cheval triche plus (pas fou) et donc on ne voit pas tout
là j'ai fait des erreurs
mais pour le galop tout est modifié et le pas n'est pas d'un grand secours
ma conclusion mais cela sera certainement la proie de débat
c'est que le travail au pas est incontournable mais il n'est pas complet l'inertie et le déséquilibre ne sont pas maitrisés
l'écueil c'est le galop
un mauvais galop demeure un mauvais pas se corrige
Il m'arrive de travailler seulement au pas, avec beaucoup d'assouplissements et extensions(mauvais terrains, fatigue de la cavalière). J'ai remarqué que le lendemain mon cheval travaillait particulièrement bien (aux 3 allures). Je l'ai constaté aussi bien sur ma jument actuelle qu'autrefois sur mon cheval qui est à la retraite maintenant.
Donc ne "culpabilisez" pas le jours de petite flemme, c'est un excellent travail
L'autre avantage du pas est que c'est l'allure par essence où tout les défauts se voient ...
Bonjour.
Le sujet qui vient d'être ouvert me plaît.
Marcher au pas avec un cheval me procure la sensation d'entrer dans un jardin ou tout paraît arrangé simplement, et où l'on se sent bien en harmonie avec.
Un humain handicapé moteur retrouve au contact des mouvements du cheval au pas le réflexe de la marche. L'information est importante pour le cavalier normalement constitué qui ignore les bienfaits, pour lui d'abord, de l'accompagnement des mouvements du cheval.
Pourquoi est-ce que seul l'handicapé ressent ce besoin vital sur un cheval et pourquoi le cavalier sain semble-t-il en être dispensé?
Est-ce que le cavalier ignore volontairement les mouvements du dos du cheval pour n'avoir pas trop de sensations à gérer? Une certitude concernant le cheval: celui-ci est assez intelligent pour répondre aux gestes que le cavaliers estime importants et pour ignorer les gestes parasites du cavalier. Les problèmes apparaissent lorsque le cheval répond à un geste inconscient en trop que le cavalier n'a pas estimé être important (auquel il n'attend pas de réponse).
Inconsciemment le cavalier prend le risque de modifier le fonctionnement musculaire du cheval et sa perception sensitive, le rendant en partie indifférent. (Voir Denoix et Pailloux, "Approche de la kinésithérapie du cheval").
L'appel au secours en direction d'un ostéopathe en cas de problème pourrait bien souvent être évité si l'on s'en donnait la peine.
Étant plus jeune, j'avais été sensibilisé par la simple expression utilisée par Yves Benoist-Gironiére dans un de ses livres ("Concours Hippique") rapprochant "le pas du légionnaire" à la démarche volontaire et souple d'un cheval. "Il sera encore meilleur si à chaque enjambée la croupe suit le membre par une flexion alternative du rein à droite et à gauche".
Je me souviens de "Quo Vadis" le cheval de Marc Houssin, cavalier d'obstacles et champion de France avec lui, dans les années 70, qui se déplaçait avec la démarche d'un puissant chat. Son cavalier avait la même attitude souple et douce sur son dos. Qui a influencé l'autre? Les qualités des deux se cumulaient certainement, le corps et les mains de M.H. semblaient simplement accompagner et inviter le cheval à le suivre. Il était et reste un exemple.
J'aimerais dire que le cavalier peut très vite évoluer s'il a décidé de rendre conscientes les sensations qu'il peut ressentir et enregistrer au pas. En ce sens le cheval est plus attentif que le cavalier et de loin car difficile à égaler. Tout enregistrer demande un effort constant et une discipline dont la rigueur peut gêner. La raison de l'oubli de l'allure du pas peut se trouver là également,.
Sobene Olstef disait que "le pas est l'allure du langage".
Alors parlons…
Bye.