Organisé en Hollande dans les installations de la famille BARTELS, ce rendez-vous regroupe cavaliers et entraîneurs de dressage, mais aussi organisateurs, juges, scientifiques, journalistes et amateurs passionnés venant de toute l'Europe voire au-delà. Initié en 2000, il fêtait donc cette année son 15ème anniversaire, même si l’événement depuis l'an dernier se délocalise un an sur deux. Orchestré par une Fondation présidée par la Princesse Benedikte de Danemark, et soutenu par de fidèles sponsors, il est un lieu unique où les échanges, les analyses, les idées et les changements éventuels pour la discipline du dressage ont libre cours.
Une intervention de Frank Kempermann, président de la commission de dressage de la FEI, ouvrit les débats : quels changements sont en cours ou prévus ? Le point essentiel était le souhait d'évolution clairement formulé par le CIO (comité international olympique), pour plus de d'universalité et de médiatisation du dressage, avec la menace voilée mais efficace de le retirer du programme olympique s'il ne devient pas plus transparent dans son format et plus populaire au sens large. Avec l'aide de Carina Mayer qui assure l’intérim de Trond Asmyr à la direction du dressage de la FEI il répondit avec humour aux questions. Ensuite, fut présentée une proposition du club des cavaliers IDRC sur la manière de juger la musique dans les reprises libres, qui n'a guère convaincu, car trop complexe.
Au cours des deux journées furent évoqués les chevaux grands champions de la discipline, en présence de leurs représentants, soit éleveurs, cavaliers ou propriétaires. Un spécialiste d'élevage, Dirk-Willem Rosie présentait cheval, modèle et origines, puis son parcours était retracé en vidéo, et l'animateur interrogeait la ou les personnes venues en parler. Bonfire et Salinero ouvrirent le bal avec Anky van Grunsven, qui souligna que le premier finit ses jours à 30 ans, et qu'elle monte encore le second régulièrement ; puis Ahlerich fut évoqué par Ruth Klimke, veuve de son cavalier, et par l'ancienne groom du cheval qui parla de sa personnalité. Le premier propriétaire de Totilas, Jan Schuil vint parler de son cheval et des interrogations qui ponctuèrent son début de carrière.
Un entraîneur anglais Paul Fielder avec deux de ses élèves et un superbe jeune étalon fit d'excellentes démonstrations de travail aux longues rênes, d'une utilité trop souvent négligée, comme le confirmèrent les pratiquants interrogés ensuite.
Il y eut aussi une présentation du Dr Chloe Casalis de Pury, vétérinaire, sur la nutrition, la digestion et la complémentation du cheval et comment cela affecte ses performances sur le terrain.
Après le dîner, une présentation de son travail et des démonstrations montées sur 3 chevaux différents enchantèrent l'assistance, grâce à la personnalité souriante et à la compétence d'Uta Gräf, cavalière professionnelle allemande qui met ses chevaux au pré en groupe ou au paddock, les travaille dans la relaxation, et nous montra une relation de confiance avec ses chevaux comme il en existe rarement.
Le lendemain les chevaux vedettes étaient toujours à l'ordre du jour, avec Matador, vainqueur de la Coupe du Monde à Paris-Bercy en 1991 dont parla Kyra Kyrklund sa cavalière, qui n'omit pas de souligner les questions économiques qui se posent dans son métier, jusqu'à la vente à un cavalier japonais. Pour Rembrandt, multi-médaillé olympique, sa cavalière Nicole Uphoff ayant eu un empêchement de dernière minute, c'est un juge français qui l'a bien connu qui fut chargé d'évoquer sa carrière et quelques anecdotes le concernant.
Le clou de la matinée fut l'intervention de George Morris, entraîneur de sauts d'obstacles réputé mondialement, et qualifié de « légende vivante » par l'excellent animateur Richard Davison ; après un exposé intitulé « il n'y a pas de styles, il s'agit juste de bien monter », il mit en pratique ses conseils, sur un jeune cheval bien disposé, et se permit de montrer mise en équilibre et assouplissements, jambes en place et mains légères, sur un cheval tendu et se portant de lui-même, y compris sur l'obstacle. La performance qu'il commentait en direct grâce à son micro-cravate se compléta de réponses plus précises lorsqu'il fut descendu de cheval, et insista sur les principes fondamentaux de l'équitation, soulignant les diverses influences qu'il connut, en particulier celles issues de la tradition équestre française. Il soutient l'interdiction des rênes coulissantes, qui vient d'être appliquée en Suisse, en concours d'obstacles.
Après un buffet où se retrouvaient tous les participants pour des échanges qui ne demandaient qu'à se prolonger, heureusement interrompus par la cloche attirant tout le monde au manège, c'est la Fédération Hollandaise par son chargé du haut niveau Maarten van der Heijden qui présentait son travail de suivi des juges. Avec l'aide du statisticien David Stickland, il suit les évaluations effectuées par les juges hollandais sur tous les concours et leurs écarts éventuels. Cela ne résout pas la question de savoir qui a raison ou tort, mais permet un tableau de bord individuel utile.
L'évocation de Valegro bénéficiait de la présence de son premier propriétaire, le marchand Gerd van Holst, et de sa co-propriétaire actuelle Rowena Luard, dont l'humour anglais et l'exposé du suivi assuré avec Carl Hester fut particulièrement apprécié de l'assistance.
C'est un couple éleveur, cavaliers, entraîneur qui conclut la journée : Wolfram et Brigitte Wittig présentèrent leurs techniques pratiques d’entraînement avec 3 chevaux de niveaux et d'ages différents. Insistant sur le rythme de la locomotion et sur le contrôle, la présentation était aisée et très professionnelle ; mais il se trouva bien dans l'assistance certaines voix critiques pour regretter des attitudes un peu trop fermées, et un manque d'aisance comparé aux chevaux de leur compatriote vus la veille au soir. Cela permit à George Morris de rappeler qu'il restait attaché au dogme de la nuque le point le plus haut …
Plus d'informations (en anglais) sur le site du Global Forum bien évidemment !