Jean-Marie Donard
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Je vous lis avec plaisir et j'ai envie de dire:
L'équitation raisonnée ne doit pas supplanter sans appel l'équitation instinctive (cette dernière a des millénaires derrière elle), elle la peaufine seulement (et éventuellement).
A trop raison garder se perd la substance de l'immémorial.
attention au contresens ...
quans la Guerinière dit " regarder à la MAIN ou il va " , cela ne veut pas dire dans la direction ou il va , mais à la main ou on lui demande l'épaule en dedans ... cela veut dire pour l'épaule en dedans à droite , il aura les deux yeux vers la droite s'il est en grand pli , ou un oeil vers la droite s'il est en demi-pli ...
n'oubliez jamais que l'épaule en dedans se travaille d'abord par la tete dans la volte , donc un ou deux yeux dans la volte , la Guerinière fait souvent référence à cette regle
si dans l'épaule en dedans vous le faites regarder dans la direction ou il va , vous le mettez en contre-pli , la tete et les épaules ne marchent plus les premières , le cheval , au lieu de s'étrecir du derriere et s'assouplir , s'élargit du derriere ...
entièrement d'accord !
Pour ma part, je n'en suis pas si sûr.
J'ai pensé à ce post cet après-midi pendant une épaule en dedans, et je me suis rendu compte qu'effectivement mon cheval na regardait pas où il allait mais bien du coté interne du pli. J'ai donc essayé de "le faire regarder vraiment dans la direction où il allait" (sans changer le pli bien sûr), et bien ça a tout changé ! La plus petite variation a été l'oreille externe qui s'est tournée vers la direction du mouvement, mais le mouvement global était aussi nettement plus ample, le cheval peut-être plus tendu, faisant l'exercice plus volontier.
Le fait de regarder où il va, je l'aurais traduit comme une envie d'aller là-bas, une attraction, d'où une meilleure amplitude dans le mouvement.
Mais bon, ce n'est que la traduction de mon ressenti de tout à l'heure.
Pour en revenir à la vidéo mise par Jacques Voche : qui peut nous dire avec certitude ce que recherche JM Donart, par ce travail ? Ne laisse-t-il pas justement avancer le cheval dans son piaffer pour préparer au mieux la transition au passage qui suit, en mettant en application ce que Nuno Oliveira lui a dit quelques mois auparavant : « La mécanique d'abord, le geste ensuite... »
Mais bon, pour être capable de juger du travail, il faut déjà avoir tutoyé ces airs !
Le ressenti de Daniel me parait bien plaisant, et le cheval que j'ai monté ce matin serait d'accord avec lui ...
J'aimerais qu'on m'explique comment intervenir directement sur le regard du cheval ?
Mes chevaux regardent systématiquement du côté où ils vont, enfin, me semble-t-il, même en épaule en dedans pour laquelle, pédagogiquement parlant, il est dit que le cheval regarde d'où il vient ! Poour moi, cette "image" n'a pour but que de bien faire comprendre la différence d'orientation d'encolure entre la famille des appuyers et la famille des épaules en dedans au cavalier.
C'est quand-même rare, me semble-t-il, je dis bien, un cheval qui ne regarde pas là où il va.
Et je suis impressionné par un cavalier qui arrive à faire tourner les yeux de son cheval pour, tantôt le faire regarder devant, tantôt derrière... Moi, je ne sais pas faire...
Ce qui a d'ailleurs posé un gros pb à une de mes deux juments qui est borgne de naissance et qui devait s'en remettre entièrement à moi dans l'épaule gauche en dedans, n'ayant pas d'oeil droit pour voir où elle mettait les pieds !
Jean-Philippe, c'est, je pense, plutôt une intention d'aller là-bas plutôt que le véritable regard. Une attention plus particulière pour une direction que pour une autre.
Sinon, a priori le cheval regarde où il veut en fonction de la position de sa tête.
Jean Philippe a ecrit: "Pour en revenir à la vidéo mise par Jacques Voche : qui peut nous dire avec certitude ce que recherche JM Donart, par ce travail ? Ne laisse-t-il pas justement avancer le cheval dans son piaffer pour préparer au mieux la transition au passage qui suit, en mettant en application ce que Nuno Oliveira lui a dit quelques mois auparavant : « La mécanique d'abord, le geste ensuite... »
Le cheval qu'il monte est evidemment un pur sang (ou presque) et cette race a tendance a avoir des posterieurs raides par nature (fait pour pousser avec un jarret engage mais qui reste droit) et ce probleme se voit d'autant plus dans les allures tres reduites. Au debut de leur education du piaffer, ils ont des difficultes a rester rythmiques et un posterieur fonctionne toujours mieux que l'autre, d'ou les sauts de pie que l'on voit ici. Donnart essaie de mitiger le probleme en continuant a avancer pour ne pas creer une pression trop grande sur les jarrets (et le mental) du cheval. Le cheval a compris la mecanique des anterieurs qui se levent correctement avec une encolure suffisamment relevee. Il n'a pas encore compris la mecanique des posterieurs mais au moins il essaye de faire de son mieux et ne se defend pas. Le posterieur gauche, generalement le plus fort (et plus raide) arrive a pousser le diagonal gauche vers l'avant mais le posterieur droit n'y arrive pas tres bien, jusqu'au moment ou le cheval avance plus et declenche le doux passage par une foulee qui avance franchement et se rapproche de la locomotion naturelle de ce cheval.
Je pense que ce probleme est tres difficile a etre resolu sous la selle (meme pour un aussi bon cavalier que Donnart) et doit etre entrepris a pied, en mobilisant un diagonal a la fois dans un pas diagonalise qui sera raccourci petit a petit quand les deux diagonaux seront a peu pres egaux.
Le truc c'est de trouver l'endroit du posterieur que la cravache devrait toucher pour obtenir une flexion (lever) du posterieur. Ca peut etre le devant de la cuisse sous le grasset, le tendon sous le jarret, meme le devant du paturon pour un petit lever sec. La poussee du posterieur droit sera bien aidee par une tappe suivi d'un appui de la cravache sur la fesse droite au moment du lever du posterieur gauche. C'est en effet la contraction de ce muscle qui commence le lever de l'autre posterieur.
Deux des petits secrets du piaffer vont ainsi: toucher le posterieur au moment du lever naturel de l'anterieur (et pas l'inverse) et de toucher la cuisse du posterieur au sol et pas tant celui qui se leve. Ca donne un peu de flexion de ce posterieur au sol et ca contracte moins le posterieur qui se leve. En effet, apres avoir obtenu le lever du posterieur, si on insiste trop la dessus, on obtient des gestes erratiques qui peuvent etre trop haut et mettre le cheval sur les epaules , mais surtout le deregler.
Dans cette etude du piaffer, il y a beaucoup de solutions mais ca prend pas mal d'experience pour les appliquer judicieusement et surtout pour savoir en changer quand il faut, car ce qui marche aujourd'hui ne marchera pas forcement demain, ou ce qui marche sur un cheval ne marchera pas forcement sur un autre. En fait ce qui marche pour un posterieur est generalement different de ce qui marche pour l'autre.
Ce que je dis ici sont bien des generalites parce que, au bout du compte, Donnart est celui qui sait comment dresser son cheval et connait ses idiosyncracies. I might just be full of hot air, comme on dit ici :)).
La chose la plus importante dite ici revient a NO: "faire comprendre la mecanique d'abord, developer l'expression du geste ensuite". Decarpentry explique ca aussi meticuleusement dans son petit livre sur ce sujet. Pas se presser, pas bousculer le cheval qui essaye, revenir a la meme idee jusqu'a ce qu'elle devienne un reflexe confortable pour le cheval, accepter les defauts temporaires et avoir confiance qu'il disparaitront eventuellement.
Pas de dogme inflexible non plus car la realite equine nous fera regretter nos paroles bien vite. Citer Baucher comme une verite unique c'est oublier que Baucher "avait tout essaye en equitation" et qu'il s'adaptait sans cesse a chaque nouveau cheval et a chaque situation.
Je travaille en ce moment des chevaux de races, de temperaments et de modeles tres differents (Hannovre, Hollandais, Trakehner, Andalous) et la methode varie avec chacun d'eux. La difficulte de certains de ces chevaux rend humble, particulierement si quelqu'un a essaye avant et rendu le probleme plus complique en commettant des erreurs qui ont cree des habitudes souvent tres dures a eliminer.
Au moins je m'amuse donc pourquoi se plaindre?
JP
Bonsoir,
Même dans des figures non naturelles de déplacement, en plus dans un lieu clos, il faut retrouver l'origine du déplacement à cheval. Dans ce déplacement cultivé se cache l'impulsion, le cheval droit, etc.