ALLEGE-IDEAL soutient la tradition équestre française, mais aussi toutes les formes d'équitation artistique, lorsqu'elles sont dans le respect du cheval, de son mental et de sa locomotion. Voici le compte rendu d'une présentation en musique assez exceptionnelle. C'était aux Etats-Unis le mois dernier. Un très beau texte à lire et de très belles photos à admirer !
L’alchimie, dans sa version la plus élémentaire, est la distillation d’ingrédients dans leurs formes les plus pures. L’addition des energies décape des couches externes et des impuretés, permettant aux réactions qui s’ensuivent de produire un ensemble perfectionné. Une telle réaction eût lieu entre les musiciens du quartet à cordes Ethel (Dorothy Lawson-violoncelle, Ralph Farris-viole, Kip Jones-violon, Corin Lee-violon), le maître du dressage Bettina Drummond, et moi le 17 Octobre. Le manège d’Andrea Woodner’s farm, Rivendell Dressage à Millbrook, New York USA, devint un creuset où les chevaux, les instruments, les musiciens et les cavaliers se mélangèrent les uns les autres pour créer une forme d’art limitée dans le temps mais plus forte que toutes nos spécialités ou nos techniques. L’audience aussi joua intégralement sa partie dans cette transformation, apportant une riche variété de prédispositions intellectuelles, d’intérêts artistiques, et appréciant complètement le caractère éphémère de cette tentative. En même temps que nous étions réunis pour récolter des fonds afin de soutenir le travail créatif en cours d’ETHEL, nous souhaitions aussi expérimenter les échanges entre nos formes d’art. Ce qui en résulta fût, je pense, encore plus intéressant : une série de collisions, comme celles de boules de billard, du son et du rythme avec les tours et les transitions qui firent briller et transformer les figures de dressage, parfois ennuyeuses et souvent figées, en quelque chose de séduisant et de nouveau. Si Ethel est déjà un quartet extraordinairement physique, la présence des chevaux les renforça encore, élevant l’intensité de leur performance et la fondant sur une série d’échanges entre sabot et archet. Et si Bettina Drummond est toujours remarquable par sa technique, elle devrait être également appréciée pour son feeling. Elle monte comme un musicien, apportant plus de profondeur et de résonance à ses chevaux qu’aucune autre personne rencontrée.
J’ai précédemment écrit en regardant Bettina monter qu’elle semble hors du temps, pratiquant une forme de dressage invisible. C’était vrai, de nouveau, mais ses interactions avec le quartet ajoutaient un élément d’incandescence à sa grâce et sa technique habituelles. Son partenaire le plus solide, Que Macho HI, est le pilier de son équipe d’ibériques élégants, avec son passage expressif et une remarquable levade entre les séquences ! Il représenta pour mon propre partenaire PRE inexpérimenté Hortelano LXXV une magnifique force de soutien. Le “highlight” “point d’orgue” de notre “pas de deux” était une série de transitions du passage au trot sur un cercle autour des musiciens, dans lequel nous restions parallèles, et en rythme avec la musique qui suivait une série d’élévations et de puissantes descentes. Garder l’équilibre entre toutes ces créatures sur ce cercle-là était quelque chose de spécial. Hortelano commença le week-end effrayé par les mouvements des musiciens et par le son amplifié, et le finit comme un performer qui trouva sa propre place aux côtés d’un formidable partenaire beaucoup plus avancé parmi ces bruits … superbes. Le titre de la musique sur laquelle nous avons monté, “Moment de vérité” était effectivement bien adapté.
Les partenaires plus jeunes de Bettina, Islero et Formoso montrèrent comment se forme un nouveau style de chevaux avec la musique. Islero se glissa autour et entre les estrades des musiciens, nageant de la viole au violon et plongeant sur le violoncelle, lorsque Bettina et lui jouèrent avec l’idée du temps, en relation avec la superbe composition de Philip Glass pour le film, “The Hours”. Il a l’énergie rentrée d’un requin tigre, et Bettina profita pleinement de ses tendances tauromachiques et le laissa léviter sous son parfait contrôle. Le timide sens de l’humour de Formoso émergea lorsqu’il eût à naviguer sur l’air charmant de Harry Warren et Johnny Mercer, “Oops”. Ce puissant jeune etalon se révéla au travers de ses interactions avec la musique et les musiciens, émergeant de son travail presque comme s’il sortait d’une coquille. La matière qu’il offrit, autant sur la forme que sur le contenu, était absolument magnifique.
La musique d’Ethel est remarquable pour sa puissance et pour sa résonance émotionnelle. Monter à cheval avec elle est une expérience physique ; le violoncelle de Dorothy Lawson pénètre votre colonne vertébrale et l’ancre dans le sol. Ma merveilleuse partenaire la jument KWPN Citha’s Utopia, trouva cette sorte de possession à la fois irrésistible et trop directive, coopérant avec elle pour fournir ses extensions et son piaffer, et l’utilisant comme un mécanisme de contrepoint pour le passage. Elle se trouva bien avec la viole dans son travail au galop, serpentant autour d’elle dans la pirouette et jouant autour dans ses changements. Les violons étaient souvent trop rapides pour les pieds des chevaux, mais elle est une danseuse avec le sens du rythme, et elle l’attrapa plusieurs fois. Le morceau sur lequel nous avons monté, “On the Edge”, ”Sur le fil” est une composition d’Ethel au sujet d’une tente de cirque prenant feu. Il convient bien aux tendances explosives d’Utopia. Pendant qu’elle montait en pression brièvement, la présentation révéla sa capacité à rester contrôlée –sur le fil- quelque chose que nous avions longtemps cherché. Elle est une créature impérieuse et fière, plus dragon que cheval, et il y eut des moments de vraie fluidité.
Je suis très reconnaissante d’avoir participé à cette journée. Le travail fait par Bettina et moi pour préparer le pas de deux sur la version enregistrée de “Moment of Truth” “Moment de vérite” était intéressant et mettait en lumière l’accord du rythme et de l’équilibre de deux couples différents, mais la répétition et la représentation étaient sur un tout autre niveau de plaisir. Le sentiment de la musique, comme l’eau qui s’écoule d’une cascade, sur laquelle nous avions à négocier notre cercle passage – trot donna à notre travail une urgence et une puissance qui nous manquaient dans nos efforts précédents, car l’enregistrement ne peut apporter le pouvoir et la beauté de la musique réelle “live music”. Je souhaite à chacun d’avoir la chance de monter avec des musiciens de génie comme Ethel. Leur passion, leur sens artistique et leur technique nous élève et nous permet – juste pour cette fois – de devenir quelque chose de plus grand que la somme de toutes nos parties, quelque chose intrinsèquement plus humain ou plus équin, et d’aller vers la beauté.
Pour plus d’information sur Ethel, allez svp voir le site ethelcentral.org.
Pour plus d’information sur Bettina Drummond, allez svp voir le site bettinadrummond.com.
Pour plus d’information sur Allison Kavey, allez svp voir le site rivendelldressage.com.
Alchemy, in its most elementary version, is the distillation of ingredients into their purest forms. The addition of energy skins away extraneous layers and impurities, allowing later reactions to produce a more perfect whole. Such was the reaction between the musicians of the string quartet Ethel (Dorothy Lawson-cello, Ralph Farris-viola, Kip Jones-violin, Corin Lee-violin), dressage maître Bettina Drummond, and myself on 17 October. The indoor arena at Andrea Woodner’s farm, Rivendell Dressage in Millbrook, New York USA, became a crucible in which horses, instruments, musicians, and riders engaged with each other to form a time-limited art form greater than any of our disciplines or techniques. The audience also played an integral part in this transformation, bringing a rich variety of intellectual predispositions, artistic interests, and a heightened appreciation for the momentariness of this endeavor. While we were gathered to raise funds to support Ethel’s ongoing creative work, we hoped to also experiment with exchanges between our art forms. What resulted was, I think, even more interesting: a series of pinball collisions with sound and beat into turns and transitions that shined up the sometimes tired and often staid patterns of dressage into something enticing and new. If Ethel is already an extraordinarily physical quartet, the presence of the horses made them even more so, raising the intensity of their performance and grounding it in a series of hoof and bow exchanges. And if Bettina Drummond is always noted for her technique, she should equally be appreciated for her feel. She rides like a musician, bringing more depth and resonance from her horses than anyone I have encountered.
I have written previously of watching Bettina ride that she appears to be timeless, existing as a Platonic form of dressage. This was true again, but her interactions with the quartet added an element of incandescence to her usual grace and technique. Her most established partner, Que Macho HI, anchored her team of elegant Iberians with expressive passage and a remarkable levade between the stages! He served as a wonderful grounding force for my own inexperienced PRE partner, Hortelano LXXV. The highlight of our pas de deux was a series of transitions from passage to trot on a circle around the musicians in which we remained parallel to each other and the beat of the music, which followed a series of elevations and powerful descents. The balance among all the creatures on that circle was a treat to be inside. Hortelano began the weekend fearful of the musicians’ movements and the amplified sound and ended it a performer who found a place for himself next to a much more advanced, formidable partner and amidst the beautiful noise. The title of the music to which we rode, “Moment of Truth”, was indeed apt.
Bettina’s younger partners Islero and Formoso demonstrated the formation of a new cadre of musical horses. Islero slipped around and between the musicians’ stages, swimming from viola to violin and diving down to cello as he and Bettina played with the idea of time in relationship to the gorgeous Philip Glass composition from the film, “The Hours”. He has the sinewy contained focus of a tiger shark, and Bettina takes full advantage of his bullfight tendencies and leavens it with her own containment to levitate. Formoso’s shy sense of humor emerged as he navigated the charming Harry Warren and Johnny Mercer tune, “Oops”. This powerful young stallion came to life through his interactions with the music and musicians, emerging through his work almost as if breaking out of a shell. The substance he offers, both in form and content, is indeed beautiful.
Ethel’s music is noteworthy for its power and its emotional resonance. Riding with them is a physical experience; Dorothy Lawson’s cello takes over your spinal column and grounds it in her beat. My wonderful partner, the KWPN mare Citha’s Utopia, found that takeover both compelling and too directive, cooperating with it to provide form for her extensions and piaffe and using it as a contrapuntal device for the passage. She found the viola in her canter work, winding around with it in pirouette and playing around it in her changes. The violins were often too fast for equine feet, but she is a rhythmic dancer and she nailed them down a few times. The piece to which we rode, “On the Edge”, is an Ethel composition about a circus tent catching fire. It well suits Utopia’s explosive tendencies. While she overboiled briefly, the performance mostly displayed her ability to remain controlled—inside the edges—something we have long sought. She is an imperious and fiery creature, more dragon than horse, and there were moments in which she flew.
I am so grateful to have been part of this day. The work Bettina and I did preparing for the pas de deux to the recorded version of “Moment of Truth” was interesting and certainly enlightening about matching the rhythm and balance of two different pairs, but the rehearsal and performance were a totally different level of joy. The waterfall feel of the music to which we negotiated our passage-trot circle lent an urgency and power to the work that was missing in our earlier efforts because recordings cannot contain the power and beauty of live music. I wish everyone had the chance to ride with musicians like the geniuses in Ethel. Their passion, artistic genius, and technique elevates ours and allows us—just for that time—to become something greater than the sum of all our parts and more intrinsically human or equine and beautiful.
For more information about Ethel, please visit ethelcentral.org.
For more information about Bettina Drummond, please visit bettinadrummond.com.
For more information about Allison Kavey, please visit rivendelldressage.com.